Bergen : le processus de Bologne au milieu du chemin
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Le Sommet de Bergen qui a lieu cette semaine abordera l’harmonisation des systèmes d’enseignement supérieur proposée par le Processus de Bologne. Retour sur les négociations en cours.
Le sommet de Bergen ouvrira un nouveau chapitre des négociations du processus d’uniformisation du système d’enseignement supérieur en Europe ces 19 et 20 mai. La ville norvégienne, dont le quartier de Bryggen est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, prépare depuis longtemps cette rencontre et voudrait lui insuffler la dimension sociale si chère aux pays scandinaves. Cela répondra peut-être à la principale revendication des étudiants et autres voix critiques qui reprochent au processus de Bologne de transformer l'enseignement en marchandise. La Ministre de l’Education norvégienne, Kristin Clemet, rappelle que l’éducation supérieure doit être considérée comme un bien public dont les citoyens sont responsables. Cela se traduit, dans la législation nationale, par la promotion de l’égalité d’accès aux études supérieures.
Trois points à l'ordre du jour
Le sommet de Bergen réunira 40 pays européens qui tenteront de faire progresser cette réforme de grande envergure. Trois points, définis comme prioritaires lors de la précédente réunion à Berlin, ont été préparés par les groupes de suivi du processus. Le premier concerne la qualité et implique donc une transparence quant à la répartition des responsabilités des institutions et des acteurs impliqués, ainsi que des systèmes d’évaluation interne et externe des programmes et des institutions plus clairs. La deuxième s’attache à uniformiser les diplômes délivrés dans les pays signataires en les rendant comparables et compatibles.
Le troisième point encourage les Etats participant au processus à signer la Convention de Reconnaissance de Lisbonne. Elaborée par le Conseil de l’Europe et l’UNESCO, cette convention vise la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur en Europe. De plus, à partir de cette année, tous les diplômés recevront le Supplément au diplôme (document qui harmonise les diplômes délivrés dans les différentes universités) automatiquement et gratuitement.
Une seule façon de créer un espace unique
Le Sommet de Bergen marque la mi-parcours du processus qui devrait aboutir en 2010. La Magna Charta Universitatum qui regroupe les principes fondamentaux de la réforme a été adoptée en 1988 lors de la cérémonie de célébration du 900ème anniversaire de l’Université de Bologne. Dix ans plus tard, la Déclaration de la Sorbonne était signée par les Ministres de l’enseignement supérieur français, italien, allemand et britannique. Les bases de l’opération d’harmonisation de l’enseignement supérieur étaient lancées.
La Déclaration de Bologne signée le 19 juin 1999 par 29 pays définit six objectifs : des diplômes lisibles et comparables, un système organisé essentiellement en deux cycles, des crédits, une mobilité accrue, une coopération qui assurerait la qualité de l’enseignement et une dimension européenne pour l’enseignement supérieur. En 2001, c’est à Prague que se réunissaient à nouveau trente-trois ministres de l’Education. Le communiqué de ce sommet ajoute trois buts au processus de Bologne : la formation continue, l’engagement des étudiants et la compétitivité du système éducatif européen par rapport aux autres parties du monde.
Le Sommet ministériel de Berlin en 2003 a proposé un objectif supplémentaire qui consistait en l’établissement du doctorat comme troisième cycle d’enseignement et la formation des jeunes chercheurs. Par ailleurs, le processus s’est élargi à quarante pays. Le Communiqué qui a fait suite à la réunion laisse la possibilité aux pays prenant part à la Convention Culturelle Européenne de participer à l’espace européen d’enseignement supérieur s’ils désirent adhérer aux objectifs de la Convention de Bologne et les mettre en place dans leurs systèmes nationaux.
Quoi de plus ?
Finalement Bologne ouvre la voix de l’harmonisation des systèmes d’enseignement supérieur européens. Personne ne pourra nier que la variété régnait dans ce domaine. Un système uniformisé permettrait la construction d’une Europe de la connaissance, la création d’une société de recherche et ouvrirait la porte de la mobilité aux étudiants désireux de passer un semestre dans une université étrangère. Le nouveau programme Erasmus mundus prévoit ce même genre de mobilité pour les masters et est considéré comme une initiative de grande envergure
Ce sont là toutes de bonnes idées mais reste à trouver des financements pour que ces réformes deviennent réalité. Evidemment, l’épineuse question des subsides noircit les illusions sur l’harmonisation comme solution absolue. Aujourd’hui, de nombreux étudiants des pays de l’Est ont l’opportunité de participer aux programmes d’échanges inter-universités mais n’en n’ont pas souvent les moyens. Il est vrai que, même si le nouveau système facilite ce genre de processus, il faudrait veiller à ce que l’enthousiasme ne fasse oublier les conséquences néfastes des réformes.