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Prends l'oseille et tire-toi !

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Jane Mery

L’Union européenne est-elle une machine à exploiter les millionnaires ? Pour ceux qui doivent abandonner la moitié de leurs gains aux impôts, aucun doute, c’en est une.

Le 7 mai, le commissaire européen à l’Economie, Joaquim Almunia, va présenter les perspectives de croissance économiques de l’Union pour le printemps 2007. L’Union va t-elle conserver son rythme de croissance alors que le poids des prélèvements obligatoires représentent environ 45% du PIB européen ? Si l’Irlande baisse ses taux d’imposition appliqués aux entreprises et que le Royaume-Uni fait de même avec son impôts sur les sociétés, les 'exilés de luxe' ne vont cesser de se multiplier. Panorama de ces personnalités européennes qui ont fui leurs patries pour échapper à des impôts trop lourds.

Johnny Hallyday

Parmi les expatriés fiscaux, c’est le dernier mais aussi le plus emblématique. En mars 2007, en pleine campagne présidentielle, l'idole des jeunes voyait sa demande de nationalité belge – le pays d’origine de son père – repoussée. Indigné, Halliday partait alors s’installer Gstaad, en Suisse. Son déménagement a défrayé la chronique. Si le grand-père du rock hexagonal a choisi Gstaad, c’est parce ce canton suisse a un maximum de 21 % d'impôts sur le revenu. Le gouvernement français prélèvait lui 70 % de ses recettes. Le chiffre est vertigineux : entre la fiscalité directe et le patrimoine, le chanteur paie chaque jour 15 000 euros aux caisses de l’Etat. « Je suis fatigué qu’ils me ponctionnent dès que je me lève le matin », a-t-il confié à la presse. Son coup médiatique a d’ailleurs permis au candidat UMP Nicolas Sarkozy de défendre une baisse urgente des impôts sur les grandes fortunes pendant sa campagne.

Montserrat Caballé

La soprano la plus internationale qu’ait connue l'Espagne a elle aussi dit adieu à sa terre natale pour éviter l'impôt ‘exorbitant’ auquel son pays la soumettait jusqu’alors. La grande dame de l'opéra a, au milieu des années 90, choisi la destination la plus proche en établissant sa résidence en Andorre, cette petite principauté pyrénéenne qui n’est éloignée que de 200 kilomètres de sa ville natale, Barcelone. Selon les données de la Banque d’Espagne, les impôts sont en moyenne de 50% moins élevés en Andorre.

Arancha Sanchez Vicario

La joueuse de tennis catalane a elle aussi pris le chemin de la Principauté d’Andorre. Avant son exil, le ministère des Finances espagnol a exigé d’elle qu’elle paie environ 2 millions et demi d'euros, au titre de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) et de la TVA pour les années 1989 à 1993. Le gouvernement a jugé qu'elle ne vivait pas en Andorre dans la mesure où elle y passait moins que les six mois par an exigés par la loi pour bénéficier de cette réduction d’impôt. Un accord a finalement été trouvé. Aujourd'hui, Sanchez « joue dans les deux camps » : elle possède un appartement en Andorre et depuis 2000, une maison à Barcelone.

Boris Becker et Steffi Graf

Les sportifs de haut niveau sont enclins à échapper aux griffes de l’administration fiscale dès qu'ils atteignent des revenus coquets. L'Allemagne a chez elle deux exemples particulièrement flagrants : Boris Becker et Steffi Graff. Boris Becker a été accusé en 2002 d’évasion fiscale. Alors qu’il était enregistré à Monaco, l’un des plus grands paradis fiscaux du monde, le joueur de tennis vivait de fait en Allemagne. Découvert, Becker a dû s'excuser devant la justice allemande, ce qui lui a permis d’éviter la case prison. Au final, il a bénéficié d’une liberté conditionnelle et a payé une amende de presque 500 000 euros. Becker a ensuite déménagé en Suisse, dans le canton de Zurich, où il paie à peine 6,6 % d'impôts. Sa collègue, Steffi Graf, a elle aussi été accusée en 1995 d’évasion fiscale sur juteux les bénéfices récoltés au début de sa carrière florissante. C’est son père, Peter, qui a finalement dû payer pour les irrégularités de sa fille. Les charges ont été levées contre elle après qu’elle ait payé 1,3 million de marks. Aujourd'hui, Graff dispose de comptes millionnaires en Suisse auprès de son époux, Andre Agassi, lui aussi joueur de tennis.

Les entrepreneurs

Les sociétés qui cherchent clairement à faire des bénéfices dans des paradis fiscaux se comptent par centaines. La Suisse et Monaco sont des destinations très prisées : ce ne sont pas les gouvernements qui vont chercher les grandes entreprises, notamment en raison des pressions exercées par leurs pays d'origine. Ces paradis offrent néanmoins des fonds de placement spéciaux qui permettent d’assainir leurs comptes. Les hommes d'affaires Anglais Terry Burns et l'Espagnol Emilio Botín sont dans cette situation. Présidents des banques ‘Abbey’ et ‘Santander’, ils disposent ainsi de comptes aux Bahamas, à Jersey, dans l’île de Man, aux îles Caïman ou dans les Antilles Néerlandaises. Parce que comme disait Leona Helmsley, hôtelière américaine condamnée pour évasion fiscale, « seuls les gens insignifiants paient des impôts ».

*Traducteur: Jean-François Adrian

Crédit photos : Montserrat Caballé (UNESCO); Arancha Sánchez Vicario (Depth Fish/Flickr); Boris Becker (Andi Knap); Curaçao Island, the biggest of the Netherlands Antilles, a fiscal Paradise (Juan Nosé/Flickr)

Translated from Ricos en Europa, ¡coge el dinero y corre!