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L’industrie du sport frappée par la crise économique

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Default profile picture Fiona Scuiller

Style de vie

De l’autre côté de l’Atlantique, la NBA reste plutôt calme. En Europe, on s'affole. Les budgets de la Formule 1 et du championnat de foot anglais sont ric-rac, comme celui des JO 2012 à Londres. Panorama.

La Formule 1, pourtant célébrée comme l’empire multimilliardaire, est en train de détruire son image flamboyante à coup de « réductions budgétaires importantes », qui seront appliquées dans les saisons à venir. L’annonce a été faite le 21 octobre dans un communiqué de presse émanant de la FIA (Fédération internationale de l’automobile), l’organe directeur et de la FOTA (Formula One teams’ association), l’association des équipes de Formule 1. Max Mosley, le président de la FIA, a qualifié les coûts de la F1 comme étant tout simplement « impossibles à maintenir ». Même avant l’arrivée de la crise financière, les dépenses excessives empoisonnaient ce sport à tel point que les « équipes indépendantes sont à présent dépendantes du bon vouloir de riches individus et que les équipes de constructeurs dépendent de dons massifs de la part de la maison mère. »

« Les coûts sont impossibles à maintenir »

Il est possible que les mesures budgétaires entreprises ne soient pas une bonne stratégie. Les différents changements qu’a apporté la FIA au règlement n’ont pas été bien accueillis par les membres de son propre camp. Le 27 octobre, Ferrari a menacé de se retirer de la compétition suite à la nouvelle règle imposant aux compétiteurs de n’utiliser qu’un « seul moteur et système de transmission » dans les saisons à venir. Fernando Alonso, le pilote de Formule 1, a lui-même réagi lors d’une conférence de presse le 2 décembre dernier : « Si ce moteur devient la norme, je commencerais à réfléchir à ma retraite. »

(Wikimedia)A l’évidence, la crise compromet les règles du jeu de la course automobile. Et elle chamboule les championnats à venir en 2009. La Fédération française du sport automobile a annoncé le 15 octobre dernier l’annulation du Grand prix de France (qui sera sûrement remis sur les rails en 2010 grâce au sponsoring de Disney) et en Allemagne, un seul des deux circuits du Grand prix national pourra être ouvert à moins que des sponsors ou l’Etat s’investissent financièrement. Dernier en date à jeter l'éponge, Honda, le constructeur automobile japonais, a annoncé son retrait de la F1, le 5 décembre.

Football : des dégâts dans le championnat d’Angleterre

La Formule 1 n’est qu’un seul des nombreux sports à suivre le même modèle de financement, recevant l’essentiel de son support de riches bienfaiteurs, pontes des marchés financiers. John Print est directeur sportif du football et directeur des opérations de l’agence internationale Sports Management Worldwide pour le Royaume-Uni. Selon lui, l’industrie du sport est sensible à la crise internationale à cause de ses nombreux liens avec le marché financier. « Le sport souffre plus dans la crise actuelle que dans d’autres pour la simple raison que le modèle de recettes sportives est devenu de plus en plus complexe. » Auparavant, la principale source de recettes du monde du sport provenait de la vente de tickets, de nourriture, de boissons et des produits dérivés. Le sport d’aujourd’hui a changé et est devenu un « modèle de recettes basé sur les grosses affaires ». Il souligne également que « l’internationalisation des droits de télévision a fait de ces droits médiatiques et de ces sponsors sous contrat, une source de recettes si importante que la vente de tickets est devenue secondaire. »

« Les propriétaires ont du mal à récolter des fonds pour l’achat de stars du football »

Aux yeux de John, le football ne s’en sortira sans doute pas indemne. Cette discipline est complètement piégée dans une toile de problèmes financiers car elle est extrêmement dépendante des investisseurs et du sponsoring. « La crise financière actuelle aura des répercussions sur l’industrie du football parce qu’elle a de très nombreux investisseurs étrangers très sérieusement capables de mettre en péril le futur d’un club », prévient-il. Des clubs anglais comme West Ham United ou Liverpool sont déjà paralysés par la débâcle financière. « Le club de West Ham a été durement touché avec la perte d’un des principaux sponsors maillot. » Le contrat avec la société XL Holidays était de 7,5 millions de livres. Déjà, un nouveau contrat a été signé le 4 décembre dernier avec le bookmaker asiatique du sport SBOBet.com, d’une valeur de près de 3 millions d’euros. « On met Bjorgofur Gudmundsson, son propriétaire islandais, sous pression pour qu’il vende le club. Le club de Liverpool a également été touché par la crise financière à travers le financement du nouveau stade de Kirkby. Les propriétaires ont du mal à récolter des fonds pour l’achat de stars du football. »

Le basket-ball américain et les JO de Londres : moins de drame, plus d’optimisme

D’autres branches de l’industrie du sport connaissent une réaction moins dramatique alors qu’elles entament des réductions budgétaires. Le 15 octobre, la NBA (National Basket-ball Association, l’association nationale de basket-ball américaine) a annoncé qu’elle se débarrasserait de 9 % de sa main d’œuvre américaine. Néanmoins, dans un souci d’expansion internationale en Chine, elle a remporté des contrats de joint-venture avec AEG, entreprise spécialisée dans le divertissement.

(Manuel.A.69/flickr)

A Londres, les organisateurs des Jeux olympiques de 2012 n’ont pas encore publié de communiqué officiel. Mais le Royaume-Uni a particulièrement souffert des coups de la pénurie de crédits et la récession se profile. Pour Londres 2012, il ne faudra pas dépasser un budget fixé à 11 310 millions d’euros. Avec la crise, il faut réduire les dépenses, sans perdre de crédibilité. Il s’agit de réutiliser de vieilles infrastructures sportives ou revoir à la baisse le nombre de chambres, de 4200 à 3000, destinées aux athlètes qui vont devoir se serrer un peu dans le village olympique. La crise du logement fait craindre aux organisateurs qu’ils ne puissent après les Jeux revendre ces bâtiments et rentrer dans leurs frais.

« Ce sera passionnant de voir ce qui va arriver à Newcastle United et à West Ham dans les mois à venir »

Cependant, la confusion qui règne actuellement dans le monde de la finance n’amoindrit pas l’optimisme de John en ce qui concerne l’industrie du sport, en particulier le football. « La crise financière sonnera le réveil pour les propriétaires de clubs. Elle les rendra conscients de leur responsabilité vis-à-vis du succès du club tout comme de leur devoir de garantir la sécurité financière du club à long terme, pour les fans et la communauté. » John est également convaincu que les clubs resteront des noms de marque commercialisables et qu’ils seront bien gérés par leurs propriétaires expérimentés. « Même si un propriétaire rencontre des problèmes et qu’il veut vendre, il y aura toujours des gens intéressés. Ce sera passionnant de voir ce qui va arriver à Newcastle United et à West Ham dans les mois à venir. Même si aucun des deux clubs n’a été vendu, il n’y a pas eu un manque d’intérêt de la part des acheteurs », conclut John. Pour l’instant, c’est le nom de Philip Anschutz, magnat américain, qui est annoncé pour la reprise de Newcastle United.

Translated from F1, Premier League football and London Olympics hit by crisis