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L'OPEP du gaz sonne l'alarme pour l'UE

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Politique

Face au projet de cartel gazier entre Algérie, Russie et Iran, le Président de la Commission, José Manuel Barroso, plaide pour une stratégie européenne commune en matière d’énergie.

Le Qatar et la Russie sont deux des plus grandes nations productrices de pétrole du monde. 26% des importations d’or noir de l’UE proviennent d’ailleurs de la Russie. Une raison pour laquelle Jonathan Stern, expert auprès de l’Institut des Etudes en énergie de l’Université d’Oxford, considère qu’il est temps que l’Europe définisse une stratégie pour faire face à leurs exigences.

Selon lui, le projet de cartel gazier entre l’Algérie, l’Iran et la Russie, qui vise une alliance gazière sur le modèle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), n’est « pas viable», compte tenu des différences fondamentales qui régissent la production, la distribution et le marketing gaziers [comparativement à leurs équivalents pétroliers].

Pour Vladimir Poutine « cet OPEP du gaz est une idée intéressante, nous allons y réfléchir ». L’idée est en effet suffisamment juteuse pour susciter la convoitise du géant énergétique russe.

Le Forum des pays exportateur de gaz (FPEG), qui doit rassembler différents pays producteurs de gaz désireux de mettre un terme à la compétitition entre grands acteurs du secteur, se réunira en mars prochain au Quatar. Selon Stern, « la composition de l’organisation est instable et son avenir incertain. Les rencontres sont rares, le FPEG ne dispose d’aucun site internet et ne publie aucun document officiel sur son activité ».

Une fragilité structurelle qui semble plutôt favoriser aux anbitions européennes.

La Russie mise à l’écart

Pour le moment, l’essentiel des importations européennes de gaz provient de Russie, de Norvège ou d’Algérie par pipelines. Il en arrive également du Qatar et du Nigeria par méthanier.

A l’heure actuelle, la nature et la structure du marché gazier mondial ne permet pas à un cartel gazier de décider de manière arbitraire des prix et des volumes, comme le fait notamment l’OPEP pour les cours du pétrole. « Les coûts sont plus élevés et le mode d’acheminement du gaz sont moins souples que pour le pétrole ou le charbon », dit Stern.

Quoiqu’il en soit, adhérer à une organisation de type OPEP revient à perdre une partie de son pouvoir de décision. Et pour l’instant, la Russie s’y refuse.

Selon Stern, « Moscou n’a jamais cherché à intégrer ce type d’organisation et n’a d’ailleurs jamais été invitée à le faire, en dépit de sa place dans le marché pétrolier mondial ». Pour le gaz, comme pour le pétrole, Poutine rechigne à renoncer à toute souveraineté commerciale.

Des stratégies à ne plus savoir qu’en faire

La Biélorussie et l’Ukraine sont actuellement en pourparlers avec la compagnie ‘Gazprom’ à propos des tarifs de gaz. Stern juge « très peu probable » la perspective d’une nouvelle interruption des approvisionnements européens. Une telle menace ne pourrait se concrétiser que « si ces pays refusaient à la Russie de payer son gaz au prix du marché et rompaient leur contrat ».

Et le danger semble d’autant plus réduit que ‘Gazprom’ a fait construire des pipelines à destination directe de l’Europe de l’Ouest et du Sud, qui lui permettent de contourner l’Ukraine et la Biélorussie

En outre, les acheteurs allemands, français et autrichiens ont récemment réitéré leurs accords d’approvisionnement avec ‘Gazprom-Russie’ en signant des contrats sur 15 à 25 ans. Stern souligne « l’importance des clauses de calculs des prix » qui inscrivent significativement dans le temps une part importante de l’approvisionnement européen en gaz. Engagements purement juridiques, ces contrats sont soumis à l’arbitrage international, et qui prévoient des dédommagements en cas de non respect des termes fixés.

Stern en conclut que l’Europe doit mettre en place une stratégie énergétique, même s’il est « incertain » que les Vingt Sept parviennent à se mettre d’accord dans un avenir proche.

Indépendamment de la mise en place d’un cartel des pays exportateurs de gaz, la question qui se pose est de savoir comment l’Europe peut réagir face à sa dépendance croissante en approvisionnements en gaz, vis-à-vis de la Russie et des autres pays exportateurs.

Chiffres alarmants pour l’UE

D’après Eurostat, l’Union européenne importe actuellement 40 % de sa consommation en gaz, laquelle s’élèvera à 70 % à l’horizon 2030. Certains pays comme la Grèce, la Finlande, la Bulgarie et la Lituanie importent, quant à eux, plus de 95 % de leur consommation de Russie.

Pour l’instant, la Russie représente 32 % de ces importations. 80% des exportations russes transitent par le réseaux de pipelines ukrainiens, le reste rejoint l’Allemagne en passant par la Biélorussie et la Pologne. Le reste des importations européennes proviennent de Norvège, de l’Algérie, du Nigéria et du Qatar.

Certains Etats membres importent peu ou pas de gaz de Russie : la Belgique, le Luxembourg, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, la Suède et le Royaume Uni. Le Danemark se suffit à lui-même. La Norvège et la Hollande sont elles exportatrices de gaz.

Translated from 'Gas-Opec': alarm bells for Europe