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Le 14 Juillet, funérailles de la République

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Simon Loubris

Cette année, la fête nationale du 14 Juillet a pour les Français un sacré goût de camembert moisi. Pour la première fois, sur les rives de la Seine, la question est sur toutes les lèvres : qu’y-a- t-il à célébrer ?

Poursuivis par la « poisse »

Bien sûr, « l'important, c’est de participer ». Mais l’échec cuisant de la candidature de Paris à l’organisation des JO 2012 a laissé des traces, amenant le pourtant très policé Monde à parler de « poisse ». Car le fiasco olympique fait suite à la débâcle référendaire du 29 mai lorsque 55% des Français ont voté contre le projet de Constitution européenne. En filigrane de ce rejet, une méfiance vis-à-vis de l'élargissement de l’Union aux pays de l'Est, invasion fantasmée de « plombiers polonais » et plus généralement, un refus d’ouverture à un monde extérieur jugé hostile.

De Le Pen au voile islamique : le Triannum Horribilis

Cependant, le « déclin » de la République ne s’inscrit pas seulement dans l’actualité récente. La sentence s'impose lentement à un pays qui, en 2002, a vu arriver au deuxième tour de son élection présidentielle Jean-Marie Le Pen, leader de l'extrême droite ; en 2003, s’est opposé à l’intervention en Irak, n’en retirant qu’isolement et mortification diplomatique ; en 2004, a interdit le port du voile islamique dans ses écoles, point d’orgue d’un divorce consommé entre l’Etat et ses 5 millions d’habitants musulmans. Un pays qui, plus que d’autres, subit de plein fouet la crise inéluctable de l’Etat-Nation auquel il a donné naissance en 1789. Le 14 juillet est aujourd’hui célébré avec force parades militaires et feux d'artifice. Un Etat-Nation que la France pourrait dorénavant enterrer. Parce que la fête nationale, cette année, ressemble plutôt à des funérailles.

Ailleurs aussi

Mais ce 14 Juillet devrait être le jour de deuil de tous les Etats-Nations européens. Celui d’une Italie entrée officiellement en récession. D'une Allemagne qui frôle les 5 millions de chômeurs. D'une Grande-Bretagne frappée, comme l'Espagne, par des attentats perpétrés par des groupes qui se moquent des frontières. Et c’est bien là le cœur du problème. Les défis politiques actuels ont tous une dimension transnationale : de l'immigration au terrorisme, du chômage à la croissance. Il faut donc lutter de façon transnationale. Dans ce contexte, l'Union européenne peut et doit représenter un forum institutionnel mais aussi un mode de pensée. Pour trouver des solutions à la mesure des problèmes auxquels nous faisons face. Pourrions-nous déjouer plus d’attentats si nous disposions d’une « CIA européenne » ? Puisque les frontières sont désormais communes avec les accords de Schengen, pourquoi ne pas réfléchir à une politique d'immigration coordonnée ? Et comment combattre l'inflation, le chômage, la stagnation économique à un niveau national si la monnaie est unique ?

Toutes ces interrogations tendent vers une seule réponse : il faut dépasser le modèle national, symbolisé par l’épuisement de la France. Un modèle dont il vaut mieux hâter la fin si nous ne voulons pas nous résigner au déclin.

Adriano Farano

Rédacteur en chef du magazine européen café babel (www.cafebabel.com)

Translated from 14 luglio, Funerale della République