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Le patinage au Pays-Bas : victime du réchauffement climatique !

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Default profile picture Claire Suaud

Style de vie

Le patinage de vitesse est un sport très populaire aux Pays-Bas. En témoigne la « course des onze villes » qui fait une boucle de presque 200 kilomètres à travers les canaux, rivières et lacs gelés de la région de Frise, située au Nord du pays. Mais avec le réchauffement climatique, cet événement populaire est en voie de disparition.

Lorsqu’elle a lieu, elle attire plus de 15 000 patineurs amateurs, prêts à relever le défi. Alors, si vous êtes partant pour le centenaire fêté cette année, n'oubliez pas d'apporter votre polaire ainsi qu’une bonne bouteille de vin pour vous réchauffer. Vous l’aurez compris, les athlètes participant à la « course des onze villes » ne sont pas comparables à des chevaux de course bien entraînés. Ce sont des chevaux de labour, des gens qui connaissent le terrain, des agriculteurs qui ont grandi dans ces conditions de froid et ont appris à en ignorer la douleur, des gens qui savent à quoi s’attendre. Le gagnant sera acclamé, et laissera son nom dans l’histoire de la course. Mais la plus grande récompense de ses efforts sera la gloire éternelle dont il pourra jouir.

Après le football, le patinage de vitesse

Enfin… une « gloire éternelle » aux Pays-Bas seulement ! Car là-bas le patinage de vitesse y est particulièrement populaire : il s’agit en effet du deuxième sport le plus apprécié après le football. A l’exception de la Norvège et de l’Allemagne, peu de pays prêtent attention à cette discipline. J'étais aux Etats-Unis lors de la seizième édition de la course des onze villes (1997), et CNN lui a dédié une plage entière de… trente secondes.

La région de Frise, et la Royal Association of the Frisian Eleven cities, sont toujours très fières d'organiser l'événement dans les onze villes : Leeuwarden, Sneek, IJlst, Sloten, Stavoren, Hindeloopen, Workum, Bolsward, Harlingen, Franeker et Dokkum. C’est l’un des rares moments de l’année où l’ensemble des Pays-Bas a les yeux rivés vers le Nord et s’intéresse de près aux événements qui s’y déroulent. Pour un jour, les Hollandais se montrent curieux envers leur « minorité frisonne » et ressentent même parfois un peu de patriotisme frison. Certains vont jusqu'à boire de la Beerenburg (liqueur frisonne) pour se réchauffer, et enroulent un drapeau frison autour de leurs épaules.

Montée de température

(beleefFriesland.nl )A certains endroits de la course (appelés points kluning ou « Klunen »), la glace trop mince voire inexistante oblige les coureurs à marcher avec leurs patins. Il s'agit là d'une épreuve qui demande une grande habilité, car les entorses de cheville ne sont pas loin. Le vainqueur de la dernière course, qui a eu lieu en1997, est Henk Angenent, un agriculteur de 41 ans. Parmi les participants les plus populaires, on trouve le Prince héritier Willem-Alexander, qui affronte désormais des climats encore plus froids (le 13 février 2009, il a lancé un blog Internet dans lequel il raconte son voyage en Antarctique).

Depuis 1989, une course des onze villes alternative est organisée à Weissensee, en Autriche. Aux Pays-Bas, la course d’origine ne peut pas se tenir tous les ans en raison des conditions climatiques : la température doit se maintenir à -10 degrés Celsius pendant au moins une semaine, et la glace doit avoir une épaisseur d’au moins 15 cm. Le réchauffement de la planète a un fort impact sur cette course. Les températures moyennes des mois d’hiver ont augmenté d’environ 2 degrés Celsius depuis 1951, et les périodes de gel sont de moins en moins fréquentes. Certains affirment que notre inquiétude face au changement climatique n’est pas justifiée, argumentant que le climat de la terre a toujours été sujet à des variations, et qu’il s’agit donc là d’un phénomène naturel. Mais ils oublient sans doute que le problème réside dans la rapidité du phénomène. Le rythme effréné du réchauffement de la planète indique qu’il s’agit bien d’un phénomène causé par les hommes. Il faut normalement des dizaines de milliers d’années avant qu’une augmentation de 2 degrés soit constatée, et non quelques 57 petites années.

(beleefFriesland.nl )

Mais pendant ce temps, les Hollandais et les Frisons ont toujours la fièvre de la course des onze villes à chaque édition. Ils n’ont toujours pas compris que l’événement pourrait ne plus avoir lieu, et chaque fois que la température passe sous la barre du zéro, les premiers casse-cou apparaissent sur les lacs. Les informations nationales diffusent des images d'enfants joyeux s'amusant sur la glace. Peut-être aurons-nous notre course l'année prochaine ? Et si c'était le cas, j'invite tous les Européens à venir en Frise afin d’assister à ce spectacle inoubliable. Et pourquoi pas en transport en commun ? En limitant les émissions de carbone, nous augmentons les chances réelles que ce merveilleux événement puisse avoir lieu.

Ode de l’auteur : « Imagine, les étendues de glace sans fin dans un paysage sauvage/Imagine, le vent fouettant ton visage, les flocons t'empêchant d’y voir clair/Imagine, les orteils, les doigts, les nez et les oreilles gelés/Imagine, la course la plus éprouvante au monde. »

Translated from Speed-skating in Holland: Elfstedentocht threatened by climate change