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Rencontre avec l’équipe du nouveau projet transfrontalier #blueborder

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Blueborder est le nouveau projet édito transfrontalier et collaboratif de Cafébabel. Dix journalistes se rendent sur cinq îles méditerranéennes pour exposer les aspirations et les doutes de la jeune génération.

Une vaste étendue bleue les entoure. La Mer Méditerranéenne embrasse ces cinq îles situées aux bordures du continent européen : la Crète, la Corse, Chypre, Malte et la Sicile.

Comment les jeunes se sentent-ils là-bas ? À quel point est-on distant du reste de l’Europe ? Comment les insulaires gèrent-ils leurs identités, et à quoi aspirent-ils ? La sensation d’être entouré par une frontière bleue est-elle réelle ?

À propos de #blueborder

Pensé par l’équipe de Cafébabel Berlin et soutenu par Babel International, la fondation allemande Allianz Kulturstiftung et l’Office Franco-Allemande pour la Jeunesse, #blueborder est un nouveau projet éditorial, dans les pas des précédents projets à succès comme Balkans & Beyond, Beyond 91 et le Borderline Project.

Cinq équipes de journalistes et de photographes transfrontaliers vont explorer des questions de génération et de société sur les cinq îles en question. Leur reportage et les articles multimédia soulèveront les défis, les rêves, sentiments et soucis des jeunes vivant dans un contexte « frontalier ».

Une exposition du projet #blueborder voyagera dans les villes de Chemnitz, Marseille, Bruxelles et Palerme au Printemps 2020.

En tant que chargé de communication du projet, Francesco Barbati voit les choses ainsi : « Ce projet veut faire le portrait de communautés données qui vivent et font face à d’importants défis sur cinq îles européennes. Nous voulons mettre le projecteur sur leurs vies, face à des réalités périphériques à travers le Vieux Continent. »

Francesco Barbati

Francesco Barbati, chargé de communication #blueborder

Suivez le déroulement du projet sur notre page Facebook. Et en attendant, voici déjà les coulisses du projet avec son équipe.

L'équipe

Dans cette interview collective, Sébastien Vannier (directeur du projet), Prune Antoine (rédactrice en chef), Christiane Lötsch (responsable évenementiel), Johan Giraud (graphiste et développeur web), Stefano Lippiello (administrateur et trésorier), Alexander Damiano Ricci (coordinateur des traductions) et Francesco Barbati (chargé de communication) font part de leurs attentes vis-à-vis de #blueborder, mais aussi par rapport au rôle du journalisme dans le récit de la marginalisation de la jeunesse à travers l’Europe.

Quelles sont vos attentes pour ce nouveau projet?

SV : Rassembler les gens. Cela a toujours été l’idée principale derrière un projet transfrontalier comme celui-ci. Néanmoins, rassembler des journalistes de différents pays pour qu’ils travaillent ensemble n’est pas aussi facile qu’il n’y paraît. Ensuite, notre volonté est de proposer leurs histoires au grand public et dans quatre villes européennes.

PA : En bref, des bonnes histoires et des gens biens.

Sébastien Vannier

Sébastien Vannier, directeur de projet #blueborder

CL: Je suis curieuse de l’approche des photographes, et de la manière dont ils traiteront les thèmes des reportages. J’espère aussi que les expositions à Marseille, Palerme, Chemnitz et Bruxelles auront un impact sur la population locale.

JG : Des histoires inspirantes racontées par des jeunes journalistes, touchantes, incisives et illustrées par de très beaux clichés.

Prune Antoine

Prune Antoine, rédactrice-en-chef #blueborder

SL : De bonnes photos et des nouvelles histoires - dont on n’a jamais entendu parler, ou racontées sous un angle inédit.

ADR : Apporter une perspective différente sur les sujets que, de manière consciente ou inconsciente, nous associons généralement soit à la crise migratoire, comme par exemple en Sicile et à Malte, soit à des sujets presque géopolitiques, comme à Chypre.

« Le seul fait de vivre sur une île est une histoire qui vaut la peine d’être racontée. »

Est-ce que vous avez un lien particulier avec les îles impliquées dans le projet #blueborder ? Sinon, de quelle manière vous sentez-vous rattachés à elles?

