Accueil en demi-teinte de la FINUL
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Le retrait israélien du Liban est un premier succès pour la FINUL 2. A Beyrouth, on accueille les troupes européennes entre sympathie et scepticisme. Témoignages.
« Savoir si les Européens allaient venir, c’était savoir si la guerre allait reprendre ou pas ». L’avis est partagé par nombre de Libanais. Depuis la fin de la guerre de 34 jours entre Israël et le Hezbollah, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) est arrivée au Sud Liban et ses effectifs, composés en majorité de contingents turcs, français, italiens et espagnols, ont été renforcés à 5 827 hommes. Son objectif : recourir à la force en cas d'activité hostile, procéder à des contrôles routiers et intercepter des mouvements d'armes en cas de défaillance de l'armée libanaise. Le commandant français de la FINUL vient notamment d'exclure la possibilité de tirer sur les avions israéliens violant l'espace aérien libanais. Blindés occidentaux et immenses grues estampillés « UN » ont fait leur apparition au milieu des embouteillages légendaires de Beyrouth. Qu’en pensent les habitants de la capitale ? Font-ils confiance aux Européens pour rétablir la paix ?
Hussein, un Libanais d’une trentaine d’années qui travaille pour une ONG internationale, se dit « plutôt à l’aise » avec la FINUL. « Cela profitera économiquement à la région. Il n’y aura pas de problèmes avec le Hezbollah », dit-il, « à condition que la FINUL soit là pour aider l’armée libanaise et non pour protéger Israël ».
Abou Nour, un épicier sunnite de 70 ans, né à Beyrouth a vécu longtemps en Allemagne et en Grèce. Il insiste sur la proximité des Libanais et des Européens, comparé aux Américains en citant un proverbe local : « Je suis avec mon frère contre mon cousin, mais je suis avec mon cousin contre l’étranger. Les Européens sont un cousin bienveillant qui apporte la sécurité ».
Rima, quadragénaire directrice administrative d’une filiale d’un groupe occidental à Beyrouth, se sent reconnaissante envers ces troupes « que chacun attendait avec impatience. Leurs pouvoirs renforcés sont la seule garantie de sécurité ici». Elle qui a passé la guerre civile de 1975 à 90 à Beyrouth, refuse le parallèle avec l’échec de l’intervention de la Force Internationale de l’époque: « le conflit dans les années 80 était interne. Aujourd’hui, la FINUL doit rester neutre. Je suis confiante à l’égard de l’engagement des Européens qui sont en général favorables au Moyen-Orient, surtout la France, seule véritable amie du Liban ».
Rabih, ingénieur druze de 27 ans, a activement participé aux manifestations de 2005 qui ont abouti au retrait des Syriens. Pour lui, « il n’y avait pas d’autres choix que d’accueillir la FINUL qui enlève sa justification au Hezbollah, mais aussi à un retour des Syriens. Les troupes européennes sont les plus crédibles : les USA sont du côté d’Israël et des militaires arabes fourniraient une excuse à Damas pour intervenir».
Rami, 24 ans, soutient ouvertement le Hezbollah bien qu’il soit chrétien et ne cache pas son hostilité à la FINUL. « J’aurais préféré qu’il n’y ait que l’armée libanaise, intégrant le Hezbollah, car l’ONU est contrôlée par les USA. Si les Européens seront mieux acceptés que des Américains, il n’est jamais bon d’avoir des troupes étrangères chez soi car elles ne voient toujours que leur propre intérêt ».
Fouad, jeune ingénieur chrétien de 25 ans et ancien leader étudiant emprisonné par les Syriens, considère la FINUL comme « un élément positif dont on avait besoin depuis longtemps. Mais je crains que les troupes ne partent dès qu’il y aura des problèmes, comme lors de chaque intervention occidentale depuis l’indépendance ».