Manifestation pour la formation d'un gouvernement : "Nous ne sommes tout de même pas en guerre !"
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Par Eva Donelli et Maxence Peniguet Entre 35 000 (selon la police) et 45 000 (selon les manifestants) personnes ont défilé, dimanche 23 janvier, pour appeler à une sortie de crise de la Belgique. Si les organisateurs voulaient se limiter à faire pression sur la création d'un gouvernement fédéral, les manifestants, eux, ont envoyé un signe clair : le pays doit rester uni.
Dimanche 23 janvier à Bruxelles. A s'en tenir à la grisaille et à ce crachin de pluie, c'est un dimanche comme un autre. Pourtant, Bruxelles n'a jamais été autant pleine de couleurs. En effet, les rues étaient bondées de Belges, et de drapeaux tricolores. Car malgré le souhait des organisateurs de ne pas voir apparaitre de drapeaux à trois bandes noire, jaune, et rouge, les manifestants n'ont pas hésité à arborer fièrement les couleurs de la nation belge.
Parti peu après une heure de l'après midi de la gare du Nord, le cortège, composé de personnes âgées de 7 à 77 ans, dégageait une ambiance bonne enfant. Des étudiants, des travailleurs, des chômeurs, francophones et néerlandophones, battaient le pavé en criant des slogans tels que Nous voulons un gouvernement ou, plus politique en cette période, Belgique unie.
Courage Albert, merci Johan
Arrivé au niveau de la station de métro Art-Loi, un retraité raconte qu'il est venu parce qu'il y en a marre. Il faut montrer que nous sommes là et que nous voulons un gouvernement. Ils disent que nous ne sommes pas les seuls, qu'il y a eu l'Irak, mais nous ne sommes tout de même pas en guerre !. L'impression générale qui se dégage donc est la volonté des manifestants à vouloir voir un compromis se mettre en place entre les 7 partis politiques en discussion. Sur une pancarte, on pouvait lire, Courage Albert, merci Johan, pour encourager le Roi et le conciliateur du pays dans les négociations. En fin de route au parc du Cinquantenaire, les organisateurs ont délivré un discours en français, néerlandais et allemand. Et pour les Belges anglophones (il doit donc y en avoir), en anglais. Ils ont remercié la foule d'être venue si nombreuse, et espèrent que ce mouvement n'est que le commencement de...quelque chose. Parmi ceux qui quittent la manifestation, le contentement se ressent. On était venu pour soutenir le mouvement, et ça fait plaisir, nous sommes plus qu'attendus. Maintenant, c'est aux politiques de nous entendre déclame un jeune francophone de 28 ans. Michelle, elle, est plus nuancée : "Pour une ville d'un million d'habitants, même 50 000 personnes, c'est peu. Moi je suis là pour la Belgique unie, confédérée ou fédérée, peu importe, mais qu'on reste Belge. Il doit même y avoir de bons points dans le programme de la NVA.
Bagarre de sécession
Une petite dizaine d'indépendantistes flamands sont d'ailleurs venus se frotter aux poings de la Belgique qui se veut unie. En effet, avant d'arriver à hauteur de la Commission européenne, ils ont déployé des pancartes séparatistes et des manifestants se sont vites pris à leurs panneaux, et des coups ont été échangés. Cinq membres de ce groupe, le Taal Aktie Komitee, ont été interpellés par la police parce qu'ils auraient détruits des tracts pros-Belgique.
Pourtant, ces derniers auraient forcément pu s'entendre avec ce groupe de jeunes réclamant, en fin de journée, de la Jupiler moins chère. Parce que l'union fait la force.