La déclaration d'amour de cafébabel au Royaume-Uni
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Marie EyquemSe quitter serait un si doux chagrin. cafébabel n'est peut-être pas Shakespeare, mais nous avons quand même quelques mots doux à adresser au Royaume-Uni. L'ensemble du réseau du magazine a eu la possiblité de s'exprimer, et le message est unanime en faveur du maintien des Britanniques dans l'UE : ils doivent rester.
De la part d'Élodie, traductrice pour cafébabel FR
Cher Royaume-Uni,
J'aimerais que tu restes dans l'Union européenne, car en dehors de Shakespeare, Jane Austen, Sherlock Holmes, la Britpop et Doctor Who, nous avons besoin des Britanniques pour nous apprendre à faire du thé correctement (avec de l'eau bouillante, et pas juste chaude !), pour nous faire rire de leur extrême politesse et de leur discipline de fer, et enfin pour nous épater par leur créativité culinaire. (Ok, je déconne)
Plus sérieusement, j'ai visité le Royaume-Uni il y a cinq ans pendant mon séjour Erasmus, et j'ai découvert la population la plus accueillante et ouverte que j'aie jamais eu la chance de rencontrer. C'est la diversité de ses cultures qui fait la richesse de l'UE. Si un pays nous quitte, on perd cette richesse.
De la part de Christiane, cafébabel Vienne
Cher Royaume-Uni,
J'avais 15 ans quand j'ai rencontré mon premier vrai coup de coeur à Chypre : un beau garçon qui venait de Londres. Le dernier jour de ce voyage avec mes parents, on s'est embrassés avant de se dire au revoir.
Quand je suis rentrée chez moi, je me suis dit : « Je ne suis jamais allée à Londres. Peut-il y avoir une meilleure raison d'y aller que celle-là ? ». J'ai appelé ma meilleure amie et on est parties... pour 20 heures de bus, rien dans les poches, mais le coeur rempli d'espoir.
On a visité les quatre coins de la ville. À la fin du séjour, je me suis finalement décidée à me lancer et à retrouver le garçon qui me plaisait. Un ado en uniforme a ouvert la porte, il allait partir travailler dans un supermarché. Il n'avait pas de temps à me consacrer. Ni ce jour-là, ni le suivant. Cher Royaume-Uni, s'il te plaît ne me déçois pas encore une fois ! Ne me laisse pas toute seule avec mes attentes et mes espoirs d'un avenir radieux ensemble !
Julia, cafébabel Berlin
Cher Royaume-Uni,
Je t'ai d'abord connu à travers Dave King, Kevin Connor, Sandra Bell et Liz Dean. Tu ressemblais à un vestige des années 70, ce qui n'est pas surprenant puisque c'est l'époque à laquelle mon manuel scolaire a été édité. J'étais tellement excitée à l'idée de te rencontrer enfin ! L'anglais est devenu ma matière préférée. J'ai rencontré Sally, la soeur de Dave. J'ai promené Peanut, le chien de Liz. J'ai voyagé aux États-Unis avec la famille Connor - des rouquins bizarroïdes qui portaient des pantalons pattes d'eph !
Quand je t'ai rencontré pour de vrai, et non plus par l'intermédiaire de ces personnages artificiels inventés par les éditeurs de mon manuel, tu t'es révélé au-delà de mes espérances. Il n'y avait pas de Dave, de Kevin, de Sandra ou de Liz, mais une littérature passionnante, une cuisine succulente (si on savait où chercher) et les accents les plus charmants qui soient. Grande-Bretagne, tu ne peux pas agiter tout ça devant moi pour ensuite t'en aller ! Oui, je sais que tu ne seras pas loin, même si tu ne fais plus partie de l'UE. Mais quand même. Mon manuel m'a appris que le Royaume-Uni et l'Europe ne faisaient qu'un tout en étant différents. On ne peut pas rester différents ensemble ?
Laurence, cafébabel Istanbul
Cher Royaume-Uni,
On sait que depuis que tu as appris qu'en Turquie on boit beaucoup plus de thé que chez toi, tu ne t'en es pas remis. Earl Grey ne peut juste pas rivaliser avec le thé turc. Mais ce n'est pas une raison pour en vouloir à l'Europe et partir ! Ça, c'est seulement entre nous deux - alors reste !
