Les étudiants anglais snobent les langues étrangères
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Jimmy DevemyLes Anglais pourraient-ils encore moins bien maîtriser les langues étrangères qu’aujourd’hui ? Il semblerait que ce soit le cas. Dans le Royaume-Uni du XXIème siècle, plus de jeunes que jamais se demandent pourquoi ils auraient à apprendre une deuxième langue.
Le Royaume Uni est le paradigme de l'état européen à langue unique, sa réticence à apprendre des langues étrangères se situant au cœur de son détachement culturel du territoire « babélien » . « Apprendre le français au Royaume Uni est à peu près aussi utile qu’apprendre le piano » affirme Steve, 25 ans, originaire de Swindon. « Cela sonne bien et c’est très divertissant, mais pour trouver un emploi, sa connaissance pourra juste servir à faire bonne impression durant un entretien d'embauche. »
Statistiquement, la perception de Steeve des langues vivantes semble très répandue. Depuis que le gouvernement travailliste britannique a décidé de baser l'étude des langues étrangères sur le principe du volontariat pour les 14-16 ans en 2004, le nombre de jeunes ayant un quelconque intérêt à apprendre une deuxième langue chute de manière catastrophique. Durant les dix dernières années, le nombre d'étudiants optant pour le français ou l'allemand dans leurs examens du GSCE (certificat d'études secondaires) a chuté d’un consternant 50%. Rien que pour 2010, le nombre d'étudiants britannique apprenant le français a baissé de presque 6%, faisant sortir cette langue du top-ten des sujets les plus étudiés au Royaume Uni. Et ce pour la première fois.
Le français c’est sympa, mais bon…
Ce problème a atteint de telles proportions que le gouvernement britannique a dévoilé un tout nouvel examen d'état, nommé « baccalauréat anglais », afin de répondre au manque d'intérêt pour les langues étrangères dans le pays. Le ministre de l'éducation, Michael Gove, s'inquiète que cette fuite linguistique des cerveaux puisse laisser le pays vulnérable face à des pouvoirs mondiaux plus déterminés : « Je suis bien conscient que de moins en moins d'étudiants apprennent des langues étrangères » déclare-t-il dans le journalThe Independent. « Des pays asiatiques nous ont largement dépassé dans le domaine scientifique et ils en récoltent déjà les bénéfices culturels et économiques. »
Néanmoins, ce baccalauréat ne parvient pas à répondre à la question fondamentale posée par les statistiques du mois dernier : pourquoi les étudiants britanniques sont-ils moins motivés que jamais à l'idée d'apprendre des langues européennes? La nature même de ce nouvel examen d'état menacerait d’ailleurs d'empirer la situation - les étudiants qui réussissent le baccalauréat - d'après The Independent – « recevront un certificat spécial qui leur permettra d'avoir plus de poids vis à vis des employeurs et des universités. » L’attribution de telles médailles superficielles du mérite ne font que renforcer l'impression des Britanniques vis à vis des langues étrangères, considérées comme des « réussites sympas » et non en tant que compétences réelles et utiles.
L’anglais par défaut
Bien que les Britanniques soient régulièrement critiqués pour leurs limites linguistiques, la plupart ont du mal à y voir le problème que cela pose. « Les critiques européennes visant les Britanniques sont souvent enfantines », affirme Steeve. « Elles sont basées sur de basses jalousies et des aigreurs provinciales plutôt que sur de réelles et pragmatiques considérations. Ce n'est pas de notre faute si notre langue maternelle est adoptée par le monde entier. Je parle espagnol et allemand, mais lorsque je me rends à une conférence internationale à Madrid, tout le monde communique en anglais - pour la plupart des européens, c'est leur deuxième langue par défaut. » En août, l'ancien membre du parlement britannique Mark Oaten, libéral-démocrate, a fait sensation en déclarant à la chaîne de télévision Sky News : « la langue internationale des affaires est l'anglais. Apprendre l'allemand est inutile. Je préfèrerais que mes enfants apprennent quelque chose de réellement utile plutôt que l'allemand. Cela ne va pas les aider à trouver un emploi. »
Pendant ce temps, le vide laissé par les langues étrangères sur le CV se remplit de façon surprenante. L'année 2010 a connu une montée significative du Latin dans les écoles publiques, 58 écoles supplémentaires devant enseigner cette matière ce mois-ci. Le grec ancien fait également un retour remarqué, 13 nouvelles écoles publiques du primaire dans l'Oxforshire proposant cette matière cette année. Le gallois, un temps en danger, se réjouit également de sa hausse de popularité - d'après les dernières statistiques le nombre des 5-14ans qui parlent cette langue a augmenté de 14,5% entre 1999 et 2001. Parallèlement, le nombre de foyers aux langues mixtes est en hausse de 14,1% au Pays de Galles. Alors qu'une génération d'étudiants britanniques va être diplômée du secondaire sans aucune notion d'une langue étrangère, le « baccalauréat anglais » semble être une bien faible mesure pour remédier à un virage sans précédent du Royaume Uni vers une insularité linguistique.
Photo : Une(cc) broma/ Flickr/ joshpesavento.com/
Translated from ‘Learning German is pointless’: British students abandon foreign languages