Pourquoi le salaire minimum nuit à l'économie
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Samantha Soreil|Opinion| Le point de vue d'un américain néo-libéral sur le salaire minimum : les lois sur le salaire minimum partent d'une bonne intention mais n'ont pas amélioré le niveau de vie des plus pauvres. Pire, cette manipulation de l'offre nous cache la réalité du marché. Les arguments en faveur du salaire minimum sont plus de l'ordre de l'émotionnel que du rationnel.
« Un article non identifié a été déposé dans le bac », me signale la caisse automatique. Une lumière clignote et le « bip » strident s'arrête quand je commence à suivre la procédure indiquée à l'écran. Je n'essaie pas de voler quoi que ce soit : c'est juste la machine qui refuse de coopérer. Ni les employés, ni les clients ne réagissent, ce qui me laisse penser que cela arrive souvent. Ce genre de machine est la conséquence directe des mauvaises politiques économiques : laissez-moi vous expliquer pourquoi.
Il est difficilement supportable de voir certaines personnes se démener et réussir tout juste à finir le mois. On pense à l'humain mais on ne raisonne pas en termes d'économie. C'est pour cela que certains réclament la hausse du salaire minimum. Sautant sur l'opportunité comme un requin flairant une goutte de sang, les politiciens réagissent promptement. Mais quand le populisme l'emporte sur la raison, ce sont justement ceux qui sont le plus en difficulté qui en pâtissent.
Les pauvres toujours perdants
À première vue, cela semble être une bonne idée. En augmentant le salaire minimum, les classes les plus défavorisées voient leur salaire augmenter du jour au lendemain. Les entreprises trop gourmandes sont contraintes de réduire leurs marges et tout va bien dans le meilleur des mondes. Malheureusement, ce n'est pas si simple, et suivre un tel raisonnement serait dangereux pour l'emploi. Un salaire est un prix : le salaire d'une personne est calculé en fonction de l'offre et de la demande et est lié à la productivité de cette personne.
En imposant un salaire minimum, le gouvernement exige un niveau minimum de productivité. Cela signifie que si vous ne pouvez pas effectuer une tâche qui dégage suffisamment de valeur pour qu'on soit prêt à vous payer 8€ de l'heure, il vaut mieux ne rien faire. Après tout, la seule raison qui pousse un patron à embaucher, c'est la volonté de gagner plus. Si l'employé coûte trop cher par rapport au travail accompli, l'employeur doit réagir.
L'employeur va répercuter la hausse des coûts sur le consommateur. Certaines entreprises dégagent peut-être des profits substantiels, mais les marges restent en moyenne assez faibles. Les entreprises n'ont aucun moyen d'absorber les coûts liés à une hausse du salaire minimum. Les hausses de prix qui en découleront pénaliseront les consommateurs. Encore une fois, ce sont les classes les plus défavorisées qui seront pénalisées.
Favoriser le travail au black
Ce n'est pas tout. En supprimant les premières marches de l'échelle sociale, ces malchanceux n'auront finalement jamais l'opportunité d'apprendre un métier. Même une victime du décrochage scolaire qui est payée trois fois rien pour faire votre plein ou nettoyer votre pare-brise acquiert de nombreuses compétences. Cette personne apprend à se lever tôt et à arriver à l'heure au travail. En étant toujours présente à la station, cet(te) employé(e) peut par exemple apprendre sur le tas et devenir mécanincien(ne). Ce n'est certainement pas une bonne chose que cette personne soit obligée de rester chez elle, et quel sera l'impact sur son estime personnelle ?
Les employeurs vont finir par chercher (et trouver) des moyens pour réduire le nombre de personnes qu'ils doivent embaucher. Des machines coûteuses, comme celle que j'utilisais au supermarché, deviennent pour eux un meilleur investissement. Même si les clients n'apprécient pas tellement, c'est toujours mieux qu'une hausse des prix. Moins de serveurs et de barmen signifie un temps d'attente plus long, mais comme nous votons avec nos portefeuilles et que l'on récompense ceux qui nous offrent le meilleur rapport qualité prix, les patrons comprennent qu'ils n'ont pas le choix et doivent fournir le même service avec moins de personnel. De nombreux employés de stations service, de grooms, portiers, employés de fast foods et, comme la machine en face de moi le prouve, de caissiers, ont perdu leur emploi à cause du salaire minimum.
Des emplois n'exigeant pas un taux minimum de productivité existent encore « au black », contraints à la clandestinité puisqu'ils sont maintenant illégaux. Comme toutes les mesures prises pour imposer un prix donné, le salaire minimum cause la pénurie et augmente le nombre d'emplois non déclarés. « Mais c'est injuste » pouvez-vous répliquer. Comment peut-on subvenir aux besoins de sa famille en étant rémunéré moins de 8€ de l'heure ? Comment peut-on payer son loyer ? On ne peut pas vivre dignement de cette façon. Ces difficultés sont bien réelles, mais augmenter le taux de chômage pour permettre à quelques uns de gagner quelques euros de plus ne va pas supprimer ces difficultés, cela va même faire empirer les choses. De plus, pourquoi supposer que chaque emploi doit faire vivre un foyer ? De nombreux jeunes n'ayant pas fini leurs études vivent toujours chez leurs parents et veulent simplement gagner un peu plus pour payer leurs sorties ou pour aider leur famille. Est-ce qu'on attend d'eux qu'ils fassent vivre toute la famille ? Est-ce que chaque employé a un loyer à payer ?
Une vidéo en faveur de l'augmentation du salaire minimum.
Les ateliers clandestins ne sont plus
En nous rappelant une époque plus difficile, les défenseurs du salaire minimum nous ressortent leurs vieilles anecdotes sur les mineurs de charbon, les dockers et les ateliers clandestins. Mais se faire exploiter de la sorte était encore la meilleure option pour ces travailleurs qui étaient souvent de pauvres exploitants agricoles arrivant tout juste à vivre de leurs récoltes. L'augmentation de la productivité et la finance de marché ont fait reculer la pauvreté et le salaire horaire augmentait régulièrement. Et les ateliers clandestins ont disparu bien avant l'instauration d'un salaire minimum. Quelle amélioration cette mesure a-t-elle donc apportée ? Les politiques peuvent se targuer d'avoir rendu l'exploitation des travailleurs illégale, ce qui gonfle leur cote de popularité mais n'aide pas l'évolution du modèle économique. C'est donc une impasse.
Enfin, et c'est peut-être le plus important, il faut considérer cette affaire au niveau des libertés individuelles. Pourquoi ne pourrait-on pas choisir soi-même si une offre d'emploi nous satisfait ? Au nom de quoi aurait-on le droit d'intervenir entre deux personnes qui souhaitent échanger librement du temps de travail contre de l'argent ? Méfiez-vous donc des militants bien intentionnés, des populistes et aussi des articles non identifiés dans le bac de votre caisse automatique.
Translated from Why the minimum wage hurts the economy