Obama et l’Europe : une passade sans lendemain ?
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Sébastien VigneauDepuis le 31 mars, Barak Obama est en Europe. G20 et sommet de l’Otan, il a huit jours pour prendre sa place dans une équipe de dirigeants internationaux et confirmer l’intérêt des Européens pour sa politique. L’analyse de Martin Schain, professeur de sciences politiques à l'Université de New York.
Comment les relations transatlantiques vont-elles évoluer sous la présidence Obama ?
Les principaux problèmes datent des années 50. Les Américains veulent que les Européens soient plus actifs et les Européens veulent que les Américains soient plus responsables. L'administration Obama va demander aux Européens d'en faire plus en Afghanistan. L'Union européenne va demander aux Etats-Unis, par exemple, de s'investir dans la question du réchauffement climatique.
Le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner parle d'une « histoire d'amour » entre les Français et Barack Obama.
Si vous avez aimé la politique étrangère de Clinton, vous aimerez celle d'Obama. Il s’est tourné vers des gens de la période Clinton pour assembler son équipe en charge de la politique étrangère. Bien sûr, l'unilatéralisme a débuté avec la fin du second mandat de Clinton, mais les relations UE-US vont s'améliorer avec Obama car le nouveau président sera plus ouvert au dialogue et n'utilisera pas le même vocabulaire que l'administration Bush (comme parler de « vieille » et de « jeune Europe »). En bref, les fondamentaux seront toujours là, à l'exception de l'unilatéralisme. Mais certains conflits ne pourront être évités.
Comme en Afghanistan ?
Oui. Les Américains ont besoin des Européens sur plusieurs points. Les principales forces en Afghanistan sont européennes. Cela changera probablement compte-tenu de la volonté de l'administration Obama d'y envoyer plus de troupes. Mais elle demandera aussi plus de troupes aux Européens. Les règles d'engagement deviendront également plus agressives. Mais l'effort sera plus concentré.
Les Européens seront-ils déçus par Obama ?
Comment ne le seriez-vous pas en partant de 80 % d'opinion favorable en Europe ? Mais c'est un grand politicien. Il a tout de même battu Hillary Clinton ! Il a assemblé la meilleure machine électorale que je n’aie jamais vue, avec des organisations bien établies dans chacun des 50 états. C'est le seul candidat à ne pas avoir réorganisé son équipe. De plus, c'est quelqu'un qui comprend la nuance dans les politiques publiques. Il est comme Bill Clinton. Avec deux différences. Il est extrêmement bien organisé et il fait ce qu'il dit.
Quel modèle Obama a-t-il ?
Roosevelt. Les temps se ressemblent. Roosevelt était flexible, comprenait les politiques publiques et était très compétent.
Obama peut-il devenir le premier dirigeant mondial ?
D'une certaine manière, oui. Il s'adresse au monde. Regardez son discours à Berlin (le 24 juillet 2008). Il a vécu en Indonésie. Il a très certainement un charisme international. Par exemple, il n'est pas un afro-américain. Il est le fils d'un immigrant. D'une certaine manière, il est à la fois Africain et Américain. Son histoire est liée à l'esclavage, mais du côté de sa mère blanche, dont la famille a compté des esclaves.
Translated from Martin Schain as Barack Obama sets foot on European soil