France-Italie : coups de tête, coups de foudre
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Sophie JanodLe match France-Italie de cet Euro 2008 est une nouvelle occasion pour les deux équipes de mettre à l'épreuve leur concurrence légendaire. Voici l'histoire de deux éternels rivaux, sous la plume de l'écrivain Alberto Toscano.
17 juin 2008 : la France et l'Italie s'affrontent sur la pelouse de l'Euro 2008 et jouent leur ticket pour les quart de finales. Un match décisif. Mais entre les deux équipes, aucun match ne se joue à la légère. L'histoire entre Italiens et Français, c'est de l'amour et de la haine accrochés aux crampons. Une longue, très longue histoire.
A la recherche du bidet introuvable
Il faut dire que les polémiques ancestrales entre les deux nations existent depuis des siècle, immobiles, inchangées. Exemple numéro un : la séculaire question du ‘bidé’. Toscano s'empresse de nous éclairer avec ce passage : « du français ‘bidet’ qui dérive à son tour de l'italien ‘bidetto’ -cheval de petite taille de race bretonne-. Utiliser un bidet s'apparenterait donc à monter à cheval. Mais à Paris, certaine traditions équestres sont peu appréciées ».
Il faut également compter avec les innombrables malentendus et autres jeux de mots. En Italie, par exemple, il existe un plat injustement considéré d'origine française : le ‘vitel tonné’, du veau coupé en tranches et servi avec de la mayonnaise au thon. Vaste imposture. Les touristes italiens qui auraient l’idée saugrenue d’en commander dans un restaurant sur les bords de Seine seraient confrontés à une bouteille d'eau sans le moindre goût de thon : une Vittel.
Une simple salade peut également être source de déception. « Avant de laver les feuilles, la famille traditionnelle française concocte la fameuse ‘vinaigrette’ -mélange d'huile, vinaigre, sel, poivre, jus de citron et moutarde- pour assaisonner la salade. En Italie, c'est exactement le contraire. Avant on met les feuilles de salades et ensuite, dans l'ordre : sel, vinaigre, huile ».
Des querelles de vieilles dames
Mais salade à part, il est fréquent que l’Hexagone batte la Botte dans de nombreux domaines. Le secret ? Avoir compris qu'au-delà du chauvinisme de base, il faut penser en termes européens pour préserver la légendaire grandeur national. Evidemment, les habitants de la Péninsule participent eux aussi à la construction communautaire. Avec des résultats moins brillants.
Ainsi, « quand ils se sentent mis de côté par les autres pays de l'UE, les Italiens s'énervent comme des enfants. La France ne consulte pas l'Italie ? Rome appelle aussitôt l'Allemagne. France et Allemagne passent un accord dans le dos de Rome ? Alors on prie l'Angleterre de se mettre au rapport ». De véritables querelles entre deux vieilles dames.
Mais si un jour les Martiens débarquaient sur la Terre, quel pays choisiraient-ils pour profiter de la vie terrestre ? « Assurément, la France ou l'Italie », répond Toscano. Et malgré leurs différences, les deux peuples s'adorent. « Alors marions-nous », propose l'auteur.
« Faisons de notre mariage le début d'une nouvelle Europe. Rien de bien compliqué. Nous pourrions être un couple ouvert, une sorte de ‘ménage à trois’ avec nos amis allemands ou à quatre avec nos amis espagnols. Nous parlerons de nos mères et de nos soeurs seulement pour en dire du bien, et les coups de tête seront réservés au ballon ». Pas à la poitrine. N'est-ce pas Zidane ?
Translated from Francia Italia: colpi di testa, colpi di fulmine