Mon expérience de stagiaire italienne à Bruxelles
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Véronique MazetMon stage à Bruxelles fut ma première expérience seule à l’étranger, avant mon Erasmus. J’avais 22 ans et je venais de valider ma licence en Italie. Je me suis retrouvée embarquée dans un stage de deux mois pour les Affaires Étrangères d’Italie. Et j'ai vécu mille et une vies.
J’étais très excitée à l’idée de vivre à Bruxelles et ne m’y suis jamais sentie étrangère. C'est connu, la capitale de l'Europe ne possède pas vraiment d'identité bien définie à cause de son histoire et du nombre élevé d’étrangers qui y vivent. C’est la ville de personne donc celle de tout le monde.
House of Cards
Je n’étais malheureusement pas payée en tant j’étais stagiaire en communication à l’Institut Italien de la Culture de Bruxelles, qui promeut la culture italienne à l’étranger. Dommage, parce que mes journées dépassaient parfois 12 heures. Sachant que les boutiques ferment à 18 heures, difficile de trouver du temps pour faire autre chose, ne serait-ce que pour aller dîner.
Ma première journée n'a pas vraiment eu d'impact sur ma carière. Cinq minutes après mon arrivée, mon patron m’a demandé de faire des photocopies recto-verso, avec une photocopieuse qui avait plus de boutons qu’une navette spatiale. Les choses se sont néanmoins améliorées. Comme le veut la solidarité dans la galère, je suis devenue très amie avec les autres stagiaires qui sont devenus une famille de substitution pendant mon séjour.
Bruxelles est une ville de pouvoir politique. Ceci donne une image institutonnelle peuplée d'habitants sans scrupule. La légende veut que certaines personnes aient trahi leurs amis pour satisfaire des ambitions politique. Pourtant, si l'on s'éloignent des fantasmes véhiculés par House of Cards, on se rend vite compte que Bruxelles aussi, peut être sexy. En travaillant pour l'ambassade italienne, j’ai eu la chance de rencontrer de nombreux chanteurs et écrivains par exemple.
Des kots aux « AntiTapas »
Débarquée dans une capitale européenne, mon sentiment était partagé : tout était plus grand et plus important par rapport à ma vie à la maison, mais en même temps rien n'avait jamais été aussi simple. L’attitude ouverte des Européens du nord et de la communauté expat' italienne n'y était certainement pas pour rien. J’ai pu sous-louer la chambre d’un ami d’ami près de la place Flagey, à Ixelles, l'un des plus beaux quartiers de Bruxelles, où mon loyer était étonnamment peu élevé pour la ville.
Il fallait bien qu'il y ait un truc. Et en général, il survient dès que vous ouvrez la porte. Les pièces dans la maison étaient en réalité des Kots (chambres aménagées pour des étudiants, nda) avec un lit et un lavabo. Vous imaginez la suite : toilettes et douches communes, pas de salon. La seule pièce partagée était la cuisine. Je vivais avec huit Flamands mais personne ne m'adressait la parole car je ne parlais pas néerlandais. Je ne m'attendais pas à ce que les Belges soient si timides et introvertis et je me suis sentie très seule. Par-dessus tout, nous avions des conceptions bien différentes de la propreté. Bref, comment dit-on cauchemar en flamand ?
Par chance, j’ai rencontré de nombreux de stagiaires dans la même situation. Ils m’ont expliqué que les relations entre Wallons et Flamands pouvaient déteindre sur leur rapports avec les expats. Après quelques mois, j’ai donc déménagé avec une amie dans une autre maison, une vraie maison, à Matongè, le quartier africain. On a vécu une super expérience et nos colocataires belges étaient très sympas.
Il ne faut pas se mentir, la plupart des nouvelles relations, on les noue grâce au travail. Mais Bruxelles est une plaque-tournante de l'immigration et beaucoup d'évènements permettent de sortir du cadre de l'afterwork. Ainsi, j'ai rencontré d'autres personnes via des dîners organisés chaque semaine par « Couchsurfing ». Tous les mois, des Italiens et Espagnols organisent aussi des « AntiTapas ». Les AntiTapas ? Un concept de soirées à thème créé en 2008 par de jeunes expats qui fusionnent tout ce que la péninsule ibérique et le Bel Paese ont de mieux à offrir. Au programme : bonne bouffe, guitare sèche, tarentelle et bonne humeur. L’été, les mêmes personnes organisent des « Apéros Urbains », dans les parcs les plus célèbres de la ville.
Harcèlement de rue
Même si la vie est moins chère que dans d’autres villes européennes, certaines choses restent peu abordables pour le porte-monnaie d'un stagiaire. Oubliez le resto, la nourriture importée et prenez les transports public le moins possible. Pour le reste, Bruxelles regorge d'acivités aussi gratuites que diversifiées. Un écho, sûrement, à la dimension d'une ville européenne qui accueille de plus en plus de cultures étrangères au Vieux Continent.
Le gros point noir de Bruxelles réside de ce que l'on ne lui soupçonnait pas : l'insécurité. Il n'est pas rare de se faire siffler dans la rue quand on rentre seule le soir. Le problème du harcélement est devenu suffisamment important pour qu'un documentaire intitulée Femme de rue fasse beaucoup de bruit en 2012. Ça ne m'est jamais arrivée mais je ne suis jamais très sereine. Finalement, Bruxelles est bel et bien cette ville protéiforme dont l'identité change au gré de celles des autres. Bien malin celui qui sait de quoi sera fait la capitale de l'Europe dans les prochains jours...
Ils viennent d’horizons divers. Leurs vies pourraient prendre n’importe quelle tournure et prendre racine n’importe où. Face à l’imprévu, une chose semble pourtant inéluctable : à un moment ou à un autre, ils feront tous un stage. Portrait des stagiaires européens de 2015.
Translated from My experience as an intern in Brussels