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Ma soirée avec Vetusta Morla

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Anaïs DE VITA

Culture

J'ai passé une nuit à Paris avec ma coloc' espagnole et le groupe le plus écouté de la péninsule ibérique. Une occasion parfaite pour (ré)apprendre la légéreté qui vous emporte jusqu'à 5h du matin. 

Y'en-a-t'il parmi vous qui connaissent Vetusta Morla ? Si on posait cette question à des Espagnols, ils vous répondraient que c'est le groupe indé le plus écouté de la péninsule. Déjà trois albums à leur actifs et trois disques d'or. Jusque là, c'est pas mal. Quatre des six Vestusta se trouvaient au Grand Rex à Paris pour récupérer leur Melty Future Award, et ma coloc' espagnole, Carla, mourrait d'envie d'échanger quelques mots avec un des membres de son groupe préféré. Armé de mon « castillan » de vache espagnole, je suis mon amie et les quatre musiciens dans une petite salle fumeurs. Comment pouvais-je deviner que j'irais dans une discothèque des Grands Boulevards avec ce groupe deux heures plus tard ?

Carla est en pleine montée d'euphorie : elle parle vite avec tous les membres du groupe, à qui elle précise qu'elle a vu tous leurs concerts. Quant à moi, je sympathise avec Juanma, guitariste et claviériste du groupe, en lui décrivant mon enthousiasme pour Franco Battiato. « Je suis un grand fan de Battiato, lui dis-je et déjà j'ai les yeux qui brillent. C'est un de ces artistes que je ne peux m'empêcher d'écouter. Puis son album avec Anthony est juste magistral : le choc des titans. » Voilà de quoi briser la glace : demander « Tu écoutes quoi en Italie ? », m'entraîne dans un discours passionnant sur Francesco De Gregori pour finir, je ne sais plus très bien comment, par parler Calibro 35 (groupe de jazz/rock fusion milanais formé en 2007, ndt). À ce moment là, je cesse étrangement ma frénésie verbale : je ne suis plus que curiosité, avide de petites anecdotes, de voyages et de morceaux de vie que le musicien pourrait me raconter.

Un fourgon pour un rêve de gosse

« J'ai été critique musical pendant dix ans, puis on m'a proposé de faire partie de Vetusta Morla. Au début c'était très dur, on travaillait presque toute la semaine. Pendant l'année, j'étais contraint de choisir mes vacances en fonction des dates des concerts du groupe. Il fallait trancher. » C'est ainsi que Juanma a choisi Vetusta. Choisi les voyages pour une tournée en fourgon sur le Vieux Continent et la monotonie qui vous tiraille pendant de longues heures d'autoroute, comme lors de ce concert inoubliable au Mexique qu'il me raconte. Choisi de parier sur une vie où l'adrénaline embrasse l'imprévu, où la liberté sur scène limite celle de tous les jours. Aujourd'hui, La Deriva, leur dernier album, est disque d'or. Et demain, on en sait rien.

« Il ne faut pas croire que ça a été facile, aussi cool et excitant que cela puisse paraître, m'assure le guitariste. On travaillait tellement, on était souvent loin de chez nous... mais je vis un rêve de gosse. J'aime cette vie et surtout j'aime mon métier. Le voyage, le risque : tout ça fait partie du jeu. » C'est finalement ce que dit « Copenhague », assurément la chanson la plus connue du groupe : « Dejarse llevar suena demasiado bien/ Jugar al azar/ nunca saber dónde puedes terminar... /o empezar » (« Se laisser aller semble trop beau/Laisser faire le harsard/Ne jamais savoir où tu finiras...ou commenceras. »)

Copenhague - Vetusta Morla (2008)

Il est 5h du matin quand Carla et moi prenons un taxi pour rentrer : elle est encore excitée après cette soirée, elle regarde les photos que nous avons prises avec le groupe, les commente et se met à rire. Moi, je repense encore aux mots de Juanma et à l'extraordinaire légèreté qu'il m'a insufflé : cette légèreté joviale et inespérée, celle que l'on vit quand on est à l'étranger et qu'on a envie de chanter à tue-tête dans la rue, sans se soucier de ce que peuvent dire les gens.

Translated from La mia serata coi Vetusta Morla