« La grande bellezza » aux oscars : le sacre du beau
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Cécile VergnatLors de la nuit des Oscars 2014, l’Italie fait son retour sur la plus haute marche du cinéma mondial grâce à la récompense du meilleur film étranger attribuée au film de Paolo Sorrentino. Mais qu’est-ce qui a changé depuis la dernière fois ?
15 ans se sont écoulés entre l’Oscar décerné à Roberto Benigni pour La vita è bella (La vie est belle) et celui reçu par Paolo Sorrentino pour La grande bellezza (La grande beauté). S’il y a une chose dont l’Italie ne peut pas s’empêcher, c’est justement d’employer ce mot à la sonorité harmonieuse et agréable. Qu’il soit chanté à titre de salut au bar du coin, qu’il soit un compliment fait suite au passage d’un garçon ou d’une fille, qu’il soit le surnom associé à l’une des nombreuses pizzas dans les menus des restaurant : la catégorie du « beau » - qu’il s’agisse aussi bien d’un adjectif ou d’un substantif – est pour l’Italie comme un autocollant inamovible collé sur le carénage d’une Vespa.
Pourtant, même en voulant relativiser le passé, il est opportun de rappeler que tout du moins pendant l’Antiquité, le « beau » n’était seulement que l’une des 3 valeurs suprêmes avec le « vrai », et le « bon ». Pour les Grecs et les Romains, il semblerait que le terme avait une connotation bien plus large que celle que l'on connait aujourd'hui : des objets aux idées, le « beau » était une catégorie plutôt vague qui trouvait son relatif physique dans la « proportionnalité ».
Il est avéré que la sagesse populaire avait déjà incorporé celle des anciens à travers le dicton : « n'est pas beau ce qui est beau, mais est beau ce qui plaît ». Tout porte à croire qu'avec La grande bellezza, les Italiens se sont à nouveau réunis sur un sujet indéfini, antique, et par certains aspects inquiétant de nos ancêtres. Et même si Paolo Sorrentino a expliqué à Repubblicatv que son film « n’est pas une critique de l’Italie, mais représente plutôt l'amour pour le pays », il y a encore ceux qui dans 15 ans voudraient peut-être une Italie un peu moins « belle » mais plutôt plus « vraie » et « bonne ».
Voir : La grande bellezza de Paolo Sorrentino (2013)
Translated from Gli Oscar, "La grande bellezza" e il Belpaese