Le conservatisme reprend la main ?
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laetitia christopheL'Eglise ne cesse de faire entendre sa voix, contre l'avortement, la procréation assistée ou le mariage homosexuel. Et les partis conservateurs du sud de l'Europe écoutent.
Depuis plusieurs années on associe aux pays du bassin méditerranéen, plus particulièrement à l’Italie, l’Espagne et le Portugal, certaines valeurs traditionnelles. Issues d’un héritage religieux, ces principes conservateurs ont fini par déterminer la place des femmes. D’autres pays comme l’Irlande et la Pologne portent également le poids de cette influence alors que, dans le subconscient collectif de l’Europe méridionnale, les pays scandinaves sont perçus comme l'« Eldorado » du libéralisme et de l’égalité sociale. Un idéal auquel nous devrions tous aspirer bien qu’il semble hors de portée. Si les sociétés du sud ont considérablement évolué lors de ces vingt dernières années, des polémiques persistent sans résolution apparente. Panorama des querelles dont nous avons été témoins ces derniers mois.
Reproduction assistée, avortement et famille
Le Portugal et l’Espagne ont en commun une loi quasi-similaire sur l’avortement. En Espagne, le débat semble actuellement toucher à sa fin et n’intéresser quasiment plus personne, alors que la question continue d’embarasser le gouvernement de Lisbonne, tel un boomerang empoisonné susceptible de déclencher la plus grande des polémiques.
En 2006, le nouveau gouvernement socialiste portugais recourrera au référendum afin de décider si oui ou non l’interruption de grossesse est acceptable. Si les catholiques et les politiciens de la droite traditionnelle le permettent, les avortements clandestins dans des conditions insalubres, les bateaux hollandais pro-avortement menacés d’expulsion des eaux territoriales par l’armée ou les milliers de portugaises traversant la frontière pour avorter feront bientôt partie de l’Histoire. Les discussions devraient être enflammées même s’il est probable que le « no » triomphe, appuyé aussi bien par l’Eglise que par les conservateurs.
Un autre scénario symptomatique de cette « alliance sacrée » fut le combat main dans la main des partis de droite et de l’Eglise contre la proposition de loi sur le mariage homosexuel à Madrid, finalement adopté en juin 2004. Encore une fois l’Eglise, aux côtés du « Parti Populaire » et de l’autoproclamé « Forum Espagnol de la Famille », parvint à mobiliser une dizaine de milliers de personnes contre son adoption, avec la bénédiction même du Pape Benoit XVI. Ne manquait plus au tableau que le nouveau chef de file de l'Eglise catholiques qualifiant l’Espagne de royaume de Satan sur terre après l’ouverture des discussions parlementaires sur la réforme.
Par ailleurs, les hauts dignitaires ecclésiastiques ont apporté un soutien fervent aux partis conservateurs sur les sujets comme la recherche sur les cellules souches ou la reproduction assistée. Inutile de rappeler les résultats du dernier référendum italien sur la loi de procréation assistée au cours duquel le Vatican appela à l’abstention, une abstention qui finit par invalider le scrutin.
Rien ne change ?
Assurément. Certains pays européens ont du mal à réaliser ce que leurs voisins ont entrepris il y a de nombreuses années. Mais les choses bougent car l’immobilisme ne peut durer éternellement. Il est probable que d'ici un an, le Portugal parvienne à oublier « sa grande polémique » et que dans quelques temps, le pays ne se souvienne même plus des passions qu’elle avait alors déchaînées. Quant à l’Espagne, après huit ans de conservateurs au pouvoir, elle semble aujourd’hui vivre un âge d’or du libéralisme social. L’Italie, pays autrefois très en avance sur ces thèmes paraît plongée en pleine léthargie, trop grande proximité du Vatican et présence de Berlusconi obligent. Quoiqu’il en soit, des temps meilleurs viendront.
Translated from ¿El conservadurismo recupera posiciones?