L’Europe, toute une histoire
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Ne plus voir l’Europe par les institutions qui la régissent, mais plutôt la comprendre au travers des histoires individuelles des citoyens qui la composent, c’est le sujet du dernier livre de Philippe Perchoc, professeur à l’UCL. « Correspondances européennes » partage des histoires entendues dans neuf pays d’Europe que l’auteur a traversés. Il présentait son ouvrage ce jeudi 16 octobre à l'IHECS.
Lors de la conférence de présentation de son dernier livre, « Correspondances européennes », Philippe Perchoc était en phase avec le postulat de son livre : l’Europe se raconte principalement au travers d’histoires de citoyens européens. Pendant l’heure et demi de parole, les anecdotes et autres récits ont fusé, à propos du propre vécu de l’auteur, mais également de celui des personnes qu’il a rencontrées au cours de ses voyages.
L’auteur a évoqué le grand drame de l’Europe aujourd’hui : elle manque d’un récit mobilisateur de ce qu’elle peut faire pour nous. Dans les années 60, elle était un gage de paix. Dans les années 80, elle promettait la prospérité pour tous. Mais aujourd’hui, et principalement depuis la crise, qu’est ce que l’Europe peut apporter à ses citoyens ? Qu’est ce qui nous rattache à l’Europe ? Il n’y a plus de futur assuré, plus d’histoire collective à raconter.
Or, comme l’explique Philippe Perchoc, « pour vivre ensemble, les gens ont besoin de symboles collectifs ». Il prend pour exemple l’euro : ni les billets, ni les pièces, n’ont de symboles mobilisateurs. « Peut-être que sur ces pièces, on devrait avoir Mozart, Beethoven, des gens qui font partie du patrimoine culturel de tous les Européens ». A-t-on a oublié l’importance de la culture commune en Europe ? Il semblerait que le terme n’évoque aux citoyens que des institutions, des bâtiments et des fonctionnaires, mais en aucun cas une histoire collective commune, composée de millions d’histoires individuelles.
« Les cinéastes, les écrivains, sont les gens qui forgent les imaginaires collectifs »
Selon Philippe Perchoc, c’est moins des fonctionnaires que des conteurs modernes dont dépend une Europe unie. Les cinéastes et écrivains racontent les histoires qui manquent tant à l’Europe, et par rapport auxquelles les citoyens pourront se positionner. Des histoires individuelles qui permettent au lecteur de voir différentes facettes de l’Europe, et de créer, ensemble, le grand récit européen.
Toutes les histoires contées par Philippe Perchoc dans son livre sont autant de choses qui appellent à la réflexion. Une fois dans les médias, les récits sont aussi une manière de personnifier des réalités vécues par beaucoup de gens, de mettre un visage sur un problème dont on n’entend pas forcément parler, mais qui existe.
Philippe Perchoc prend l’exemple de Maurice, un jeune Allemand, mort de fatigue alors qu’il travaillait en période d’essai pour une entreprise qui lui avait promis un contrat. Cet homme, et la situation extrême dans laquelle il s’est retrouvé, est symptomatique d’une situation présente dans bon nombre de pays européens : les jeunes, aujourd’hui, ne trouvent pas leur place dans la société. Et pourtant, personne ne raconte leur histoire.
C’est cet esprit que veut respecter « Correspondances européennes » : raconter les grands thèmes européens par des histoires individuelles, plus concrètes, plus proches des citoyens.