Macédoine : le chemin sinueux vers la démocratie
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nicolas bakerDotée d’une histoire politique aussi accidentée que sa géographie montagneuse, la Macédoine espère que les élections parlementaires tendues du 5 juillet aideront le pays à dépasser son passé chaotique.
Les élections attisent généralement les passions. Mais quand les observateurs qualifient d’« explosives » les quatrièmes élections générales macédoniennes depuis l’indépendance en 1991, il ne s’agit pas uniquement de rhétorique.
Quelques jours après l'annonce, le 15 juin dernier, de la tenue d’élections le 5 juillet 2006, des violences ont éclaté entre les adhérents des partis politiques d'ethnie albanaise -le Parti démocratique des Albanais (DPA) ou l'Union démocratique pour l'intégration (DUI) - mais aussi entre les électeurs des deux principales coalitions macédoniennes, l'Union sociale-démocrate (SDSM) et l'opposition nationaliste du VMRO-DPMNE.
Parmi les incidents qui ont émaillé la campagne, on a recensé une attaque à la grenade dans le quartier général de l’une des coalitions et une fusillade devant un centre commercial de la capitale Skopje.
Les observateurs de l'OSCE avaient déjà fait part de leurs « préoccupations profondes » face aux violences et irrégularités qui avaient terni les élections parlementaires de 2002. Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui espèrent que l’échéance électorale de cette année représentera un premier pas vers la normalité politique.
La signature d'un « code de conduite » entre les différents leaders de partis semblait pourtant aller dans le bon sens. Mais alors que le scrutin s’est déroulé de manière pacifique, le Premier ministre Vlado Buckovski ayant rapidement admis sa défaite face au chef de l'opposition Nikola Gruevski, au moins vingt événements violents ont été recensés pour le seul mois de juin.
Dans une déclaration conjointe, le représentant spécial de l'UE Erwan Fouéré et l'ambassadrice des Etats-Unis dans la région, Gillian Milovanovic, ont exprimé leur « profonde inquiétude » devant les violences préélectorales et affirmé que de tels actes menaçaient d'entraîner « de sérieuses conséquences, dommageables pour les aspirations européistes du pays. » Heureusement pour la Macédoine, il semblerait que ces avertissements ont été entendus.
Une feuille de route qui traverse les montagnes
Les violences récentes sont pourtant symptomatiques d'un plus gros problème en Macédoine. Malgré l'accord de paix d'Ohrid signé en 2001 à la demande de l'UE et de l'OTAN qui a empêché le pays de sombrer dans la guerre civile, de nombreuses tensions politiques et ethniques perdurent.
Alors que cet accord a tenté de soulever la question des droits des minorités en échange du respect des frontières territoriales du pays par les rebelles albanais, il n’évoque nulle part la mise en place de réformes structurelles et judiciaires.
Le texte a également conduit à l’arrivée au sein du gouvernement d'anciens insurgés comme l’ancien porte-parole de l’armée de libération albanaise de l’UCK, Ali Ahmeti. Résultat : une paix fragilisée et une démocratie que l’ONG International Crisis Group (IGC) décrit comme une « immature et vulnérable à l'action de saboteurs qui cherchent à prendre le contrôle ou exploiter un processus imparfait de réforme. »
Les empêcheurs de tourner en rond ont d’ailleurs beaucoup à gagner dans le pays. La corruption est endémique et les récentes scissions dans l'électorat macédonien vont obliger le VMRO-DPMNE victorieux à s’appuyer sur des partenaires issus d'un parti albanais, s’il espére pouvoir gouverner. En retour, ces derniers pourraient profiter de portefeuilles particulièrement intéressants tels que l'économie et l'emploi.
Les collines qui encerclent Skopje symbolisent parfaitement les obstacles que ce pays de deux millions d'habitants devra surmonter dans les années à venir. Avec un chômage qui stagne à 38%, un pouvoir judiciaire « longtemps reconnu comme inefficace, corrompu, et soumis à des pressions politiques" » et même un nom du pays sujet à controverse, les Macédoniens espèreront que l'élection d'un nouveau gouvernement mènera à une accélération des réformes économiques et judiciaires entamées.
Les observateurs inquiets, comme l'Union européenne qui a concédé à la Macédoine le statut de pays candidat à l'intégration, espèrent la même chose.
Le nom du pays reste un sujet de débat. L'Onu et l'UE reconnaissent l'Ex-république yougoslave de Macédoine, alors que les Etats-Unis, la Chine et la Russie le reconnaissent le pays par son nom constitutionnel 'République de Macédoine
Translated from Macedonia’s rocky road to democracy