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Wikileaks, nouvelle boîte à scandale numérique

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Le site Internet  Wikileaks a publié dimanche quelques 92.000 rapports jusqu'ici secrets sur la guerre en Afghanistan réalisés par l'armée américaine entre janvier 2004 et décembre 2009. Tous les contingents sont passés au crible fin par ces carnets de guerre, révélant une réalité du terrain plus proche du bourbier que de la fin des hostilités.

En Europe, la presse est clivée entre le doute sur la fiabilité du média web et la reprise en chœur des informations délivrées par le site.

 Der Standard – Autriche : Le nouveau Vietnam

Après la publication de plus de 90.000 documents manifestement compromettants, le quotidien de centre gauche Der Standard qualifie la guerre en Afghanistan de perdue : « Quelle que soit la tactique imaginée dès lors par les stratèges aux Etats-Unis, à Bruxelles et à Kaboul, la crédibilité n'est plus. Comment expliquer après-coup qu'une unité spéciale chasse les talibans apparemment sans succès depuis des années ? Comment justifier qu'on loue officiellement la collaboration avec les autorités pakistanaises, quand on apprend par la suite que les services secrets pakistanais sont 'vraisemblablement le principal soutien des talibans hors d'Afghanistan' ? … Les critiques de cet engagement militaire risqué vont augmenter dans tous les pays participants. Pour l'OTAN, qui considérait son rôle à la fin de la guerre froide comme celui d'une sorte de police mondiale, se pose également ici la question de la légitimité. Même si des propos encourageants sont officiellement prononcés, une chose est néanmoins claire depuis longtemps : on ne pourra pas gagner cette guerre. Il y a de nets parallèles avec la guerre du Vietnam : en 1971 un tribunal américain avait contraint à la publication de documents secrets sur la situation au Vietnam ; aujourd'hui c'est Internet qui veille à la transparence. »

(Article publié le 27.07.2010)

The Sun - Royaume-Uni : Les clowneries de Wikileaks

Le quotidien à sensation The Sun critique sévèrement la divulgation de plus de 90 000 documents secrets sur la guerre en Afghanistan : « La publication de rapports des services secrets par des journaux de gauche en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Etats-Unis ne peut avoir qu'un seul effet : saper le moral des hommes et des femmes au front, prêts à donner leur vie pour notre liberté. Les chefs militaires préviennent que les révélations d'hier mettent en danger les vies de davantage de soldats britanniques et américains. Cela contribuera à saper la confiance entre les partenaires de coalition qui combattent en Afghanistan et à attiser les craintes de l'opinion publique. Le clown qui a publié les documents a déclaré qu'ils semblaient 'apporter la preuve de crimes de guerre'. Mais c'est l'individu qui les a dévoilés en premier lieu qui devrait se trouver sur le banc des accusés. Et vite. Il a déjà fait suffisamment de mal. »

(Article publié le 27.07.2010)

Neue Zürcher Zeitung – Suisse : Les médias sens dessus-dessous

Avec la divulgation de documents sur la guerre en Afghanistan, Wikileaks reçoit un large écho médiatique. Des journaux de renom ont pourtant déjà enquêté sur les mêmes faits il y a des années et évoqué ces éléments, estime le quotidien conservateur Neue Zürcher Zeitung, qui avance une explication : « Le masochisme d'une profession qui n'accorde pas grand chose à ses propres réalisations et la perception partiale de l'opinion publique acquièrent une nouvelle dimension avec Wikileaks. Depuis toujours, par soif de vengeance, par cupidité ou par réelle indignation quant à un dysfonctionnement, les employés transmettent aux journaux des documents confidentiels de leurs employeurs. Sans ces informateurs, le journalisme d'investigation serait inconcevable. Wikileaks renforce désormais ce phénomène. Le site prétend avoir publié 1,2 million de documents en trois ans - cela signifie que Wikileaks aurait reçu, vérifié et publié chaque jour plus de 1.000 rapports. On peut douter de la véracité de ces chiffres, mais on ne peut remettre en question l'influence du site. Celui-ci renverse la hiérarchie des médias : le New York Times et le Spiegel ne mènent pas de journalisme d'investigation, ils publient les investigations de tiers. »

(Article publié le 27.07.2010)

Delfi – Estonie : L'Estonie est complice

Les révélations sur les interventions militaires en Afghanistan devraient mener à un changement de cap en Estonie, estime le portail d'information Delfi : « L'Etat estonien a jusque-là surtout évoqué les droits et les obligations inhérents à un membre de l'OTAN et notre participation à la mission en Afghanistan en faisait également partie selon lui. Mais nous sommes désormais confrontés à une situation bien plus complexe. Si l'OTAN offre le droit à la protection et prévoit l'obligation de participer à des interventions communes, y a-t-il alors une responsabilité collective lorsque des civils sont tués ? Les soldats estoniens ne sont pas directement mentionnés dans les documents divulgués, mais nous sommes alliés des Américains, des Britanniques et d'autres partenaires de l'OTAN, auxquels on reproche d'avoir abattu des civils, dont des enfants. Tant qu'il s'agissait de reconstruction civile, nous avons toujours volontiers accepté les lauriers qu'on nous accordait. Qu'en est-il maintenant que le poids des fautes doit être partagé ? » 

(Article publié le 27.07.2010)

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Foto: ©Truthout.org/flickr

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Translated from Wikileaks über Afghanistan: Heikle Details und neue Transparenz