SV : Je pense que ces îles sont fascinantes, que ce soit pour leur longue histoire ou leur position stratégique. En soi, le seul fait de vivre sur une île est une histoire qui vaut la peine d’être racontée.

PA : Pour beaucoup d’entre nous, ces cinq îles sont synonymes de vacances avec une mer turquoise et une lumière incroyable. Mais en réalité, elles représentent aussi les dernières frontières de l’Union européenne. Il y a donc un versant de l’histoire bien moins ensoleillé.

CL : J’ai été à Chypre une fois, et j’avais du mal à croire que Nicosie, la capitale, soit toujours traversée par un mur. Tout comme c’était le cas à Berlin, ma ville natale, il y a trente ans de cela.

Christiane Lötsch

Christiane Lötsch, responsable événementiel #blueborder

JG : Je n’ai aucun lien avec ces îles. Mais je m’y sens rattaché par le fait d’être européen.

SL : Les îles sont comme un univers parallèle à taille réduite. C’est ce qui les rend si intéressantes. Quand je pense à ces bouts de terre encerclés d’eau, je me sens créatif, presque rêveur. Ceci étant dit, je n’ai pas un lien particulier avec une des îles du projet.

ADR : Ces dernières années j’ai rencontré des gens qui vivent sur ces îles. Je n’ai pas de lien personnel, mais des amitiés. Bien évidemment, il m’arrive de passer des vacances en Sicile de temps en temps. Au delà de cela, je pense que dans une certaine mesure, ces îles font partie de notre histoire commune européenne. À d’autres époques, elles avaient un rôle économique et politique bien plus central.

« J’avais du mal à croire que Nicosie, la capitale, soit toujours traversée par un mur. »

La marginalisation, l’exclusion et la fragmentation de la jeunesse sont des questions sociales cruciales auxquelles nos sociétés européennes font face aujourd’hui. Comment ces problèmes affectent-ils la vie et les rêves des jeunes?

PA : Quand tu te sens exclus, tu ne vis plus, tu n’aimes plus. Avec un peu de chance, le rêve est tout ce qu’il te reste.

SV: Je pense que le sentiment d’être discriminé et marginalisé en tant que jeune existe, et a existé, pour chaque génération. Mais selon moi, le problème atteint un niveau inédit aujourd’hui avec le changement climatique. La génération des baby-boomer et la génération X ont voyagé librement à travers l’Europe et le monde. Aujourd’hui on remarque pourtant, et bien trop tard, que l’héritage global qu’on laissera à la génération future est catastrophique.

CL : On voit cette dynamique d’exclusion et de fragmentation au sein de nos sociétés aussi en Allemagne de l’Est. Et on peut clairement observer à quel point la marginalisation politique, économique et sociale d’une partie de la population peut avoir des effets à long-terme. Non seulement sur les plus âgés, mais aussi sur la deuxième et troisième génération.

Johan Giraud

Johan Giraud, graphiste et développeur #blueborder

JG : Je pense que le marché de l’emploi se métamorphose pour les jeunes. En réaction, de nouvelles manières de penser émergent. On organise et vit nos vies différemment par rapport au passé.

SL : J’ai plutôt une perspective négative. Je crois que ces problèmes sociaux pourraient soit réduire l’espace disponible à des solutions innovantes, menant à une stagnation individuelle, soit se transformer en colère sociale, menant à des actions violentes.

ADR : Je crois que ces questions deviennent un problème social surtout lorsqu’elles ne conduisent à aucune action collective. Au fur et à mesure que les années passent, je réalise que notre génération tourne le dos à l’action collective comme moyen de lutte contre la marginalisation, l’exclusion et la fragmentation. J’aimerais voir des contre-mouvements qui vont dans ce sens.

Cafebabel a toujours soutenu le développement d’équipes de journalistes et photographes transfrontaliers. Quelle est l’importance de diffuser ce type de journalisme à travers le paysage des médias en Europe ?

SV: Il existe peu d’opportunités pour les journalistes de travailler sur un projet transfrontalier. Et nous sommes fiers de la position que Cafébabel occupe dans ce secteur. Ou du moins dans la mise en place de ces projets. C’est important de développer ce genre d’activités, ce sont les principales réponses à la crise actuelle des médias. Je crois en des contenus de meilleure qualité, des formats multimédias et des partenariats journalistiques transfrontaliers.

