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The Strumbellas : « Le public italien est l'un des premiers à nous avoir connu »

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Après avoir atteint une renommée internationale avec le tube Spirits , le groupe canadien, The Strumbellas, est retourné à Rome, au Monk Club, pour présenter Rattlesnake, son nouvel album. David Ritter (clavier et chœurs) et Isabel Ritchie (violon et chœurs) évoquent l'évolution du groupe, du temps du bluegrass joué dans les fêtes de campagne au succès planétaire et ses concerts bondés, mais aussi de l'Italie à Toronto.

Pour commencer, parlez-nous un peu de Toronto.

David (Dave) : Toronto est la ville la plus peuplée du Canada, d'une taille à peu près semblable à celle de Chicago. C'est un lieu vibrant et intéressant. Ce qui est génial quand tu vis à Toronto, c'est que tu as la sensation, depuis quelques années, d'être au bon endroit au bon moment. Dans d'autres villes, comme New York ou Los Angeles par exemple, tu as parfois l'impression d'être passé à côté de leur âge d'or.

Qu'est-ce qui explique toute cette effervescence ?

Isabel (Izzie) : Il y a une explosion d'art et de culture : de nouveaux restaurants, le développement de la cuisine locale, l'influence des communautés étrangères. La scène musicale est passionnante aussi. C'est le refuge de plein de genres différents : de la country alternative à la musique pop, en passant par le hip-hop (voir Drake et The Weeknd).

Saviez-vous que Toronto abritait la quatrième communauté italienne à l'étranger, derrière São Paulo (Brésil), Buenos Aires (Argentine) et New York (États-Unis) ?

Dave : Eh bien, ça se voit. Il y a un tas de quartiers qui pourraient s'appeler « Little Italy ». Aussi bien dans le centre historique qu'à l'ouest de la ville. Quand j'étais étudiant, je suis allé écouter Umberto Eco qui était venu à Toronto, dans le cadre d'un événement organisé par les institutions et les associations d'origine italienne. La communauté du Bel paese est vraiment l'une des plus actives et visibles.

D'un point de vue musical également ? Existe-t-il une sorte d'influence ?

Dave : De ce point de vue, je ne crois pas. Je connais des artistes d'origine italienne, mais ils chantent tous en anglais.

L'Italie c'est aussi le pays d'origine des violons, il suffit de penser au Stradivarius. As-tu des liens avec la botte, Izzie ?

Izzie : Pas personnellement. En ce qui concerne le violon, j'ai commencé quand j'étais petite avec la musique classique. Puis, quand j'ai déménagé à Toronto, j'en ai eu un peu marre et j'ai cherché à faire partie d'un groupe.

Y a-t-il une grande différence entre le public italien et, plus généralement, européen et le public canadien ou américain ?

Dave : Le public italien est l'un des premiers à nous avoir connu, grâce à la diffusion de Spirits à la radio. À l'époque, notre groupe avait déjà dix ans d'existence. Je dois dire qu'ici en Italie les gens sont très attentifs aux concerts.

Et donc vous interagissez différemment avec le public européen ?

Izzie : En Europe le public est très respectueux. Après les concerts, les gens veulent parler avec les musiciens et tout le monde est extrêmement gentil. C'est rare qu'un concert parte en live. Aux États-Unis et au Canada, en revanche, c'est un peu plus le « bordel ». On sent vraiment une différence.

Quel pays d'Europe avez-vous particulièrement apprécié ?

Dave : On a passé beaucoup de temps en Allemagne. Le public allemand est si silencieux qu'au début on pensait qu'ils n'aimaient pas notre musique (rires). À la fin de chaque chanson, il y avait cette pause de quelques secondes avant les applaudissements. On a mis un peu de temps avant de comprendre la philosophie du lieu.

Venons-en à votre musique. Seriez-vous d'accord pour dire que vos premiers albums (My father and the hunter, We still move on dance floors) sont plus instrumentaux que les deux derniers (Hope, Rattlesnake) ?

Izzie : Le style a changé, c'est sûr. Pour ce qui est des deux premiers albums, on était littéralement six personnes à jouer dans une pièce. C'est aussi pour ça qu'ils ont un son plus dur et plus cru. Fondamentalement ces albums sont nés dans les conditions du live. Alors que le dernier album nous a donné la possibilité d'ajouter plein de nouveaux instruments à notre répertoire.

Mais dans les premiers albums, ton instrument, le violon, se démarque plus, non ?

Izzie : Disons qu'il se distingue différemment, il y a plus de solos. Mais dans Rattlesnake il y a plus de cordes, comme le violoncelle, qui ont un retentissement presque orchestral.

Ce qui reste constant, en revanche, au fil de tous vos albums, c'est la présence des chœurs. C'est vraiment important pour vous de chanter ensemble ?

Izzie : C'est fondamental. Parfois, on est en studio et on se dit : "tiens, on devrait mettre plus de chœurs", et on finit par avoir une dizaine de voix différentes qui interprètent la même phrase !

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Vous deux et Simon (Simon Ward, chanteur et leader du groupe) êtes les trois premiers membres des Strumbellas. Cela se reflète-t-il également dans votre manière de composer les chansons ?

