Arno Jullien : l'Europe part en live
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Europalive, c’est l’histoire spontanée d’un jeune vidéaste amateur, avide de découverte, qui a choisi de bourlinguer, caméra à l’épaule, dans 24 pays de l’UE pour donner à l’Europe un visage humain.
Sans soutien financier, Arno Jullien a filmé toute sorte de citoyens européens pendant deux mois, des sans-abris aux cadres, afin de s’imprégner de leurs perceptions, de leurs affections et de leurs grimaces.
cafebabel.com : Mis à part le fait d’assouvir tes envies de découverte, quel était le but premier du projet « Europalive » ?
« A l’heure actuelle, la génération de moins de 25 ans n’a pas vraiment d’opinion sur l’Europe. »
Arno Jullien : Le but était de découvrir ce qu’était un Européen. Membre de la génération Erasmus, j’avais envie de savoir, au-delà de l’actualité avec laquelle les principaux médias parlent de l’Europe, la manière dont existe l’Europe à 27. Je n'ai pas eu besoin de trop me pencher sur la question pour avoir le sentiment qu’il y avait un manque de communication flagrant. En organisant des questions sur le quotidien des citoyens européens, j’ai voulu mettre en évidence leurs points de vue, spécifiquement à travers leur culture et leur histoire. Et finalement je me suis rendu compte que l’on n’est pas si différents que ça.
cafebabel.com : A travers la série de questions dont beaucoup attestent d’une nette portée politique, le projet était-il engagé ?
Arno Jullien : Il est effectivement engagé. Néanmoins, j’ai essayé de voyager sans apriori. « Europalive » ne s’appuie sur aucune base scientifique, il a simplement pour objectif d’interpeller aussi bien les citoyens que les institutions. Pendant la préparation du projet, j’ai eu énormément de mal à trouver un contenu d’information adapté à une cible jeune. A l’heure actuelle, la génération de moins de 25 ans n’a pas vraiment d’opinion sur l’Europe. En vérité, j’ai l’impression qu’ils s’en foutent. C’est pourquoi, en revenant de ce voyage, j’ai aussi envie de témoigner d’une expérience fabuleuse dans laquelle tout le monde peut se retrouver.
cafebabel.com : Si tu as voyagé sans parti pris, ta perception de l’Europe a-t-elle changé après le périple ?
« Partez ! Faites-le ! Et tout ce qui vous risquez, c’est d’avoir des bonnes surprises »
Arno Jullien : Je suis tout de même parti avec une certaine expérience car j’ai vécu dans plusieurs capitales européennes. Une expérience qui m’a conduit à me considérer davantage comme un Européen que comme un Français. Cela dit, je n’ai pas voulu prendre d’information sur les pays que j’allais visiter pour essayer de laisser une place maximale à la surprise. Avec cette approche, j’ai pu considérablement changer ma vision de l’Europe en considérant désormais le témoignage des sans-abris par exemple. Ces personnes sont merveilleuses : elles ont vécus partout, parlent cinq langues et sont capables de vous balancer des citations de Verlaine et de Beaumarchais ! Et c’est peut être par la culture et l’ouverture des sans-abris que j’ai été le plus surpris. En vivant des moments magiques comme ceux-là, le projet a largement dépassé le stade de ma curiosité.
Je peux aujourd’hui affirmer qu’il y a un enseignement à tirer de toutes formes d’expériences, quel que soit le sujet qu’elles concernent. Selon moi, ce devrait être un devoir de partir une année en Erasmus pour pouvoir être en mesure de comparer les choses simples de la vie : tu ouvres grandement les yeux sur le monde qui t’entoure. « Europalive » c’est aussi un message : « Partez ! Faites-le ! Et tout ce qui vous risquez, c’est d’avoir des bonnes surprises ».
Arno Jullien va entretenirun babelblog sur cafebabel.compour diffuser les vidéos d'Europalive à la manière d'un feuilleton : retrouvez-le sur Europalive.
Photos : Une ©U-g-g-B-o-y/Flickr; Portrait Arno Jullien : ©Matthieu Amaré; Europalive : ©Europalive