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« L’UE est un nouvel espoir pour les Roms »

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Claire Vitorge

SociétéPolitique

Florin Cioaba s’est autoproclamé roi des tziganes roumains. Depuis la banlieue de Sibiu, il s'efforce de rassembler les Roms et de les représenter politiquement.

12 millions de Roms vivraient aujourd’hui en Europe. L’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie en janvier 2007 devrait leur donner plus de poids à Bruxelles. Tel est le voeu de Florin Cioaba, le roi des Roms

Florin Cioaba, comment êtes-vous devenu le roi des Roms?

La famille Cioaba est à la tête du peuple Rom depuis plusieurs générations. Dans les années 60, Ion Cioaba, mon père, a cherché à intégrer les Roms dans la société, à l’échelon national et international. Ce n’est qu’à la fin des années 90 que les Roms ont émis le souhait d’avoir une personne qui les réprésente et défende leurs droits : mon père qui était appelé le ‘Boulibacha’ [chef de clan en roumain], a alors été intronisé ‘roi’. A sa mort en 1997, j'ai hérité du titre de ‘roi international des Roms’.

Qu'est-ce que l'entrée de la Roumanie dans l'UE pourrait apporter à votre peuple?

Depuis 2000, l'Union a commencé à changer le destin des Roms vivant en Europe. Nous avons depuis 2004 le ‘Forum Européen des Roms et des gens du voyage’, sorte de mini parlement dont je fais partie en tant que vice-président de l'Union Rom. Pour moi, l'UE incarne une nouvelle voie et un nouvel espoir.

Sur quels sujets les Roms ont-ils besoin d'aide en priorité?

Si aucun Etat européen n'a de loi discriminatoire envers les Roms, le fait est que nous sommes discriminés, au quotidien et dans les politiques locales particulièrement. Le dernier rapport réalisé par l'UE démontre que la discrimination a tendance à s'accentuer. C'est ce qui me préoccupe le plus, c’est l'accès aux soins et le problème du logement des Roms. Sur ces sujets-là, il y a urgence.

Quelles sont vos revendications concrètes?

Chaque pays européen suit sa propre stratégie. En Roumanie, des mesures sont partiellement mises en pratique : dans certaines écoles primaires et dans l'une des universités de Bucarest, on enseigne le rumani. Très souvent, les programmes proposés par Bruxelles ne sont pas réalisés car la majorité de la population est contre.

La plupart des Roumains pensent que vos coutumes ne sont pas compatibles avec celles d'un pays moderne, membre de l'Union européenne. Comme celle qui autorise le mariage forcé des mineurs.

Nos traditions existent depuis des siècles et comparé à notre histoire, l'Union européenne est toute jeune! Aujourd’hui que nous sommes dans un nouveau siècle et depuis peu dans l'UE, il est clair que certaines choses doivent évoluer. Là-dessus je suis complètement d'accord. Mais ce changement ne doit pas être mené de force dans un cadre policier. A propos du mariage des mineurs, des campagnes de sensibilisation ont été lancées et beaucoup de Roms ont compris que ce n'est pas bien de marier les enfants trop jeunes.

Vous-même, vous avez dû répondre personnellement devant le Parlement européen pour avoir marié votre fille Ana Maria à 13 ans.

Mon cas est un peu plus délicat. La BBC a menti lorsqu'elle a rapporté que ma fille avait été forcée au mariage par des coups et des menaces. Et quand la baronne Emma Nicholson [eurodéputée et référente pour la Roumanie] a aidé ma fille, elle a bien fait. C'est son rôle. Néanmoins, lorsque je lui ai expliqué que chez nous les Roms, c'est une tradition séculaire que de marier nos filles à cet âge-là, elle a aussi compris mon point de vue. Ma fille a été séparée de son fiancé, et c'est lorsqu'elle a atteint l'âge légal de quinze ans, qu'ils se sont à nouveau mariés.

Comment comptez-vous vous y prendre pour rassembler les différents clans qui constituent votre peuple et concilier les intérêts divergents ?

C'est mon plus grand souci. Lorsque mon père a fondé l'Union Rom Internationale (URI), juste après la révolution roumaine de 1989, tout le monde participait à cette instance. Quelques mois plus tard, certains commençaient déjà à s'isoler dans d'autres partis ou associations et seize ans plus tard, il y a plus de 250 organisations Roms dans notre pays. Actuellement, je cherche à mettre en place une représentation unie des Roms. Mais je suis convaincu que cette structure n'a pas d'avenir au delà des prochaines élections!

En Roumanie, deux conceptions s'affrontent pour l'intégration des Roms. Les uns défendent un renforcement de cette minorité ethnique en lui permettant d'avoir ses propres écoles. Les autres souhaitent au contraire que les Roms soient traités exactement comme les Roumains. Quelle est votre position ?

En comparaison avec la situation antérieure, les Roms sont déjà bien intégrés dans la société roumaine. Nous avons des professeurs d'université, nos propres journaux et notre représentation au gouvernement. Les Roms n'ont pas besoin d'un fonds de soutien supplémentaire ou d'un hypothétique programme d'intégration. Ce dont nous avons besoin, ce sont des mesures pour la création d'emplois afin que les Roms puissent exercer leurs métiers traditionnels. Ainsi, les rétameurs devraient avoir la possibilité de développer leurs compétences pour faire partie des meilleurs artisans du cuivre au monde, comme les fondeurs d'argent et de cuivre. Je crois qu’il faut proposer aux gens une canne à pêche. Si tu donnes un poisson à quelqu'un, il va s'attendre à ce que tu lui en donnes un autre et un autre. Alors que si tu lui offres une canne à pêche, il ira pêcher lui-même.

Translated from „Die EU ist eine neue Hoffnung für die Roma“