L’aide européenne au développement à un tournant de son histoire?
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tomprsBy Elena Fanetti. Translation by Céline Albert. Les 16 et 17 octobre derniers, Bruxelles accueillait l'édition annuelle des Journées européennes du développement. Cet événement est organisé par la Commission européenne et vise à promouvoir le dialogue entre l'Union européenne (UE) et ses partenaires du Sud.
Les responsables politiques de l'Union européenne ont entamé des discussions sur l'avenir de la politique européenne de développement et sur la solidarité internationale. L'UE est le premier donateur mondial, mais son aide financière risque de se voir réduite au cours de l’élaboration du nouveau cadre financier pour la période 2014-2020.
Les Journées européennes du développement (JED) est un événement annuel organisé depuis 2006 par la Commission européenne. Il s'agit d'un forum au cours duquel les professionnels des institutions de l'UE et de ses États membres, des parlementaires, des représentants de la société civile et du monde universitaire, débattent des principaux thèmes du développement et des défis à relever au niveau mondial. L'édition de cette année se concentrait sur trois thèmes dominants: la sécurité alimentaire, le rôle du secteur privé et une croissance inclusive.
L'Union européenne est le plus grand contributeur de la coopération au développement. Elle fournit plus de la moitié de l'aide mondiale, si l'on tient compte de l'aide bilatérale fournie par ses États membres. Mais en raison de la crise financière et économique, certains États membres ont diminué leur aide publique au développement (APD) et ne seront donc pas en mesure de respecter l'engagement pris envers les Nations unies de consacrer 0,7% du revenu national brut à l'aide. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a pourtant rappelé au cours des JED que la Commission européenne souhaite maintenir et même accroître son aide dans les années à venir, afin d'atteindre cet objectif de 0,7% d'ici 2015. Or ce combat risque d'être perdu car les fonds de l'UE sont sous pression et l'Union pourrait privilégier d'autres secteurs de dépenses lors des négociations sur le budget 2014-2020.
La même semaine, l'Eurobaromètre révélait qu’en dépit de la crise et des restrictions budgétaires, 61% des européens sont favorables à l'augmentation de l'aide pour combattre la pauvreté. 55% pensent que les pays émergents à croissance rapide ne devraient plus recevoir d'aide et 61% estiment que l'aide devrait se concentrer sur les pays fragiles qui ont souffert de conflits ou de catastrophes naturelles.
En outre, certains experts attirent l'attention sur le fait que la crise a un impact sur les pays en développement qui sont économiquement dépendants de l'Europe. C'est particulièrement le cas en Afrique. Pour les couches les plus défavorisées des populations de ces pays, couper l'aide serait le coup de grâce.
L’UE semble penser que l’engagement du secteur privé est la solution qui permettra de surmonter la contrainte financière tout en favorisant la poursuite du développement dans certaines régions du monde, notamment en Afrique. Les représentants du secteur privé ont donc été invités à se joindre aux JED et à y témoigner de leurs réussites. En collaboration avec les acteurs du secteur public, ils ont participé aux débats concernant la façon de construire des modèles de développement plus efficaces et inclusifs. Des modèles qui pourraient être bénéfiques aux pays où l'aide traditionnelle n'a pas donné de résultat concret jusqu’à présent.
Les débats sur le rôle du secteur privé ont mis en évidence des concepts tels que la croissance, les modèles entrepreneuriaux inclusifs et la création d'emplois, en particulier pour les jeunes. Cependant, peu de réponses concrètes ont été apportées sur la façon de les mettre en application. L'Union européenne devrait peut-être trouver sa propre voie vers la création d'emplois et la croissance, avant de songer à exporter un modèle qui n'existe pas.
Translated from European development aid at a crossroads?