Supper club : les dîners presque secrets
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Nicholas HortonAvec tous ces discours « pessimisto-apocalyptiques » liés à la courante dépression économique et la hausse des taxes, on en oublie facilement de bien manger. Si la nécessité est la mère de l'invention, faisons en sorte que la crise produise en nous de l’inspiration. Et profitons-en pour festoyer, en secret.
L’inflation que connaît actuellement la Grande-Bretagne a rapidement fait du simple plaisir de rompre le pain avec des amis, un luxe. Si, comme environ une personne sur cinq vivant à Londres, vous louez une chambre dans une colloc’ avec un petit espace communal, le choix plus traditionnel d'inviter vos « co-pains » pour un repas à la maison n'est pas toujours une solution confortable ou tout bonnement possible. Cependant, une solution semble émaner de ce problème (une formule par ailleurs, qui nous rappelle Ouroboros et sa symbolique, et que l’on aimerait voir appliquée a de nombreux autres problèmes liés à cette néo-crise) : invitez-vous chez un inconnu, laissez-lui mettre en place une atmosphère ennivrante et vous cuisiner un délicieux diner, copieux mais équilibré tout en évitant de payer de nombreux frais liés au monde de la restauration.
De Brixton au XIV arrondissement
« Je cherchais quelque chose comme les "dinner clubs" sans vraiment savoir qu’ils existaient. C'est un asile de qualité, non seulement au niveau des plats servis mais aussi de l’ambiance et des sensations générées » affirme Nicholas Horton, un Français résident à Londres.
« Secret supper clubs », « underground dining » et « Guerilla restaurants » sont autant de termes génériques que l’on applique au concept, mais il faut se rappeler que chaque soirée reste relativement unique en son genre. Un « supper club » en particulier - inspiré par un coquet moustachu, qui n’aurait pas semblé incongru s’il nous avait été présenté chevauchant un vélocipède - offre un Éden que peu de restaurants classiques pourraient proposer sans risquer la faillite : un décor décalé, shabby-chic (lit. chic-miteux), intelligemment choisi, des produits locaux et une ambiance détendue et accueillante, au coeur d’un Brixton multiculturel, au sud-est de Londres.
« Chaque personne se rendant au diner se doit d'etre la pour la premiere fois, ou accompagne de quelqu'un qui l'est, afin d'encourager et developper un cercle de personnes partageant des idees similaires »
Les règles du Saltoun Supper Club sont simples : chaque personne se rendant au dîner se doit d’être là pour la première fois, ou accompagné de quelqu'un qui l'est, afin d’encourager et développer un cercle de personnes partageant des idées similaires. Un don de £30 (35€) doit aussi être laissé sur la table avant de partir. Il est également suggéré d'apporter une bouteille pour accompagner votre repas - la règle permet aux gens de payer pour dîner sur une propriété privée, mais devient un peu plus stricte lorsqu’il s'agit d'alcool. Reste que, sans les droits de bouchon ou profits exorbitants d'un restaurant, un vin de qualité peut-être dégusté à un prix relativement peu coûteux. De plus, à une époque où les « réseaux sociaux » tendent à impliquer un écran d'ordinateur, il est rafraîchissant de briser les barrières qui nous empêchent de se parler les uns les autres.
L'idée, si elle n'est pas nouvelle, en est encore à ses balbutiements. Des soirées similaires ont été organisées par Jim Haynes, dans le XIVe arrondissement de Paris ces dernières trente années. « J'ai entendu parler du dîner via un lien sur le site web de la librairie anglaise Shakespeare & Co à Paris - je recherchais des possibilités d'emploi lorsque je pensais y passer l’année », confie Shakira Jones, 26 ans, journaliste anglaise désormais à Rome. « Je me souviens avoir lu qu’il s’agissait d’un dîner ayant lieu chaque dimanche depuis environ 25 ans, ce qui m'a semblé une chose presque historique à faire. J’ai aussi lu que l'organisateur en question dirigeait une petite maison d'édition, la liaison littéraire m’a de nouveau interpellé. J'aime l'idée qu’un certain nombre d'inconnus puissent se réunir chez quelqu’un et dîner avec des personnes du monde entier. Le fait qu’il s’agisse d’un repas à proprement parler rend l’événement plus ritualiste et permet des conversations plus riches et plus développées qu’une rencontre dans un bar. »
Supper clubs a Dublin et Rome - une possibilité
Le prétendument premier Secret Supper Club de Londres se porte bien, notamment grâce à Horton Jupiter à la tête du Secret Ingredient (que vous pouvez contacter directement à [email protected] - ndlr) . Les règles de restauration habituelles sont détendues et vite oubliées, une douzaine de dîneurs se joignent aux conversations de leurs voisins, certains se retirent à l'étage le temps d’une cigarette. D’autres, plus simplement, se livrent à une conversation polie sur l'événement en question. Un Supper Club à Dublin demande de faire un don de seulement 35 euros pour trois plats qui ne se termineront seulement lorsque toutes les dernières miettes seront parties ainsi que lorsque chaque goutte aura été bue, et non pas à 23 h - qui est un horaire de fermeture plutôt courant. « Un entrepreneur courageux mais naïf a importé l’idée à Rome mais s’est contenté de copier le libellé exact d’un dîner à Paris », ajoute Shakira. « Cela semble artificiel et il n'est pas très "italien" d'inviter des étrangers chez vous. Rome ne semble pas avoir une forte communauté internationale comme c'est le cas à Paris ou à Londres, ni être particulièrement bohème. Dans un tel contexte je ne pense pas que cela fonctionnerait. »
« Il n'est pas tres 'Italien' d'inviter des inconnus chez vous »
Nul besoin donc, de chefs étoilés pour satisfaire vos désirs culinaires, ni de jeter de la poudre aux yeux des clients quand il s'agit de combler leur quête d'endroits alternatifs . « J’aimerais voir les Supper Clubs évoluer, ajoute Nicolas, les voir réutiliser certains concepts archaïques tel que le troc ainsi qu’un élargissement du concept qui pourrait inclure des activités sociales qui vont au-delà du simple plaisir de diner. »
Il semble que la restriction des dépenses personnelles de chacun a eu pour conséquence l’explosion de popularité de ces clubs en question. On est alors en droit de se demander : quelles autres surprises cette Europe en crise nous réserve-t-elle ?
Se faire une idée : un comparatif de menus
Jambon fumé et purée de figues, velouté céleri-rave et pain grillé aux truffes vs verre de prosecco
~ vs
Entrée au choix entre chorizo, roquette et salade de poivrons rôtis, ou tomate, coriandre et soupe de noix de coco. Tous deux avec : coeur de céleri, pignon de pin et salade aux noix.
~
Canard rôti et légumes de saison vs truite fumée à chaud (www.goatsbridgetrout.ie) avec salade, pommes de terre nouvelles et asperges ou aubergine, graines de sésame, tomates et gratin de pâtes.
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Assiette de chocolats vs Mousse au chocolat, ou une salade de fruits.
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Petits fours, café / thé vs Thé et café: sélection de ‘Barry’s tea’. Biscuits faits maison : macarons.
Assistez à un dîner secret à The Secret Ingredient à Londres, les mercredis et jeudis au Saltoun Supper Club, ou le dimanche à 20 heures chez Jim Haynes (sur demande).
Translated from Supper clubs between London and Paris