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N.R.M : le rock mode biélorusse

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Culture

Art is politics. Premier volet de notre série de portraits d’artistes qui tentent de résister au ‘Tchernoby culturel’ dans une Biélorussie asphyxiée par le président Aleksander Loukachenko.

(Photo : Jef Bonifacino)

Liavon Volsky : le hard rock au coeur

Sorte de 'Noir Désir' biélorusse, inspiré de modèles tels que Jimmy Hendrix, Nirvana ou The Doors, le groupe de hard rock biélorusse N.R.M [alias République Indépendante du Rêve] sort son premier album en 1994, pile au moment de l’arrivée au pouvoir du président Alexandre Loukachenko. Autant dire que les deux vont mèner leurs carrières respectives en parallèle. Et l’un va alimenter la veine contestataire de l’autre.

Marqués par les bardes dissidents de la génération précédente comme Vladimir Visotski, N.R.M fait preuve d’un goût assez prononcé pour le hard et autres variantes dures du rock, rappelant évidemment les premiers pas du rock russe pendant la Perestroïka. En 10 ans, sept albums sont enregistrés, suscitant l'enthousiasme de la jeunesse locale. Cette influence est aujourd'hui affaiblie du fait des interdictions de jouer de plus en plus fréquentes dont est victime le groupe.

Malgré sa notoriété, N.R.M répète toujours dans la même vieille cave d’un vieux HLM. Liavon Volsky, guitariste et compositeur du groupe, fils d’Arthur Volsky, très connu poète biélorusse et figure de l’opposition, en est le leader, la voix. Face à l’expérience de son père, Liavon est très tôt sensibilisé aux problèmes d’oppression politique. Tous les textes, les idées et la teneur de l’engagement du groupe viennent de lui.

Malgré les obstacles, Liavon parvient à jouer. C’est même l’un des seuls artistes indépendants qui arrive à vivre de son travail, bien qu’il soit depuis 2004 inscrit sur une liste noire des artistes interdits. «Les concerts sont interdits deux fois sur trois », raconte t-il. « Il y a encore trois ou quatre ans, on les supprimait pour d’obscures raisons techniques ; aujourd’hui un simple coup de fil d’un officiel aux organisateurs ou aux propriétaires des scènes, avec quelques menaces de fermetures ou autres intimidations suffit pour annuler les concerts le jour même».

En 1996 ainsi qu’en 2006, Volsky faisait parti des signatures officielles pour soutenir l’élection du leader politique du parti de l’opposition. Durant la dernière campagne il a été le fer de lance de l’opposition artistique biélorusse, soutien public du candidat Milinkevitch.

L'origine de la chronique 'Regards sur Minsk'

Depuis 12 ans, le président Aleksander Loukachenko préside aux destinées de la Biélorussie, ce petit Etat aux confins de l’Europe, engoncé entre l’Ukraine et la Pologne et accolé à la Russie. Entre autoritarisme démagogue et violations répétées des droits de l'Homme, il a réussi à maintenir en vie ce que les diplomates n’hésitent plus à qualifier de ‘dernière dictature d'Europe’.

Alors que le niveau de la création est en chute libre et que certains comparent la situation du monde artistique et culturel local à un ‘Tchernobyl bis’, les tentatives de résistance s’organise.

Photographe free lance de 29 ans, Jef Bonifacino est parti à la rencontre de ces artistes de l’ombre, chanteur de rock, romancier ou violoncelliste et leur a tiré le portrait.

« J’ai voulu réunir et leur laisser à chacun la parole dans cette exposition, tenter à mon échelle de leur offrir un espace d’expression. Ce sont autant de témoignages d’artistes et de journalistes qui continuent d’œuvrer passionnément, malgré les pressions, menaces et autres interdictions de la part de leur gouvernement. »

P.A