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Réactions à l’indépendance du Kosovo

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Julien Hue

SociétéPolitique

Le 17 février, la petite province Serbe a déclaré officiellement son indépendance. De jeunes Kosovars, Serbes et Russes réagissent à cet événement capital pour l'avenir des Balkans.

Pristina, le 17 février à 21h00

« J’avais 13 ans en 1999. J’ai connu tellement de moments difficiles au Kosovo depuis mon enfance que l’indépendance du Kosovo est un grand évènement, inoubliable et quelque part aussi confus et incroyable.

Je savais que ce jour viendrait, mais les négociations longues et difficiles et les reports successifs nourrissaient chez moi l’impression que le ‘Kosovo Indépendant’ était en fait ‘métaphorique’, destiné à accomplir encore plus que ce que l’on est en droit d’attendre d’une société.

Le 17 février, j’étais dans la rue. J’y ai vu tellement de visages radieux, se sentant libres mais surtout dotés d’une identité, de dignité et épris d’un sentiment d’appartenance dans ce village mondial.

J’étais aussi préoccupé ce jour-là : une nouvelle phase de transition, une nouvelle situation économique, un nouveau processus de construction de l’Etat et bien d’autres sujets nous attendent. Ils seront autant de défis pour nous, qui sommes aujourd’hui la jeunesse du Kosovo et ses leaders de demain.

Le nouvel Etat du Kosovo sera aussi un challenge pour l’identité ‘nationale’. Nous avons un nouveau drapeau et de nouveaux symboles pour la nation. Mais les gens sont partagés entre deux camps : se sentir Kosovar ou souhaiter rester Albanais. De cette confusion identitaire pourrait surgir des sentiments néo-nationalistes, en réaction à la peur de perdre son identité ethnique. »

Gëzim Visoka, 21 ans, étudiant à Pristina

Londres, le 17 février à 13h00

« Je suis totalement anéanti et furieux. Cela va précipiter les tensions ethniques dans la région. Le mouvement imprimé par la communauté internationale oblige la Serbie à abandonner une partie considérable de son territoire historique, qui se trouve être habité par une importante population de gens immigrés à l’origine.

Les Serbes ont commis une grande erreur en recourant à la force militaire au lieu de rechercher une façon d’intégrer cette communauté. Mais je n’imagine pas le Royaume Uni abandonner un jour Leicester à l’Inde en raison du nombre d’immigrés Indiens qui s’y établissent et de possibles tensions avec la population locale. On aurait dû préparer et travailler à la réconciliation en apprenant chacun à vivre avec l’autre au sein du même pays, par le biais d’une meilleure éducation.

Les Kosovars Albanais ont déjà l’Albanie comme mère-patrie. Pourquoi avoir un gouvernement albanais en territoire Serbe ? En quoi cela diffère d’une occupation ? C’est bien différent d’un peuple comme les Juifs, qui n’avaient pas de territoire à eux, vers lequel retourner. Est-ce différent du cas où la Turquie a pris le contrôle de plus de la moitié de Chypre ? Demandez aux Chypriotes ce qu’il est advenu de l’héritage Orthodoxe qu’ils ont perdu. »

Anonyme, 25 ans, étudiant à Saint Petersbourg et Londres

Paris, le 17 février à 16h00

« Les Serbes ont donné aux Kosovars une nationalité, une terre, la possibilité d’apprendre leur propre langue, de pratiquer leur religion et les voilà qui se sont mis à chasser plus de 250 000 Serbes hors du Kosovo, à se reproduire hyper-rapidement, devenant une majorité réclamant maintenant l’indépendance. C’est incroyable !

Le Kosovo n’a jamais été indépendant, contrairement à d’autres Républiques de l’ex-Yougoslavie qui l’étaient avant Tito où à une autre période de l’histoire. Peu importe qui habite là-bas, le Kosovo a fait et fera toujours partie de la Serbie.

Est-ce que cela va nous conduire vers de nouveaux conflits dans la région ? Je pense à mon père, mon frère, mes amis, ma famille et à tout le pays déjà ruiné par des années de communisme, par les guerres de ‘l’économie de la destruction’, par les bombardements de l’OTAN, l’embargo, les sanctions.

Je me considère personnellement comme totalement apolitique, mais j’ai peur aujourd’hui pour le futur des Serbes du Kosovo et pour le reste de la Serbie, compte tenu des commentaires issus des pays pro-américains, qui ont décidé d’entraver l’intégrité et la transition de la Serbie (voire de la rendre impossible). »

Ana Stojakovic, 27 ans, consultante en affaires internationales à Paris

Notre babelblogger , en Espagne (un pays qui n'a pas encore reconnu le Kosovo, comme la Grèce, la Roumanie, la Slovaquie and Chypre), demande si le . Donnez votre avis sur le de notre communauté.

PiconKosovo est un gros problème en Europeforum

Photos : La sculpture officielle représentant l'indépendance du Kosovo(Flora Loshi), 500 Serbes manifestent à Paris (Ana Stojakovic), manifestations à Trafalgar Square, Londres (grange85/ Flickr), en Une et encadré : Suisse (iGenc/ Flickr)

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