Lituanie : ma petite entreprise ne connait pas la crise
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La plupart des jeunes européens dans la vingtaine vont de stage en stage alors qu'ils désespèrent de trouver leur premier vrai job en CDI. Un nouveau mouvement émerge à Vilnius où les jeunes lassés de ces emplois précaires se raccrochent à leur esprit d'entreprise et à leur propre inspiration. Voici le parcours de 3 d'entre eux.
Alors que certains Lituaniens sont partis tenter leur chance à l'étranger, d'autres jeunes entrepreneurs ont choisi de rester au pays, persuadés qu'il est possible d'y construire le type de vie qu'ils souhaitent mener. Gintaras Gimžauskas, Dovilė Rinkūnaitė et Paulius Ambrazevičius ont terminé leurs études en 2004, le début de leur vie d'adulte coïncide donc avec l'entrée de la Lituanie dans l'UE et le moment de nouvelles opportunités professionnelles pour les jeunes. Tous trois ont connu des parcours inhabituels. Après avoir terminé leurs études, ils ont débuté leur carrière en occupant des postes dans les relations publiques ou le marketing qui en auraient fait rêver plus d'un, mais ils se sont vite lassés de la routine du bureau et ont décidé de se lancer dans quelque chose de différent. Leur entourage émet quelques réticences face à ces choix, mais, souligne Dovilė, les questionnements ne font que renforcer leur détermination. Vox-pop.
Gintaras Gimžauskas, co-foundateur de Contentum Entreprise de communication et de relations publiques
Gintaras rêvait de fonder son entreprise depuis plusieurs années, mais n'avait pas encore rencontré les bonnes personnes ni les bonnes circonstances. Sa décision de quitter son emploi en novembre 2011 pour devenir journaliste et rédacteur freelance a été la première étape de ce projet. « Ayant goûté au travail en tant qu'indépendant, je ne voulais pas me retrouver coincé dans un travail de salarié. » Les circonstances l'ont poussé à renouer d'anciens contacts, parmi lesquels son associé actuel. Leurs discussions à propos de la création d'une entreprise commune a rapidement abouti. Ils sont maintenant trois à travailler au sein du projet.
« Parfois, je me demande quel chemin j'aurais suivi si j'avais été jeune aujourd'hui, avec les blogs et les réseaux sociaux existants », s'interroge Gintaras, qui a grandi dans la périphérie de Ignalina à l'est de la Lituanie. « À l'époque, je n'avais pas d'ordinateur, j'écrivais mes articles à la main et je les tapais ensuite au bureau du journal local. Aujourd'hui j'aurais sans doute plongé dans le journalisme plus tôt. » L'expérience a montré à Gintaras que les opportunités de carrière sont très limitées pour les journalistes. Il s'est essayé aux relations publiques et a pu se rendre compte de la différence entre l'indépendance financière et l'indépendance du contenu – il écrit toujours des articles, mais il apprécie de ne pas subir de pression à cause de problèmes financiers.
'ceux qui se souviennent de la période soviétique, n'ont pas un rapport très positif aux affaires.'
« J'ai toujours cru que chacun avait exactement ce qu'il avait créé ou accompli lui-même », déclare Gintaras. « Mais le changement d'attitude envers l'esprit d'entreprise demande un changement de génération car les plus âgés, ceux qui se souviennent de la période soviétique, n'ont pas un rapport très positif aux affaires. » Optimiste, il poursuit : « J'espère que mes articles sur le lancement d'entreprises ont aidé au moins une personne à améliorer son projet. J'ai toujours cru aux principes "Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde" et "Il vaut mieux regretter ce que vous avez fait que ce que vous n'avez pas fait."»
Dovilė Rinkūnaitėa co-fondatrice de Čiop Čiop, une entreprise de restauration qui propose des cours de cuisine.
Dovilė née Kaunas affirme qu'elle voulait avant tout s'amuser quand elle a débuté son entreprise, élue parmi les meilleures start-up lituaniennes en 2011. Elle trouvait important de développer son affaire dans son propre pays, en dépit de la froideur et de l'intolérance de beaucoup. « La manière dont on vit ne dépend que de nous. Je ne vois pas l'intérêt de partir dans un autre pays pour y chercher quelque chose. » À l'école, les matières favorites de Dovilė étaient la philosophie et l'écologie. « Nous avons commencé avec des amis de la fac. Maintenant, notre équipe s'élargit, nous avons engagé des personnnes passionnées par la nourriture et par leur job. Le secret de notre succès est que j'ai débuté ce projet avec les meilleurs dans leur domaine. » La mission de Dovilė est de transformer l'image de la cuisine lituanienne, souvent associée à des pommes de terre grasses, à quelque chose « d'intéressant, élégant et léger. »
Pour ceux qui aspirent à créer leur entreprise mais hésite à s'y risquer, Dovilė conseille: « Essayez de vivre dans les conditions les plus simples, comme je l'ai fait avec 1,50 euros par jour ou dans un monastère au Nepal. Supprimez tout ce qui n'améliore pas votre vie, dans mon cas : trainer dans les bars, acheter, des choses et des films sans intérêt, les sites d'informations et les gens qui vous retiennent d'avancer. Ça ne vaut pas la peine d'essayer si vous n'êtes pas prêt à changer de personnalité et à renaître. C'est douloureux, mais ça en vaut la peine. »
Paulius Ambrazevičius, humoriste, traducteur et quiz-master
En 2008, ma mère m'a envoyé une question venant de ma grand-mère : « Quand Paulius trouvera-t-il un travail normal ? ». Pour les personnes âgées, il est difficile de comprendre qu'on puisse ne pas vouloir être attaché à un lieu ou à un emploi. « Bien sûr, ce n'est pas agréable de constater que des projets importants comme des traductions ou la publication de deux livres de quiz ne sont pas assimilés à un emploi normal », raconte Paulius, de Humoro klubas, le groupe de « pères fondateurs » de la stand-up comedy lituanienne.
« On me demande souvent comment je suis capable de me concentrer pour travailler à la maison. Les dates butoirs m'inspirent. » Les nouvelles passions de Paulius sont les quiz télévisés sur le basket qui ont commencé en mars et les voyages à travers les villes lituaniennes. Paulius, qui a grandi dans le village de Liepalotai, à l'ouest de la Lituanie, aime rencontrer des Lituaniens expatriés. « Je ne reste jamais à rien faire, quand j'ai un trou dans mon emploi du temps, je pense à quelque chose, j'ai toujours été ainsi. » Ses conseils sont : « Y a-t-il quelque chose que tu fais si bien que tu pourrais en vivre ? Si oui, prévois quelques économies car les débuts sont toujours durs et lance-toi. »
Paulius courtesy of © Paulius Ambrazevičius official facebook page/ video (cc) Edgaras Onyxz/ youtube
Translated from LinkedIn Lithuania: Crisis is catastrotunity for creative entrepreneurs