Jérôme Kerviel, l’homme le plus pauvre d’Europe
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Mardi 05 octobre, dans la salle des criées du Palais de justice de Paris, l’ex-trader de la Société Générale Jérôme Kerviel écoute muet la sentence des juges français prononcée contre lui : 5 ans de prison dont 3 ans ferme, 4.9 milliards d’euros de dommages et intérêts à la victime : la banque. Soudain, un vieil homme se lève et crie au scandale.
Depuis, ce cri est repris comme un écho sur Internet.
« "Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir" : La moralité de La Fontaine démontre encore toute sa modernité, sa triste actualité », regrette l’auteur du blog SauvezKerviel. Selon lui, la justice française absous la Société Générale dans ce jugement « abasourdissant », comme on a reproché à l’Etat américain d’avoir sauvé ses banques frauduleuses de la faillite en 2008. Alors Jérôme Kerviel, condamné pour « abus de confiance », « faux et usage de faux » et « introduction frauduleuse de données dans un système informatique », est-il le bouc-émissaire d’une banque cynique qui veut cacher ses « vrais » pertes entraînées par la crise ?
Mais d’autres questions se posent : l’ex-trader va-t-il vraiment rembourser 4.9 milliards d’euros, soit 170.000 ans selon son salaire actuel ? La Société Générale va-t-elle renoncer à exiger cette somme faramineuse à la brebis galeuse ? Si non, ses enfants seront-ils à leur tour les esclaves de la banque pendant des générations ?
Reste une autre question. Depuis 2008, les groupes de soutien sur Facebook se multiplient pour sauver le « James Bond de la SocGen » : « Pour que chaque français fasse 75 euros de don à Kerviel », « Donnons tous 1€ à la SoGé pour sauver Jérôme Kerviel » ou encore une « Opération "Pièces Jaunes" pour Jérôme Kerviel ». Les internautes vont-ils sauver le trader le plus culotté et le plus endetté de l’histoire ou la solidarité s’arrêtera-t-elle quand chacun devra composer son numéro de carte bancaire…de la Société Générale ?!
Les cousins européens de Jérôme Kerviel :
- Italie :
Pour avoir fait couler le groupe agroalimentaire Parmalat en 2003, Calisto Tanzi doit payer des dommages et intérêts de 105 millions d'euros et passer 10 ans en prison. L'ex-patron et fondateur du groupe avait entrainé la perte de 14 milliards d'euros.
- Grande Bretagne :
Le trader britannique Nick Leeson, pour avoir fait couler la Barings en 1995, avait dû payer des dommages et intérêts de 827 millions de pounds (quatre fois moins que Jérôme Kerviel) et passer 5 ans en prison.
Pourtant, pour le quotidien britannique The Telegraph, le seul homme qui méritait une peine de prison est Geir Haarde, l'ex Premier ministre islandais, qui a réussi par sa mauvaise gestion à couler un pays florissant.
Photo : ©h.koppdelaney/Flickr