Michael Gove : l'élève modèle du gouvernement britannique
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Anaïs DE VITAMichael Gove, secrétaire d'État à l'Éducation britannique, poursuit son programme de réforme avec acharnement. Insensible aux critiques, ses réformes sont décisives, bien que controversées. Mais de quoi Gove est-il le nom ?
Michael Gove, secrétaire d'État à l'Éducation en Grande-Bretagne, issu du parti conservateur, est une personnalité hautement controversée. Il figure pourtant parmi les députés de la coalition Conservateurs - Libéraux démocrates les plus populaires. D'où vient ce paradoxe du M. Gove l'increvable, à la politique tant décriée et tant louée à la fois ? Le fond de la polémique vient de sa perception d'un système éducatif britannique en difficulté et de sa volonté d'agir. Que l'impression qu'il donne soit bonne ou mauvaise, cela ne change en rien ses convictions. Voilà précisément d'où vient sa capacité à se faire bien voir tout en étant réformateur.
quand GOVE FAIT UN BRAS D'HONNEUR AUX EXPERTS
Ses réformes sont trop nombreuses pour être citées. Elles concernent des pans importants du système éducatif britannique : l'organisation des établissements et des examens, voire la refonte des programmes scolaires. Cette dernière réforme, plutôt que d'être inspirée des recherches menées cette année par l'Université de Cambridge, fait un pied de nez aux résultats de l'établissement prestigieux. Ces réformes ont en effet été façonnées par un esprit de compétition internationale, afin que « les jeunes anglais puissent rivaliser avec les meilleurs ». Les classements internationaux perturbent de plus en plus un système éducatif britannique en nette perte de vitesse.
C'est aussi à travers cette compétition internationale que Gove a voulu réformer l'organisation des écoles. S'inspirant largement de la Suède, il a inauguré un grand nombre d'écoles gratuites (free schools), payées par le contribuable sans pour autant dépendre du local government control (équivalent du rectorat français, ndt). Elles donnent directement leur bilan au Département de l'Éducation britannique et ne sont pas obligées de se conformer au programme du gouvernement, aux exigences de recrutement des professeurs ou aux normes nutritionnelles dans les cantines. En bref, ces écoles peuvent enseigner ce qu'elle veulent, employer qui elles veulent et laisser les enfants se nourrir comme ils veulent. Depuis que le précédent gouvernement travailliste les a mis en place, Gove s'est fait force de propositions. À en voir les rapports d'OFSTED (équivalent de l'Inspection de l'Éducation nationale, ndt) démontrant l'échec de certaines écoles et la nécessité de se convertir au nouveau statut, Gove aura su y reconnaître ses propres intérêts.
LA SUèDE N'A PAS RéPONSE à TOUT
Malheureusement pour Monsieur Gove, ce que fait la Suède ne doit pas forcément être reproduit au Royaume-Uni. En 1992, les Suédois, qui ont les allocations faciles, introduisent un système d'école gratuite grâce auquel les parents peuvent bénéficier de chèques de scolarité afin de placer leurs enfants dans des écoles à but lucratif financées par des intervenants extérieurs. Gove quant à lui a failli mettre à disposition des chèques de scolarité permettant aux organismes à but lucratif de monétariser l'éducation publique. Sage décision après les derniers scandales du gouvernement britannique, escroqué par des sociétés de service privées.
Le nerf de la guerre, ce sont les résultats PISA, démontrant que les jeunes suédois figurent plus bas dans le classement international. C'est un coup à double tranchant en raison de la fermeture du premier pilote des écoles gratuites, JB Education, et des centaines d'enfants suédois désormais sans école. On peut alors s'inquiéter du sort des écoles gratuites des îles anglo-celtes sponsorisées par deux organismes suédois, Kunskapssolan et Internationella Engelska Skolan.
Pour autant, ces événements ne semblent pas avoir touché le public. Il est clair qu'une part du Royaume-Uni réagit contre les réformes de Michael Gove avec horreur et indignation, mais pour une majorité de personnes, Michael Gove reste un ministre très populaire. Dans un sondage effectué parmi des partisans du parti conservateur en mai 2012, il est déclaré deuxième ministre le plus populaire du gouvernement avec 82 % des voix.
À fond la (ré)forme
Dans un parti qui a longtemps cru perdre son futur roi - un certain maire de Londres aux cheveux blonds (Boris Johnson, ndt) - des conciliabules portent déjà le Secrétaire de l'Etat à l'Éducation au pinacle. Ses deux ans et demi à un poste souvent peu reconduit ont scélé son destin. Mais, pourquoi ? Cet homme a lancé la machine à réformes sous les conseils de professionnels. Des réformes auxquelles les enseignants s'opposent farouchement. Un homme dont le souhait de réduire le budget du projet « Construire des écoles pour demain » (BSF, pour Building Schools for the Future, ndlr) dans six domaines a été considéré comme illégal car non concerté. Lui, qui a appliqué une politique de façon alarmante, qui a conduit au plus faible taux de réussite aux GCSEs (équivalent du brevet, ndt) de l'histoire entraînant la réévaluation à la hausse des examens d'anglais. L'avenir de milliers d'étudiants venait d'être boulversé.
Gove doit son succès à deux facteurs. Le premier, c'est que dans un gouvernement où l'on s'empresse de réduire le budget des services aux plus pauvres, il est considéré comme celui qui veut que les égarés du système public puissent s'en sortir. C'est un réformateur constant et un pourfendeur des syndicats des enseignants.
Le deuxième facteur, plus insidieux, c'est le sentiment que le système éducatif public du Royaume-Uni est en échec, sentiment que Gove est le plus à même d'exploiter pour être populaire. Déjà dans son discours Education, education, education, Tony Blair décrivait une école en difficulté ayant désespérément besoin d'être reformée. Avec Gove, les réformes se font plus lourdes mais aussi plus rapides. Le temps d'une approche pondérée des réformes est semble-t-il révolu, responsabilité que le gouvernement travailliste précédent devrait endosser. Pour le moment, il semble que le Secrétaire de l'Etat à l'Éducation soit infaillible, bien que la Suède ne soit pas tout à fait d'accord.
Translated from Tory poster boy Michael Gove motors ahead with education reform in uk