Dave : Je crois qu'on est assez à l'écoute les uns des autres. Autant que peuvent l'être six personnes qui doivent prendre une décision. Pour ce qui est de la naissance du groupe, par contre, l'histoire est la suivante: Simon a mis une annonce sur Craiglist et moi j'ai été le premier à me présenter. J'ai envoyé un e-mail hyper long avec toutes mes influences musicales et les premiers groupes avec lesquels j'avais joué, avec des exemples, etc. Il a dû penser que j'étais égocentrique. Puis, quand je suis arrivé chez lui, il m'a demandé ce que je voulais jouer et j'ai commencé à attraper n'importe quel instrument à disposition. J'ai même chanté. Je crois que c'était insensé !

Izzi : Au final, pas tant que ça. Moi je me suis ajoutée au groupe, mais plein d'autres gens aussi. Je crois qu'à un certain moment on devait être dix ou quelque chose comme ça. À la base c'était une sorte de collectif : pas de batteur, juste du bluegrass, on jouait lors de fêtes à la campagne, etc. Mais après, la structure actuelle du groupe s'est rapidement définie.

Qu'est-ce qui a changé dans votre manière de composer?

Dave : Le premier album est né dans les conditions du live. Chaque musicien était attentif aux interprétations des autres musiciens. Aujourd'hui on va en studio avec beaucoup moins d'idées préconçues. Et on ne joue jamais un morceau avant de l'avoir enregistré en studio.

Quel rôle joue Simon dans les Strumbellas ?

Dave : Simon est le charbon ardent du feu The Strumbellas. Les chansons sortent presque toutes de sa tête. C'est lui qui crée les textes et les mélodies fondamentales. Puis on intervient à notre tour. Pour qu'il y ait un feu, il faut une étincelle.

Donc les textes sont de Simon, un point c'est tout, ou vous participez vous aussi à leur écriture ?

Dave : Disons que je suis celui qui intervient le plus. En partie parce que ma mère enseigne l'anglais. Donc parfois ça m'arrive de corriger sa grammaire. D'habitude, dans ces cas-là, Simon rétorque que c'est de l'art !

Dave, en parlant du rapport entre Simon et toi, quand vous chantez ou jouez en duo il se passe quelque chose d'incroyable. Vous n'avez jamais pensé à suivre cette voie ?

Dave : Non, on n'a jamais pensé à un projet parallèle. Peut-être parce qu'en plus des Strumbellas, on doit s'occuper des enfants à la maison. Et en ce moment c'est le maximum qu'on puisse gérer. Mais oui, ce serait cool.

Selon moi, un des plus beaux morceaux du nouvel album est Running Scared. On y retrouve les Strumbellas d'hier et d'aujourd'hui. Comment est-il né ?

Dave : C'est sûrement un des morceaux qui a le moins d'influences extérieures. Running Scared est directement sorti de la tête de Simon. Les sonorités sont différentes de celles des autres groupes. On s'est beaucoup amusés à travailler ce morceau. On s'est dit : "celui-là on le fait sans penser à quoi que ce soit, zéro pression, etc." Le seul objectif c'était de s'amuser. C'est une chanson spéciale, faite pour nous.

Continuons à parler d'évolutions : vos pochettes aussi ont changé et le titre des albums qui était composé de phrases entières se résume désormais à un seul mot. C'est une simple question de marketing ?

Izzie : Disons que le changement est né quelque part d'une autocritique. Les noms des albums précédents étaient vraiment trop longs (My father and the hunter, We still move on dance floors).

Dave : Et puis, d'un point de vue graphique, on a fait appel au même artiste pour les trois premiers albums. Alors que la pochette de Rattlesnake a été réalisée par le tatoueur de Simon.

Qu'est-ce qui se cache derrière les titres de vos deux premiers albums, My father and the hunter, We still move on dance floors ?

Dave : My father and the hunter c'est une idée de Simon - à croire que son cerveau envoie sans arrêt des signaux. Le titre fait référence à son père, en photo sur la pochette. Bizarrement, personne ne nous a jamais rien demandé à ce sujet. Et en ce qui concerne We still move on dance floors, c'est une citation d'un morceau qui a été retiré de l'album. Une chanson que personnellement j'aime beaucoup. J'espère qu'un jour elle sortira sous une forme ou une autre.

Izzie : Dans un second temps, je crois que les titres des albums reflètent des caractéristiques différentes de notre histoire. Le premier album parlait beaucoup de la mort et des sentiments négatifs. En revanche le titre du deuxième album évoque les situations chaotiques vécues pendant nos concerts. Des situations parfois cocasses. Ou peut-être que j'aime me les rappeler de cette façon.

Et à propos de spectacles d'autres artistes, y a-t-il quelqu'un avec qui vous rêvez encore de jouer?

Dave : Bruce Springsteen, sans hésitation.

Dans un post sur votre site web vous écrivez qu'avec Rattlesnake vous avez atteint vos limites. Serait-ce la fin de votre aventure?

Dave : On est en train de vivre pleinement notre moment Rattlesnake. On a la sensation d'avoir atteint le son « le plus pop-de méga concert » que six gars du Canada puissent obtenir. Mais qui sait, peut-être qu'il existe un niveau supérieur.

Izzie : C'est difficile à dire. Je crois que les Strumbellas pourraient suivre plein d'autres chemins. Seul l'avenir nous le dira.

J'ai du mal à vous croire. Savez-vous que « strumbelle » en [dialecte calabrais] signifie « histoires inventées » ?

Dave : Eh bien, ça me semble parfait. Maintenant qu'on le sait, quand on nous demandera d'où vient le nom du groupe, on pourra enfin se la raconter et dire: « eh bien, vous savez, il y a cette région italienne... la Calabre » (rires) !


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Translated from The Strumbellas, oltre Spirits e verso la Calabria