Perle porcine
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Prune AntoineAu début, c'est Jésus qui lança la mode. Saint-Mathieu dans l'Evangile (7,6) conseillait ainsi de « ne pas lancer de perles aux cochons. » L’idée sembl Ne pas gâcher son talent au contact de gens incapables de l’apprécier. L’expression est depuis passée dans toutes les langues. De cette manière, on dit encore aujourd’hui outre-Rhin « Perlen vor die Säue werfen » ; « rzyca pery przed wieprze » en polonais et « cast pearls before swine » [jeter des perles aux porcs] chez les Britanniques.
Néanmoins, quelques nations ont cultivé leur imagination pour trouver des formules très imagées. En France, on ne « donne pas de confiture aux cochons ». Plus poétiques encore sont les Espagnols : « n’offrons pas de mouchoir à ceux qui n’ont pas de morve » [« dar pañuelos a quien no tiene mocos »], disent-ils. Et chez les Italiens, donner du pain à ceux qui n’ont pas de dents est considéré comme un autre sacré gachis [« danno il pane a chi non ha i denti»]. Cette expression, de nombreux hommes auraient pu la dire lorsque sur un plateau télévisé, des congénères ont osé dire « Non » à une déclaration d’amour prononcées par Michelle Hunziker, sublime top modèle suisse.
Aujourd’hui encore, comme dans les autres idiomes, la langue de Dante a oublié l’expression originale. Une société italienne de vente de produits en ligne a même été baptisée : ‘Les perles aux cochons’. Son objectif ? Laisser de côté les « produits industriels et sous plastique » des supermarchés afin de « redécouvrir les saveurs d’autrefois. » Ces fameuses perles d’antan.
Et si l’écrivain et peintre italien Ugo Bernasconi avait finalement raison ? « Le principal problème lorsque l’on lance des perles aux cochons, n’est pas de gaspiller des pierres précieuses mais plutôt de faire du mal aux porcs. »
Translated from Le perle di Gesù e i porci della Hunziker