« Attention, voilà les Espagnols ! » : panique avant Noël
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Elsa BracadabraVotre petit dernier reste planté devant son assiette des heures durant ? Impossible de le faire aller au lit avant minuit sans éviter LA scène ? Il est juste tuant, ce petit. Vous disposez d’un arsenal de six langues pour lui mettre un peu la pression : à quel saint se vouer pour lui faire entendre raison ? Dans les contrées au parler néerlandais, les Espagnols seraient vos principaux alliés.
Drame de décembre à cafebabel.com. En ce matin-là du cinquième jour, alors même que les bambins néerlandais et belges attendent l'arrivée de Sinterklaas - le Père Noël qui, soit dit en passant, arrive tout droit d'Espagne - et pile au moment où je m'apprêtais à lire l'analyse de la réélection triomphale de Merkel à la tête de son parti, j’encaisse un choc : « Pour la Tour de Babel de la semaine, c’est toi qui t’y colles. »
La malchance, la chancelière et les festivités néerlandaises ont donc cogité dans cette petite tête-là qui est la mienne. Ça a abouti à une expression que j’ai dû lire quelque part : « Attention, voilà les Espagnols ! ». J’ignore encore le pourquoi de cette association d’idées. J’imagine que l’avertissement - aussi autoritaire que Merkel – est entré en collusion avec les Pays-Bas et leur tradition originaire du sud.
Bien qu’il semble déjà décalé, l’avertissement en question s’utilisait sur les enfants néerlandais et belges, pour les amener à bien se tenir. Cela, ou la formule bien plus pompeuse « Attention, voilà le Duc d’Albe ! », de toute évidence une référence à l’ancienne domination espagnole sur la région. Alors que pour les hispanophones l’expression se traduit simplement par « Attention, voilà le Coco (ou Cuco) », les francophones, eux, préfèrent menacer de l’arrivée du croquemitaine. Personnage à ne pas confondre avec le Père Fouettard qui, à l’instar du Zwarte Piet (Pierre le Noir) néerlandais, fait son apparition à Noël, pour fesser les petits rebelles.
Quant à ceux qui parlent italien, soit ils se fendent d’un « L'Uomo Nero sta venendo ! » ou bien ils invoquent le très onomatopéique BaBau, qui a aussi donné son nom au Boogie Oogie dans L'Étrange Noël de monsieur Jack (Tim Burton, 1994). La mythologie slave, quant à elle, représente cet être sous une forme féminine. Concrètement, en Polonais, elle est connue sous le nom de Baba Jaga. Si la menace d’un enlèvement, suivi d’une dévoration présumée, n’est pas assez effrayante pour les plus jeunes de la maison, sachez qu’elle habite une cabane à pilotis en pattes de poule (ornithophobes, tenez-vous bien!).
Incidemment, le blockbuster de ces fêtes de Noël me pousse à défaire Merkel de son qualificatif d’autoritaire. Il n’y avait que les germanophones à pouvoir transformer le très craint Butzemann – Bogeyman en anglais, en ceci :
Photos : Une (cc) Anant N S/Flickr; Texte (cc) Wikisource. Vidéo: elasterock/YouTube.
Translated from “¡Que vienen los españoles!”: miedo antes de Navidad