Márton, cafébabel Budapest
Cher Royaume-Uni,
Tu as toujours été l'un des États les plus forts et les plus exemplaires de l'Europe et le continent n'est pas prêt à te laisser partir. Tout le monde a besoin d'amis. Le meilleur moyen de les garder est de ne pas les abandonner quand ils traversent une période difficile. Je m'enflamme tellement pour cette cause. J'adore le Royaume-Uni, et sa culture influente. Mais je sais que je ne peux pas te convaincre. Si tu veux vraiment partir, tu le feras. Si c'est vraiment mieux pour toi (ou tout au moins si tu crois que ça l'est), c'est ce qui arrivera. Mais je pense quand même que ce n'est pas le bon choix.
Katarina Kramer, East Side Stories
Cher Royaume-Uni,
Allez, ne fais pas ça. Tu sais que tu veux de nous, et que tu as toujours voulu de nous. Faire cavalier seul peut te sembler une bonne idée maintenant, reprendre les rênes et penser avant tout à toi. On devrait tous penser seulement à nous une fois de temps en temps. Mais tu sais, au bout du compte, ce qui est palpitant, c'est de faire partie d'un groupe de personnes qui sont dans le même état d'esprit que toi : d'avoir son mot à dire, de faire partie d'un grand projet, d'inspirer les générations et de conjuguer nos domaines de compétences.
Tu es attiré par ce qui est exotique, étranger et inconnu. Alors ne te retiens pas, sois ouvert. C'est juste notre première petite prise de bec, et elle nous mènera à de nouvelles découvertes, de nouvelles idées et même des initiatives plus osées. L'Europe est sexy et enivrante, et nous savons qu'au fond, c'est ce que tu recherches...
Isabelle, cafébabel Aarhus
Cher Royaume-Uni,
Je n'ai pas envie que tu partes, et ce par pur égoïsme. Quand je suis allée à l'école primaire pour la première fois il y a 18 ans, j'ai rencontré une petite fille britannique. Ses parents étaient venus en Allemagne pour des raisons professionnelles. Je me souviens du son de la chaîne radio de la BBC dans leur cuisine, et ils parlaient toujours anglais à la maison.
Avec elle, je jouais à Hanni & Nanni (Les jumelles, ndlr) dans le jardin, et on faisait tout ce qu'on pouvait pour se ressembler et pour que nos instits nous confondent. Je mangeais chez elle toutes les semaines. Sa mère m'envoie toujours un Christmas cake chaque année.
J'ai l'impression d'entendre encore ma meilleure amie me raconter les Harry Potter quand on dormait l'une chez l'autre, avant qu'ils ne soient publiés en allemand. Je nous revois en train de regarder Robin Hood: Men in Tights et The Parent Trap encore et encore. Je sais, notre amitié était, est et sera toujours exceptionnelle.
Elle habite à Londres maintenant. Je lui rends visite de temps en temps, et parfois j'envisage de postuler à des postes là-bas quand j'aurai fini mon Master. Je n'ai pas envie que le Royaume-Uni se mette en travers de mon chemin en quittant l'UE et en rendant les choses plus compliquées. Boire du thé noir et manger de la nourriture bizarre sont des habitudes qui font aussi partie de mon identité. Et je n'ai pas envie qu'on me les enlève.
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Les photos de cet article sont inspirées de la campagne Please Don't Go UK #HugABrit. Montrez votre affection aux Britanniques qui font partie de votre vie pour qu'ils évitent de quitter l'UE. Si si, ça marche !
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Il nous a été officiellement interdit de citer les Clash, mais la question rappelle bel et bien cette fameuse chanson. Le 23 juin prochain, les citoyens britanniques se rendront aux urnes pour décider, ou pas, du maintien du Royaume-Uni dans l'UE. Huge. Tant et si bien qu’on a 2 ou 3 choses à dire sur le sujet... Retrouvez notre dossier très costaud sur la question du Brexit.
Translated from Cafébabel's Love Letter to the United Kingdom