Les fêtes de ruptures en Europe : Chéri je divorce ! On boit un coup ?
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Amandine ParlangeQui a déjà fait péter le champagne après un divorce ? Pas mal de monde en fait. C’est en tout cas monnaie courante dans le monde des « divorces parties » où la séparation est célébrée comme le coup de foudre. Les fêtes de rupture ont même tout du mariage... mais à l’envers : des pièces montées avec des jeunes mariés décapités aux banderoles « just divorced ».
Inspiré par une mode américaine, un nombre grandissant d’entreprises et de services sont désormais opérationnels au Royaume-Uni, en France et en Allemagne. Parmi les membres de l’Union européenne, le divorce ne pouvait être possible avant 1970 en Italie, avant 1995 en Espagne et en Irlande et, plus récemment, avant 2001 à Malte. Cela ne semble pas surprenant que le phénomène des divorces et des fêtes de séparation viennent des États-Unis. Christine Gallagher, auteur de The woman’s book of divorce (2001) et de The Divorce Party Planner: How to Throw a Divorce Or Breakup Party (Comment réussir sa fête de rupture, ndlr) (2006), prétend avoir inventé ce concept en 2003, dans le but d’apporter un rituel dont les humains ont besoin pour gérer les difficultés de la transition de la vie. Gallagher pense que ces rituels fournissent du confort et le sens de l’appartenance à une communauté.
Et en effet, elle semble être sur la bonne piste : le marché de niche a traversé l’Atlantique et s’est répandu en Europe. De façon quelque peu ironique, les fêtes de séparation sont arrivées très tôt sur le territoire de l’amour : la France a saisi l’opportunité rapidement via Julie Vincent et Rebecca Hazan, amies, de la WoF (The wedding out factory - l’usine de sortie de mariage, ndlr) qui a commencé à développer ses services pour les fêtes de séparation en 2006. Puis, cela aurait pu être prédit : Gallagher déclare que nous pouvons prendre exemple sur les Français qui « sont super cool avec les problèmes de cœur. » D’après les données d’Eurostat datant de septembre 2011, le taux de divorce a augmenté d’une personne sur 1000 en 1970 à deux personnes sur 1000 en 2008. En 2010, le plus haut taux de divorce a été enregistré en Lituanie et en Belgique ; le plus bas en Irlande, en Italie, en Slovénie et en Grèce. Sinon, selon le quotidien The Independent du 11 octobre, 13% des 1 millions de divorces à travers l’Europe en 2007 concernent des conjoints dont l’origine nationale est différente.
Un business rentable
« Nous pouvons prendre exemple sur les Français qui « sont super cool avec les problèmes de cœur. »
Cependant, il y a plus important encore. Des compagnies anglaises, autrichiennes et allemandes ont attiré l’attention sur l’importance de célébrer ces événements. Par la suite de nombreuses entreprises se sont totalement emparées de ce marché lucratif. Eventhelden.de, un site web allemand qui propose une gamme de service, fondée Ramin Ziai etJohn Minah à Cologne en 2008, en comparant les prix pour l’organisation de ces événements, a vu le nombre de ses clients largement augmenté, sachant que le pourcentage de divorce est en hausse en Allemagne (5ème pays dans le classement d'Eurostat), et que l’on s’attend à une plus grande augmentation encore dans les prochaines années. Les entreprises organisant des fêtes de séparation sont certaines d’obtenir leur part d’action, ou plutôt, leur morceau de gâteau de fête de divorce. Les firmes allemandes et autrichiennes ont même fait leur promotion lors de foires aux divorces : évènement au cours desquels les gens peuvent avoir des informations sur le processus de divorce et échangent avec des professionnels tels que des avocats, des psychologues pour enfants et (bien entendu) des organisateurs de fêtes de divorce.
« Pourquoi ne pas célébrer ce bazar ? »
Vous devez être sceptique mais ces entreprises affirment faire bénéficier aux nouveaux célibataires d’un vrai service. Divorce party planner, entreprise implantée au États-Unis déclare que ces fêtes peuvent être un merveilleux moyen pour les couples nouvellement divorcés de remercier toutes les personnes qui ont été présentes pendant l’épreuve de la séparation. Évidemment ce genre de fêtes est en train de se répandre de plus en plus tout comme le tabou du divorce est en train de se faner dans de nombreuses cultures. Néanmoins, cette attirance pour ces fêtes est pour le moins intrigant. Pourquoi, après tout, voudriez-vous célébrer la fin d’une relation et les espoirs qui allaient avec ? Depuis la France, Minnie nous explique. Elle nous raconte que survivre à l’épreuve d’une séparation ou d’un divorce est souvent quelque chose de plus noble que la célébration en soi. Elle pense qu’après deux années de litiges et de temps difficiles, elle était prête à entrer dans une nouvelle vie. « Alors pourquoi ne pas célébrer ce bazar ? »
Ce concept des fêtes de séparation a été créé à la base par une femme : est-ce essentiellement un concept féminin ? Après tout, le phénomène a été principalement colporté dans les magazines féminins et il est clair que ce marketing provenant de ces entreprises organisatrices a pour cible les femmes. Cependant, en juin dernier, le chanteur des White Stripes, Jack White et sa femme Karen Elson ont organisé une fête pour célébrer leur divorce. Ils ont déclaré : « nous restons très proches et co-parents pour nos merveilleux enfants Scarlett et Henry Lee. Nous nous sentons si heureux de l’époque où nous avons passé du temps ensemble et nous continuerons à en dépenser ensemble mais séparément, pour regarder nos enfants grandir. » Les fêtes de séparation ne sont pas par conséquent limitées aux femmes. De plus, ce n’est pas un événement exclusivement réservé à l’un des partenaires. Organiser une fête de rupture ensemble peut signifier le terme d’une époque passée en couple mais de manière amicale et respectueuse, ce qui était d’ailleurs l’intention de Jack White et Karen Elson. Quelque soit la motivation derrière ces fêtes de séparation, elles sont en très nette augmentation. Pensez juste la prochaine fois que vous achetez un cadeau de mariage : devrais-je aussi acheter un cadeau de divorce ?
Photos : Une (cc) kk+/ Flickr/ staticphotography.com; Campagne israélienne (cc)Hadar/ Flickr; Divorce party (cc)chiaraogan/ Flickr/ chachiincharge.com/
Translated from The rise of divorce parties in Europe