PA: Après Balkans&Beyond, Beyond91, Borderline et Sisters of Europe, #blueborder est le cinquième projet transfrontalier que je coordonne en cinq ans. Je suis fière de ce qu’on a accompli ensemble. J’aime encadrer et recruter une nouvelle génération de journalistes et photographes européens, pour discuter et parfois même débattre sur ce à quoi devrait ressembler une bonne histoire. Je trouve que c’est cool de s’engager dans un processus qui finit par dépasser les « malentendus culturels. »

Au-delà de ça, travailler avec des gens de nationalités et de profils différents fait naître des nouvelles dynamiques éditoriales. Pour différentes raisons, comme des problèmes économiques, un manque de créativité et de vision ou une tendance à ne pas chercher plus loin que le bout de son nez, les médias nationaux en Europe perdent de l’influence ou s’écroulent. Parfois ils cherchent désespérément des approches ou des modèles alternatifs. Les histoires transfrontalières injectent une dose de diversité, de subjectivité, de perspective et d’angles dans la profession. C’est exactement ce dont le journalisme a besoin pour répondre à la crise de confiance actuelle.

« On doit développer une opinion publique européenne qui côtoie l’opinion nationale. »

CL : Collaborer davantage est la seule façon de sauver le projet d’intégration européenne, également au-delà de la sphère des médias. Et l’amour fait le reste !

Stefano Lippiello

Stefano Lippiello, administrateur et trésorier #blueborder

JG : Je pense que cette manière de travailler est assez unique. Et elle fait systématiquement émerger de nouvelles questions et des débats.

SL: C’est très important. Aussi bien d’un point de vue institutionnel, puisque ces projets tissent des liens entre les sphères médiatiques fragmentées en Europe, que d’un point de vue social. Grâce à des initiatives comme #blueborder, des vraies personnes se rassemblent pour mener à bien de vraies choses.

ADR : C’est vraiment important en effet. Surtout pour les pays qui d’un point de vue journalistique sont historiquement moins enclins à s’associer avec des collègues au-delà de leur frontière, et plus généralement à prêter attention aux dynamiques politiques à l’étranger. Ce qui est le cas notamment de l’Italie.

La culture et le journalisme sont des catalyseurs de solidarité et d’empathie. Quel rôle pourrait jouer #blueborder dans ce sens?

SV: Avec les expositions on compte ouvrir la discussion sur les identités européennes dans différentes villes d’Europe. Des rapports bien recherchés et des photos touchantes sont un bon point de départ pour encourager le dialogue.

PA: Si on parvenait à dépeindre aussi honnêtement que possible les populations des ces îles et les réalités locales, tout en créant un sens de communauté au sein de l’audience, j’en serais très fière.

blueborder pourrait connecter les communautés là où on ne les a pas encore remarquées.

CL : Les images peuvent être puissantes. Elles peuvent laisser une trace émotionelle qui sensibilise les gens à autre chose qu’à eux-mêmes. Je suis convaincue qu’en regardant les photos de #blueborder et en discutant de ces sujets, on aura un impact certain sur notre public.

Alexander Damiano Ricci

Alexander Damiano Ricci, responsable pour les traductions #blueborder

JG : Peut-être que certaines personnes se voient comme un morceau ou plus de ces histoires. Dans ce cas, on pourrait même espérer changer leur quotidien, non ?

SL : J’espère qu’on va encourager l’empathie, la base de tout sens de communauté.

ADR : #Blueborder pourrait connecter les communautés là où on ne les a pas encore remarquées. Tout comme les précédents projets portés par Babel international et Cafébabel Deutschland, #blueborder pourrait mettre en évidence des émotions de personnes qui font rarement la une des médias « mainstream ».

FB : Je crois que #blueborder peut contribuer à rassembler les communautés nationales sous un angle neuf et original. Dans un sens, les photos, les reportages et les expos vont faire voyager ces communautés à travers l’Europe. Le message derrière le projet pourrait aussi bien être « autant que les communautés périphériques puissent se sentir isolées des autres, elles ne seront jamais seules ». Nos difficultés et nos besoins ont beau être différents, nos efforts pour les surmonter son communs.


Rendez-vous sur notre blog Tumblr et sur la page Facebook du projet pour découvrir l’envers du décor de #blueborder.

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Translated from #blueborder is Cafébabel's brand new cross-border project. Meet the team