Un diable dans les cheveux.
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Pauline PanchoutLorsque l’on communique avec quelqu’un d’autre, il est important de savoir faire comprendre ses émotions, avant que les conséquences ne soient irréparables. D’autant plus s’il s’agit d’avertir une personne qui ne parle pas votre langue que vous êtes terriblement furieux.
Par une matinée maussade vous découvrez avec horreur que la machine à laver fuit, que les titres de la dette grecque vous font perdre 400 euros ou encore qu’il y a la queue aux examens : voilà autant de bonnes raisons pour sentir dans ses cheveux comme une démangeaison qui ne disparaît pas. C’est ce que les Italiens appellent « avoir un diable dans les cheveux », expression populaire qui cache en réalité une croyance dans l’au-delà. Tout comme Dante et Virgile ont pu traverser le centre du monde en s’agrippant aux poils de Lucifer dans la Divine Comédie, le démon - dans l’imaginaire populaire - rend la pareille au genre humain leur tirant les cheveux et manipulant avec plaisir qui se laisse prendre au jeu de la colère.
La tradition religieuse italienne, ancrée dans chaque sphère de la vie culturelle, a peu d’écho dans les autres langues. On retrouve toutefois le « de un humor de mil demonios » espagnol. La même personnification du « mauvais génie » est également reprise chez les Anglais qui disent : « she had hair like the devil ». Moins religieux, on trouve dans d’autres pays des expressions plus fantaisistes : « fuchsteufelswild sein », désigne en allemand quelqu’un de diaboliquement furieux comme un renard («Fuchs»), un genre de diable («teufel») en miniature. Au fur et à mesure que l’on se déplace en Europe continentale, les émotions se font moins violentes, et arrachent même un sourire. En français il est ainsi courant de dire « voir rouge » mais on peut également utiliser « chier une pendule » pour parler de quelqu’un qui s’énerve sans raison. Une expression en mesure de faire taire le plus furieux des indignés, un peu comme en polonais : « wściekły jak osa »: littéralement « fou comme une abeille ».
Photo : (cc) Vicente Alfonso/flickr
Translated from Oggi ho un diavolo per capello!