ONU : des objectifs sans faim
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La 62ème session annuelle des Nations Unies qui s'ouvrira le 24 septembre à New York sera consacrée aux changements climatiques. Mais de nombreux militants dénoncent l’incurie des Etats à vaincre la faim dans le monde.
«C’est la première fois que je viens aux Etats-Unis. Je ne peux que me sentir révoltée par l’indifférence dont font preuve les pays face à ce qui est un fléau si grave dans mon pays.» Malvika Subba est une ancienne reine de beauté népalaise devenue célèbre dans son pays d’origine pour son engagement pour la lutte contre la pauvreté. Elle est ainsi à la tête de la campagne ‘HungerFree’ [Un monde sans faim], lancée en juillet dernier dans plus de 30 pays pour faire reconnaître le droit à l’alimentation comme un droit fondamental.
Une semaine avant l’ouverture de la session annuelle de travail des Nations unies qui devrait être consacrée aux changements climatiques, Malvika est venue participer à la série de manifestations organisées par des ONG et activistes devant le siège de l'institution sur la Première Avenue. Motif de la colère des manifestants : la question de la faim ne figure même pas au menu des discussions.
Objectif lune
Il est loin l’an 2000 où les Etats membres décidaient en grande pompe de faire de la lutte contre la pauvreté la priorité numéro 1 de leur action, définissant une série d'objectifs visant à réduire la pauvreté de moitié dans le monde d’ici 2015. L’opération était alors baptisée ‘objectifs du millénaire’.
7 ans plus tard, loin des grands discours, les chiffres eux sont assez pessimistes. Alors que l’un des principaux objectif visait à réduire de moitié les personnes en état de malnutrition, le dernier rapport de l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) annonce que le nombre de personnes souffrant de la faim, non seulement ne s’est pas réduit, mais a progressé, passant de 800 millions en 2000 à 854 millions aujourd’hui.
Au sein des Nations Unies, personne ne cherche à contester l’échec patent du dispositif mis en place pour répondre à la faim dans le monde. Mais un monde sans faim, Malvika y croit-elle vraiment ? « Lorsque la police américaine m’a demandé ce que je venais faire à New York lors du contrôle des passeports, j’ai expliqué que je venais participer à une campagne internationale contre la faim. C’est alors qu’il m’a ri au nez…. ‘Mais cela ce n’est pas possible, cela n’arrivera jamais m’a-t-il dit ! ‘».
L'exemple brésilien
Malvika se montre pourtant convaincue. « Bien sûr, je ne suis pas naïve, » explique t-elle, « mais les rapports de la FAO et de nombreuses agences de développement montrent qu’il y a assez de nourriture et ressources naturelles pour nourrir toute la planète. Les obstacles à la lutte contre la faim sont davantage politiques », souligne t-elle encore. « L’absence d’accès aux terres pour les femmes dans beaucoup de pays d’Afrique ou d’Asie par exemple ».
Le son de de cloche est le même chez les manifestants venus d’Afrique. « Au Sénégal, les femmes participent à plus de la moitié de la production agricole mais seules 1 à 2% ont accès a la terre et aux moyens de production » explique Ibrahima Niasse, représentant des producteurs d’arachide au Sénégal.
Pour beaucoup, la note d’espoir pourrait se trouver du côté du Brésil. Aux yeux de Marcelo, jeune activiste brésilien, « la mise en place du programme ‘Faim zéro’ par le président Lula à la suite d’une mobilisation sans précédent de la société civile a permis de commencer a réduire significativement la malnutrition dans le pays.»
Du côté des hauts fonctionnaires, évidemment on soutient la cause des manifestants. Mais discrètement. « Ce que vous faites est vraiment tres important,» a déclaré un diplomate cubain. « Continuez à maintenir vos revendications, cela nous aide à faire pression de l’intérieur.»
Photos homepage/ in-text: (Charles Eckert/ ActionAid)