Volen Siderov : le psychopathe de l'extrême droite bulgare
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cafébabel FRAntisémite, anti-Roms, anti-musulmans, anti-Turcs…Ataka, le parti d'extrême droite ne supporte qu'une seule chose : la Bulgarie. Et ne doit son existence qu'à un seul homme : Volen Siderov. Portrait d'un vrai fou, capable à la fois de faire des batailles de bouchons de champagne comme d'obtenir un score de 12% aux élections européennes.
Volen Siderov, leader du parti ultranationaliste bulgare Ataka (Ataka signifie « attaque »), a été mis en examen pour violences le 12 mars après avoir commencé 2014 sur les chapeaux de roues. Comme ce 6 janvier dernier par exemple, au cours duquel, en plein vol vers Varna (la troisième ville de Bulgarie), où il se rendait pour un meeting, le politicien a agressé verbalement une diplomate française. La diplomatie attendra.
le monde entier contre lui
Mais ce n’était qu’un début. À la descente de l'avion, Siderov agresse un des témoins et, lorsque la police s’interpose, attaque un des policiers dans la foulée. Même si bien sûr, dans sa version des faits, rien de tout cela n’est arrivé : il aurait plutôt simplement été victime d’une longue série d’événements malheureux. Le policier présentait « un comportement arrogant » envers lui, et c’est en fait le policier, Kolev, qui l’aurait attaqué le premier. De la même façon, c’était la diplomate qui lui avait lancé la première insulte, de même pour le jeune homme qui s’était interposé. Sans parler des médias, qui ont couvert l’évènement en le déformant avec agressivité. Clairement, le monde entier était contre lui.
Quoi qu’il en soit, le procureur général bulgare Sotir Tsatsarov n’a pas été convaincu et a demandé que l’immunité parlementaire de Siderov soit levée en conséquence. Dans un discours dont le niveau de sarcasme mériterait un prix, Siderov a renoncé à son immunité, condamnant dans le même temps celle de son parti – sans tenir compte du fait que, légalement, cet acte de renonciation n'engage personne d’autre que lui. À ce stade, on ne peut faire que des conjectures sur l’issue du procès. On peut par contre affirmer que Siderov est loin d’avoir mené une vie tranquille depuis qu’il est sur le devant de la scène politique.
Voiture-bélier et bataille de bouchons de champagne
Ce n’est pas la première fois que Siderov se heurte à la loi. En 2006, après une collision mineure, Siderov était convaincu que l’autre voiture (transportant un étudiant de 22 ans et son grand-père de 75 ans) avait été lancée pour l’assassiner. Il fait alors tabasser l'étudiant et crever les pneus de la voiture. C’est dans un premier temps l’adjoint de Siderov, Chernev, qui est mis en examen, avant qu'il ne déclare avoir agi sous la pression de Siderov.
À l’automne dernier, ce n’était pas seulement Siderov mais son parti tout entier qui cherchait le grabuge, lorsque vingt membres d’Ataka, ivres et agités, ont refusé de régler leur addition dans un des plus grands restaurants de Bruxelles. Ils ont « jeté des bouchons de champagne sur les employés et saccagé la nourriture destinée à d'autres clients ». On croirait les dérapages d’une bande de jeunes nerveux en soirée. On a déjà vu Siderov insulter un parlementaire d’ascendance Rom, se balader armé d’un bâton de police lors d’une manifestation en proclamant la nécessité de procéder à des arrestations de citoyens. Il s'est même comparé à Nelson Mandela. Pas vraiment la première comparaison qui vient à l’esprit.
Les médias : son ticket d'entrée...ou de sortie
Siderov est entré en politique après des années passées dans le journalisme. Il présentait alors une émission télévisée appelée Ataka, un nom qu’il aimait suffisamment pour en faire, plus tard, celui de son parti. À travers une critique virulente de l’état de la vie politique en Bulgarie, Ataka devint le mélange parfait entre média et force politique, remportant immédiatement 8,7% des voix aux élections législatives de 2005. C’est du coup assez drôle de voir Siderov s’adonner à l’occupation favorite des personnalités publiques : traiter de tous les noms les journalistes. Tout en sachant que Siderov a gagné un prestigieux prix de journalisme en 2000.
L’hypocrisie et la violence de Siderov sont choquantes en elles-mêmes. Mais le pire, c'est l’acceptation dont son comportement fait l’objet. À la suite de l’incident avec l’attachée culturelle française, le député européen français Jean-Pierre Audy a exprimé, dans un communiqué officiel, son indignation devant l’absence de condamnation des actions de Siderov par le gouvernement bulgare. Ataka détient 23 des 240 sièges du parlement bulgare, l’équilibre délicat de la coalition gouvernementale très divisée repose donc largement sur le soutien officieux mais constant des députés du parti.
Des soutiens de toutes parts
Le gouvernement n’est pas le seul à donner carte blanche à Siderov. La popularité croissante de son parti néo-fasciste l’a fait se hisser à la seconde place des élections présidentielles de 2006, permettant aux députés de son parti de former le groupe parlementaire le plus à droite de l’histoire du Parlement européen : Identité, Tradition, Souveraineté. Il n’est jamais surprenant de voir des pays en pleine crise économique et sociale se tourner vers le nationalisme voire le fascisme. Mais, plus encore que les facteurs sociaux extérieurs, le charisme et la présence médiatique de Siderov sont pour beaucoup dans son succès.
Tout espoir n’est quand même pas perdu. Le mois dernier, les députés bulgares ont rejeté une motion d’Ataka visant à sanctionner d’une peine ou d'une lourde amende toute personne « manifestant publiquement » sa propre homosexualité ou celle d’un tiers, dans un rassemblement ou sur Internet.
Vous l'aurez compris, Siderov est un personnage inquiétant. L’ascension de son parti est une excellente leçon politique et médiatique, une importante piqûre de rappel pour nous tous selon laquelle aucune Nation n’est à l’abri de politiciens dont le charisme prime sur l'humanité.
Translated from Volen Siderov: Bulgaria's far right psychopath