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Rencontre avec Ceris : une activiste anglaise pour le oui à l'indépendance écossaise 

Published on

Story by

Katha Kloss

Translation by:

Isha Dalaya

"Je dois arrêter de penser à ce référendum," s'excite Ceris Aston, une militante pour le oui de Kirkconnel pour le référendum sur l'indépendance de l'Ecosse qui a lieu aujourd'hui (18 septembre) et qui pourrait bien ouvrir la voie aux mouvements indépendantistes et à la démocracie directe en Europe. Voici comment une jeune Anglaise de 23 ans s'est retrouvée embarquée dans la campagne.

cafebabel: Comment te sens-tu aujourd'hui Ceris ? 

Ceris Aston: On a tellement attendu que ce jour vienne. Je suis excitée, très nerveuse et épuisée. Je n'ai pas très bien dormi ces derniers temps. Mais je suis pleine d'espoir.

CB: 'From a cybernat with love’ est ton dernier article de blog avant le grand jour, qu'est-ce que ce mot signifie ? 

CA: C'est un terme repris par les médias et la campagne du non pour décrire les militants du oui en ligne.  La campagne écossaise pour l'independance est accusée d'être une campagne nationaliste, avec tout ce que cela implique : d'être anti-immigration ou anti-anglais par exemple. On dit des Cybernats [cyber nationalistes] qu'ils sont agressifs et méchants. Dans mon article, je voulais me réapproprier le terme parce qu'on n'est pas tous des connards, sincèrement. 

CB: Et comment vous appelez les activistes du non ? 

CA: Leur campagne est Better Together. Un terme qui revient parfois est ‘Bitter Together’ mais, personnellement, je ne l'utilise pas. J'ai des amis qui voteront pour le non et je ne suis pas d'accord avec leurs arguments mais cela ne veut pas dire qu'ils sont détestables. J'espère juste qu'ils ne prendront pas un air trop suffisant si le non l'emporte, cela m'énerverait... 

CB: Tu es Anglaise mais tu t'es prise de passion pour l'indépendance écossaise. Comment ça se fait ? CA: Au début, c'était plutôt "Je suis Anglaise, je ne sais pas si ma voix compte vraiment." Mais j'ai compris que ce référendum n'a rien avoir le fait de ne pas aimer les Anglais. Ce vote sert une société plus démocratique. Il exprime notre manque de satisfaction envers Westminster qui, je le pense, est assez répandu au Royaume-Uni. Je pense que le changement est nécessaire. Mais mon engagement dans la campagne s'est fait progressivement. Plus je lisais sur le sujet, plus je voyais les points positifs du oui.  Beaucoup de personnes disent "il y a ton coeur et ta tête." Mais, malheureusement, mes organes ne m'ont pas parlé sur ce coup-là ! En terme de démocracie, il est important qu'elle soit représentative et qu'elle rende justice. Westminster est un club de vieils hommes, les gens qui le dirigent sont, pour la plupart, issus d'écoles privées alors que cela ne représente que 7% de la population. Est-ce que ces gens comprennent seulement la détresse de citoyens qui se débattent avec la récession ?

CB: Ce référendum signifie donc le grand retour du manque de confiance envers la politique ?

CA: C'est excitant. Les gens s'y connaissent en politique, ils en parlent dans la rue. J'en ai appris plus sur la politique en un an que je n'en avais jamais appris jusqu'ici. Et je pense que cela vaut également pour beaucoup d'autres. Je pense qu'on a enregistré un quart de million de nouveaux voteurs, c'est génial. Surtout si l'on tient compte du fait que nous ne représentons qu'une population de 5,3 millions. Etre empliquée dans la campagne s'est révélé être très positif pour moi. J'ai eu l'impression que je pouvais vraiment changer les choses. 

CB: Crois-tu que #ScotlandDecides va ouvrir la voie à plus de démocracie directe en  Europe?

CA: On a reçu pas mal de commentaires d'autres pays qui souhaitent également l'indépendance. Il y a évidemment le mouvement catalan qui soutient la cause écossaise. J'imagine qu'ils nous considèrent comme le modèle à suivre. Je pense que tout le monde devrait garder à l'esprit que nous sommes en train de décider de notre future d'une manière entièrement démocratique, sans bain de sang. 

"Scotland's future in Scotland's hands" - le clip officiel de la campagne du oui 

CB: Un argument de Better Together est ‘l'indépendance, c'est pour les romantiques’. En es-tu une ?

CA: Peut-être n'ont-ils pas rencontré assez d'activistes pour le oui ? Nous comptons des romantiques et des cyniques dans nos rangs. Il y a des entrepreneurs et des investisseurs qui soutiennent l'indépendance et qui perdraient beaucoup d'argent si le non l'emporte. Ils ne sont pas romantiques au point de vouloir perdre plusieurs millions de bénéfices. 50% des Ecossais ne sont pas juste de pure idéalistes. J'ai entendu bien plus parler de nationalisme venir des médias principaux et de la campagne du non quand ils nous accusaient d'être des nationalistes désespérés qui veulent récupérer leurs terres après plus de 307 ans. Mais nous ne sommes pas enchaînés au passé, nous voulons simplement une société meilleure. Maintenant. 

CB: Donc l'identité n'a pas sa place dans la campagne du oui ? 

CA: Pas besoin d'être Ecossais ou d'avoir le sens d'être écossais. La campagne du oui invite tout le monde à la rejoindre, sans distinction. Tout ne va pas devenir rose du jour au lendemain. Nous ne sommes pas tous en train de chanter l'hymne national ou d'agiter nos Saltires (Nom du drapeau écossais, ndlr.) dans le salon, pleurant à chaque fois que nous entendons de la cornemuse. Nous sommes prêts à travailler dur en Ecosse, où nos taxes ne sont pas dépensées dans des projets comme Trident, mais dans la santé et l'éducation.

CB: Tu es toi-même une jeune à la recherche d'un emploi. Et si tu te réveillais dans un mauvais film d'horreur économique demain ? 

CA: Pas de soucis, je peux toujours me cacher dans une valise et partir en catimini pour Paris... Même si l'avenir risque d'être difficile sur le court terme, je pense que l'effort en vaudra la peine sur le long terme. Dans cette campagne, les Ecossais ont montré qu'ils étaient engagés, passionnés et puissants. J'accepte le fait que je vais peut-être devoir travailler dur. Mais je travaillerai pour une société qui, sur le long terme, devient plus juste et traite ses citoyens avec respect. 

CB: Facebook dit que tu vas assister au  Positive Scotland Party (Whatever the Result) d'Edinbourg le 19 September. Qu'espères-tu célébrer là-bas ? 

CA: Si le non l'emporte, beaucoup de militants du oui seront anéantis. Peut-être serait-il bon de partager ce désarroi. Evidemment, si le oui l'emporte, on fera la fête. On vit dans une sorte d'anticipation maintenant, c'ets étrange. Mais la division ne doit pas nécessairement donner naissance à de mauvaise sentiments. Si c'est non, nous resterons politiquement engagés. Mais cela ne marquera pas la fin de la campagne pour l'indépendance. On va continuer à faire du bruit. La dévolution n'était que la première étape et on ne l'a pas obtenue tout de suite, on a du attendre jusqu'en 1997. Mais j'aimerais vraiment pouvoir voir l'indépendance tant que je suis encore jeune. Nous faisons partie de l'histoire d'une manière très réaliste, c'est un sentiment merveilleux. Nous pourrions changer le monde ou, au moins, une toute petite partie de celui-ci. 

Story by

Translated from Meet Ceris: English yes campaigner for Scottish independence