Allemagne : le rap politique pour devenir élu
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Julie ZabinskiMisogyne, homophobe et violent : voilà bien trop souvent les clichés associés au rap. Pourtant il peut également revêtir une dimension politique. C'est en tout cas ce qu'entend montrer l'émission RAPutation.tv. Cette plateforme permet aux jeunes artistes de passer un casting en ligne tout en rappant leur regard critique sur la société. Qui sera le meilleur rappeur-politicien d'Allemagne ?
Que ce soit le chômage, l'éducation, l'homophobie, le racisme ou la demande pressante de voir les politiques engager le dialogue avec la jeunesse, il n'est guère de sujets qui n'ont pas été abordés par les rappeurs de la relève sur l'émission RAPutation.tv. Une émission qui leur permet de propager leur message politique en aiguisant leur flow.
Le rappeur dans la peau de l'homme politique
Armés de leur propre speech politique, les jeunes rappeurs se sont disputés pour la deuxième fois le titre de Deutschlands bester politischer Rapper (meilleur rappeur-politicien d'Allemagne, ndlr). Les trois meilleurs ont pu présenter leur morceau en live lors de la finale qui s'est déroulée au club Bi Nuu de Kreuzberg, le 11 avril dernier. Leur mission ? Se mettre dans la peau d'un homme politique.
Les hommes politiques sont-ils des marionnettes ? C'est la question soulevée par le gagnant Cossu.
Dans son dernier morceau « Zwiespalt » (Tiraillement, ndlr), le gagnant Cossu se demande si les hommes politiques ne deviennent pas des marionnettes au long de leur carrière. Sont-ils encore disposés à défendre une opinion ? Ou sont-ils tous soumis aux idéologies de leurs partis ?
La deuxième place est revenue à Mars One de Düsseldorf, suivi par Icarus, âgé de 21 ans. Depuis décembre 2013, c'est déjà 229 jeunes artistes qui ont pris part à la compétition. Les candidats ont été choisis en ligne par des personnalités marquantes du rap allemand comme Sookee, Weekend et MoTrip. Lors de la finale, le public a également pu voter.
la politique et le rap font-ils bon ménage ?
Les finalistes sont tous d'accord : depuis leur participation à la compétition, ils sont devenus encore plus impliqués dans la politique. « Je me montre critique à l'égard de tous les problèmes, même lorsqu'ils sont d'ordre politique », déclare Cossu, qui nourrit le souhait de devenir enseignant. Il n'y a pas que les morceaux qui étaient politiques, les invités aussi.
Gregor Gysi et Katja Kipping (tous deux de la gauche), mais aussi Cansel Kiziltepe (SPD), Özcan Mutlu (Les Verts), Jens Spahn (CDU) et Hans-Christian Ströbele (Les Verts)...lors de cet événement, tous ces politiciens ont mis la main à la pâte. S'ils ont donné un coup de main au vestiaire, au bar, aux stands de merchandising, les élus ont aussi engagé le dialogue avec les jeunes. Özcan Mutlu en profitant pour faire un réel éloge des jeunes rappeurs : « vous ne vous contentez pas de pester contre la politique en tant qu'intervenant extérieur, vous êtes réellement impliqués. Et c'est remarquable ». « Nous pouvons continuer à penser que les jeunes sont apolitiques, alors qu'en réalité tout ce que nous avons à faire c'est de les aborder ! », a quant à lui déclaré Gregor Gysi. Sa collègue, Katja Kipping, a fait la promesse de prendre en compte les messages de ces jeunes dans le travail du parti. À défaut d'être instumentalisées sur un gros beat, il reste à espérer que leurs revendications soient réellement entendues.
Translated from Mehr als Gangsta: Rap kann auch Politik