"Parce que nous avons le droit d'être heureux"
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Florian TixierLes Antitapas sont à marquer d’une pierre blanche à Bruxelles : c’est la fête à ne manquer sous aucun prétexte. Cet événement propose de la musique live, des DJs, des ateliers, de quoi manger et un large éventail d’activités pour le plus grand plaisir des participants. Mais peu de gens connaissent les visages et les histoires du groupe d’Italiens derrière cet événement. Cafébabel a diné avec eux
Antonio, Paolo, Raffaele, Luca et Stefania : ce sont les prénoms des Antitapas. Les quatre premiers, à l’origine de l’événement, viennent d’Italie. Ils ont insisté pour que nous fassions l’interview « en conditions », c’est-à-dire accompagnée d’un succulent risotto, d’un bon vin et du verre de grappa indispensable à digestion de ce festin. Les fêtes Antitapas ont commencé en 2008 comme une « association d’amis » dans laquelle se retrouvaient des espagnols et des italiens. C’est justement du mélange des deux cultures que vient leur nom, car les
Italiens apportaient des Antipasti alors que les Espagnols préparaient des Tapas. C’est dans le « Palais des Sciences » que tout a commencé, là où Luca et Paolo ont emménagé en débarquant à Bruxelles. C’est une maison peu ordinaire car il y a un hammam (variante humide du sauna) dans la cave. Quand Raffaele est venu leur rendre visite, il est finalement resté plusieurs mois, et a commencé à vouloir « améliorer la maison pour la rendre plus agréable, avec de la récup’, en allant par exemple au marché du Jeu de Balle ».
Et on peut dire que c’est plutôt réussi ! Le diner-interview s’est déroulé dans le Palais des Sciences, un endroit plein de charme, meublé avec goût, plein d’objets bizarres et où l’on tombe sur un instrument de musique dans chaque recoin. Mais revenons à notre histoire. Une fois la maison prête, ils décidèrent de commencer des « Swimming Aperos ». Chaque lundi, amis et connaissances étaient invités pour manger, boire, jouer de la musique, danser, et bien évidemment, faire un tour dans le hammam !
Au fil des semaines, ce rendez-vous entre amis fini par prendre une telle ampleur que la police dû les empêcher de continuer. Heureusement, grâce au soutien de salles et d’associations locales situées dans le quartier de Saint Gilles, nos joyeux comparses déplacèrent ces rencontres qui furent alors ouvertes au public. Lors des premières éditions, Il y avait une moyenne de 700 participants, avec un droit d’entrée à 4 euros et des « musiciens de rue et des artistes amis d’amis » invités. Maintenent, les
Antitapas réunissent plus de 3000 personnes, 75 nationalités et des gens de tous les âges. A plusieurs reprises, les organisateurs ont même dû décliner des offres de sponsoring, car « les soirées Antitapas n’ont pas été créées pour faire de l’argent». Leur objectif a toujours été de faciliter l’accès à la culture, de donner voix aux musiques du monde et, avant tout, de réclamer le droit de pouvoir être heureux – un concept tiré du film La colifata de Carlos Larrondo.
Pour résumer son travail, Raffaelle dit : « Nous avons apporté la plage dans le Nord ». Et une fois par an, ce sont aussi les mères des fondateurs de l’événement qui viennent depuis le Sud pour assister à l’Antitapas, monter sur scène et partager la philosophie de leurs enfants le temps d’une nuit.
L’histoire du « burrito »
Arrive le moment on l’on ne peut s’empêcher de poser la question inévitable : d’où vient l’âne, symbole des soirées ? La réponse n’est pas simple car il y a toute une histoire derrière … « Tous les 15 aout, il y a une grande fête à Torrepaduli, un petit village d’Italie. On y danse la tarentelle et on écoute la pizzica, toutes deux des danses et musiques traditionnelles italiennes. Alors que le soleil se levait et que les cloches de l’Eglise sonnaient, les jeunes continuaient à danser avec les grands-parents qui allaient à la messe. C’est à ce moment que nous sommes éclipsés pour aller dormir un peu dans une oliveraie : c’est l’Italie, on peut dormir dehors vu les températures ! Le brouhaha d’une foire animale nous a réveillés quelques heures plus tard. On s’est approchés, curieux de de voir ça de plus près, et au cœur de cette foule, on s’est retrouvés face à un âne, cet animal bien sympathique mais borné, qui avait l’air de penser encore à la fête de la veille … et avec un niveau de testostérone très clairement élevé ! Nous l’avons donc pris en photo, et c’est ensuite devenu notre symbole ».
Qui sont-ils ?
Antonio Guida: Production et “l’ambassadeur”
Paolo Melindi Ghidi: Relation avec les artistas et “le régleur de conflits".
Raffaele Ceré: communication, achats et horeca "le développeur".
Luca Demarchi: comptable et questions de sécurité "le gérant global"
Stefania Succi: employés et bénévoles "Il capo"
Une mention particulière pour :
Stephanie Grootaers, présentatrice et chargée des relations avec les artistes ainsi que Gaetano Saturno qui gère les ateliers organisés à l’Antitapas.
Translated from “Porque tenemos el derecho de ser felices”