Kosovo: cinq mythes à démonter
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Céline AlbertLe 17 février, le pays le plus jeune d'Europe célèbre son deuxième anniversaire. Peu d'entre nous pourraient sans doute situer le Kosovo sur une carte. Un kosovar et un allemand, colocataires à Pristina, partagent avec nous leurs observations, des plus simples au plus frappantes.
Pristina est une capitale grise
Faux ! Les étrangers disent souvent que « ce qu'il y a de bien l'hiver à Pristina, c'est qu'on ne voit plus les poubelles. » L'air y est souvent chargé de l'odeur de la vieille centrale thermique qui se situe à quelques kilomètres de là et produit de l'électricité à partir de charbon. Pourtant Pristina offre une large variété de cafés, bars et restaurants, le tout à bon prix – comme à Berlin ! La capitale du Kosovo, pleine de nids de poule, n'a peut-être pas le charme de Prague, mais c'est un lieu enjoué, particulièrement la nuit puisque les clubs offrent de la musique live tous les soirs de la semaine.
Pourquoi visiter le Kosovo ?
Il n'y a rien à voir dans ce pays pauvre aux infrastructures communistes, sans plage… C'est vrai, le Kosovo est petit, mais au moins, en quelques heures de voitures seulement, de magnifiques canyons s’offrent à vous autour du mont Gjeravica, le point culminant du territoire. Ces montagnes sont idéales pour la randonnée et l'escalade. Vous pouvez voir des vallées, des chutes d'eau, des vestiges ottoman, des mosquées ou des églises orthodoxes du 13e siècle, des maisons traditionnelles avec des toits de tuiles rouges, et découvrir l'hospitalité traditionnelle des villageois qui partageront avec vous leurs maisons, leurs histoires et leurs vies. Quittez Pristina et vous vous retrouvez à manger des « filja », un plat traditionnel, à boire du lait frais et à déguster du fromage fait maison. Il y a également des festivals de cinéma comme le Dokufest à Prizren (qui se tient chaque année depuis 2002), du théâtre, du jazz, du folklore...
No future
Le Kosovo n'a pas d'avenir : c'est petit, économiquement isolé, et son retard culturel est une source de tension. Mais la plus grande richesse du Kosovo, encore inexploitée, ce sont les jeunes. Environ 75 % de la population a moins de 35 ans et, conséquence de la guerre, une grande partie d'entre eux a vécu à l'étranger, en Europe ou aux Etats-Unis, où ils ont appris l'anglais et étudié. Au Kosovo, même les mendiants peuvent tenir une conversation en anglais ou en allemand. Les jeunes sont enthousiastes et pleins de ressource, désireux d'apprendre et de découvrir. De plus, il est aisé de lancer son business ici : le Kosovo a le taux de taxation le plus bas des Balkans, des biens immobiliers et une main d'œuvre bon marché, avec un salaire mensuel moyen allant de 160 à 190 euros.
Le Kosovo est un Etat fanatique
Faux ! Il y a une mosquée à presque tous les coins de rue à Pristina. Pourtant même si la majorité de la population est musulmane, moins de 0,1 % serait capable de vous expliquer la différence entre un muezzin et un mollah. Les gens boivent et fument (même pendant les réunions officielles), et vous verrez moins de femmes voilées qu'à Paris. La ville de Gjakova compte 85 % de musulmans, mais c'est pourtant un maire catholique qui a été élu récemment – pourrait-il y avoir plus tolérant ?
Le Kosovo est toujours un pays dangereux
Faux ! Depuis l’éclatement de la Yougoslavie et les bombardements de l'OTAN en 1999, plus de 10 000 soldats de la KFOR (force de maintien de la paix de l'Otan) sont encore en place dans le pays et sécurisent les édifices historiques, les églises et les ponts. Le fameux conflit entre le Kosovo et la Serbie n'est plus que strictement politique ; les actions violentes ont pris fin en 1999. Un rapport des Nations-unies datant de mai 2008 affirmait que les Balkans était l'une des régions les plus sûres d'Europe. Le taux de criminalité du Kosovo est plus bas que celui de tous les autres pays des Balkans ; selon le sondage de l'UE sur la criminalité et la sécurité, c'est la Grande-Bretagne qui détient le record européen de criminalité.
Translated from Dismantled: five myths about Kosovo