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Poutine et les jeunes russes : « Pourquoi je l'apprécie en tant que président »

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Translation by:

Fanny Maës

SociétéPolitique

La Russie se rendra aux urnes le 4 mars 2012. La cote de popularité de Vladimir Poutine indique qu’il sera probablement élu président pour un troisième mandat. La politique et l’image de l’actuel Premier ministre font trembler les militants pour les droits de l’homme et les dirigeants occidentaux. Alors comment fait-il pour avoir le soutien des jeunes Russes ?

Le président russe Dmitri Medvedev et le Premier ministre Vladimir Poutine ont annoncé en septembre dernier qu’ils échangeraient leurs rôles en 2012 si leur parti Russie Unie gagnait les élections. Cela concèderait à Poutine, déjà président de la Russie au cours de deux mandats successifs entre 2000 et 2008, une influence majeure au sein du Kremlin, en vue d’un éventuel quatrième mandat présidentiel consécutif .

Poutine populaire

Cette nouvelle a provoqué la consternation des chefs européens et transatlantiques, inquiets devant les affaires d’abus des droits de l’homme qui touchent actuellement la Russie, et face à l’attitude agressive du Kremlin vis-à-vis des projets de bouclier antimissile américains. Probablement en raison des élections régionales du 4 décembre, la presse occidentale regorge plus que d’habitude d’horribles histoires russes, allant de l’avocat Magnitsky, mort emprisonné en 2009, à une proposition de loi qui menace de réduire les droits des gays. Cependant, la cote de popularité de Poutine auprès de ses concitoyens s’élève actuellement à 61%, selon la revue économique quotidienne de Russie Kommersant. Malgré une baisse de vingt points depuis 2010, il s’agit d’une avance impressionnante. Comment Poutine s’y prend-il ?

« J’appréciais Poutine au tout début car il avait l’air si différent des présidents antérieurs qui n’avaient engendré que des scandales en politique intérieure », explique Marianna, 21 ans. « Son discours à la conférence sur la sécurité à Munich en 2007 pendant son deuxième mandat était juste sensationnel. Et puis le chaos a éclaté et toutes les pratiques illégales qu’il avait perpétrées sont sorties au grand jour. » Anastasia, une journaliste de 29 ans résidant à Moscou, confirme. « Après l’éclatement de l’URSS, on a vu beaucoup de criminels en Russie extorquer, voler le pays et tuer des gens par intérêt. L’ancien président Boris Eltsine était faible et trop dépendant de ces personnes. Poutine, lui, appartenait au FSB (les services secrets russes) et était donc capable d’intimider les criminels, d’emprisonner certains d’entre eux et de s’assurer que les chefs régionaux du pays les craignaient. » Les qualités de Poutine à gérer le chaos qui a suivi la perestroïka ne concernent pas seulement la politique intérieure. « Certains États le considèrent dangereux et cela signifie qu’ils craignent et respectent la Russie », explique Anastasia. « C’est la meilleure chose qu’a fait Poutine pour la Russie. »

Bon pour la Russie

De tels progrès n’ont été possibles qu’au détriment de trop de libertés civiques. Il est difficile de faire l’autruche face à l’emprisonnement en Sibérie de ceux qui ont critiqué le Kremlin, et, l’assassinat d’Alexander Litvinenko et d’Anna Politkovskaya, dans des circonstances douteuses, pourtant, Russie Unie présente une campagne crédible. Il y a un fort intérêt pour la réalisation des changements entrepris par Poutine.

Ainsi, Poutine a saisi l’importance d’une image publique suprême. Des photos de lui pratiquant du judo, portant une ceinture noire, se promenant torse-nu dans les régions sauvages de l’est de la Russie et vêtu des uniformes de divers services russes, lui confèrent une image de dirigeant fort et autoritaire. Parallèlement, certains de ses sympathisants l’idolâtrent sans limite. Tous les sièges du mouvement NachiLes Nôtres ») pro-Kremlin exhibent des images du Premier ministre. A de nombreuses reprises, de jeunes femmes se sont déshabillées en soutien envers Poutine. « Ce n’est pas tant un culte de la personnalité qu’une mise à égalité permanente avec le peuple », affirme Marianna. « Il véhicule une image accessible pour le peuple. Il s’exprime en des termes simples et réprimande ses ministres non pas comme s’ils avaient pillé la trésorerie mais comme s’ils avaient oublié de faire leurs devoirs. Il fait du sport et ainsi de suite. Autrement dit, il fait semblant d’être quelqu’un d’ordinaire et gagne ainsi la confiance du peuple. »

« L’image de Poutine est exagérée et artificielle. Pour le bon développement du pays, les citoyens se doivent de respecter leur président »

Anastasia est plus sévère. « L’image de Poutine est exagérée et artificielle. Pour le bon développement du pays, les citoyens se doivent de respecter leur président, mais ils ne doivent pas être en extase devant lui ou trembler de peur à cause de lui. Personne n’est irremplaçable et le chef du gouvernement est avant tout un fonctionnaire, un rouage de la machine, qui doit être capable de résoudre des problèmes. Il ne doit pas être une icône que tout le monde vénère. » Pour certains observateurs hors de Russie, la popularité constante de Poutine doit paraître impensable. Toutefois, les Russes sont de toute évidence aux prises avec diverses questions. Dans le nouveau millénaire, Poutine est pour beaucoup dans la stabilité et la meilleure visibilité d’un peuple subjugué durant presque tout le 20ème siècle. Russie Unie prend conscience de cela et mise là-dessus. Comme le montre l’indice de satisfaction, le passé pourrait être déterminant pour le présent : ce qui se traduirait par un troisième mandat présidentiel en faveur de Monsieur Poutine.

Photo : Une (cc) Storm Crypt/ Flickr

Translated from Why I like Putin for president: young Russians speak