Investir dans l'éducation, pas dans l'agriculture
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ariella baltiéLa stratégie de Lisbonne ne sera de succès que si le budget européen est révisé à la hausse. Il est temps que nous embrassions la concurrence et que nous investissions dans notre futur...
L'Agenda de Lisbonne n'est pas un projet bureaucratique instable que certains lointains fonctionnaires s'imaginaient comme un agréable voyage au Portugal aux frais de la princesse. A l'inverse, c'est un programme essentiel et plein de vie : ce dont l'Europe a désespérément besoin, si notre modèle social tant aimé doit être préservé pour les générations futures. Disons le simplement : l'Europe ne peut soutenir le modèle social que nous chérissons tellement si nous n’arrivons pas à relancer notre économie. Les personnes, si nombreuses, qui vous disent que les réformes de Lisbonne mettront fin à l'état providence, ne savent pas de quoi elles parlent. Pire, ce sont de dangereux démagogues dont les arguments doivent être abordés et réfutés bille en tête, si nous voulons que nos sociétés se portent à nouveau bien.
Les dangers de la retraite anticipée
Le plus gros défi auquel nous devons faire face est le fait que la population tend à veillir rapidement. Contrairement à la croyance populaire, c'est une chose merveilleuse. Les personnes ne vivent pas seulement plus longtemps, elles jouissent aussi d'une santé remarquablement bonne pour des personnes âgées. Mais ici en Europe, la population prend sa retraite de plus en plus tôt et c'est là que réside le problème. A l'époque où notre modèle social a été conçu, la plupart des gens ne vivaient pas au-delà de 50 ans. Désormais ils atteignent allègrement les soixante-dix ans. C’est une armée grandissante de retraités qui bientôt dépassera le nombre d'actifs. Pouvons-nous réellement tolérer une situation où il y a un actif pour chaque retraité, faisant ainsi vivre deux personnes avec son travail? Les tables de mortalité nous confirment cette situation. Si nous ne réformons pas maintenant le système, il implosera. Si, d'une manière spécifique, nous ne supprimons pas les nombreuses incitations qui poussent actuellement les individus à prendre leur retraite de plus en plus tôt, nous allons au-devant d'un désastre social que nos enfants ne nous pardonneront pas.
La fin du gouvernement des syndicats
Le Conseil de Lisbonne, dont je suis le président, est un réseau fondé sur une société civile d'individus et d'associations travaillant à la mise en oeuvre de la stratégie de Lisbonne. En d'autres termes, ils travaillent à faire de l'Europe « l'économie la plus compétitive au monde fondée sur une connaissance dynamique, avec un développement économique durable, plus de travail et une plus grande cohésion sociale ». Nous pensons que pour y parvenir nous devons résister aux intérêts de tous types, incluant les syndicats ouvriers en leur disant que « oui, nous soutenons votre droit à une convention collective, mais vous devez être plus responsable vis-à-vis de vos exigences ». Il n'y a pas œuvre de charité prêtes à nous – Européens - donner de l'argent parce que nous aimons le style de vie que nous avons. Nous devons d'abord mériter notre niveau de vie. Et les syndicats, qui ne demandent que de plus en plus d’avantages pour leurs adhérents, finiront par leur en donner de moins en moins. Au pire, ils feront de l'Europe un désert économique, dépourvu d'investissements et d'opportunités. Il suffit de regarder le cas d'Opel qui a récemment licencié 12 000 personnes à travers l'Europe. Nous ne voulons pas que cela recommence. Afin de l'empêcher, nous devons tous nous réunir autour d'un programme fort et compétitif qui permettra à l'Europe de rester un lieu où les entreprises veulent investir et où les gens veulent travailler.
Ne pas avoir peur de la concurrence
Les associations d'employeurs sont aussi à blâmer pour l'état actuel des choses. Posez la question à votre association d'employeurs locale et ils vous répondront qu'ils favorisent la compétitivité; mais la triste réalité est qu'ils dépensent plus de leur considérable pouvoir politique à comploter pour avoir plus de subventions et une plus grande protection contre les importations. Céder à leurs demandes ne rendra pas l'Europe plus forte ni de nouveau plus saine ; nous devons résister à ces tenants d'une économie vieille et fatiguée. Si l'Europe veut vraiment parvenir aux objectifs de la stratégie de Lisbonne, elle doit embrasser le changement et prendre des mesures urgentes pour relancer l'esprit de compétition qui, en premier lieu, a fait de l'Europe une puissance. Après tout, nous avons inventé la révolution industrielle - et l'état providence. Nous devons reprendre l'esprit créatif que nos ancêtres nous ont légué, en s'unissant comme l'a fait le peuple Français en 1789 pour renverser la dictature d'un petit nombre, afin de promouvoir le bien-être du peuple. Nous devons construire une société basée sur l'opportunité et la connaissance où chaque individu peut explorer son immense potentiel créatif car quand un individu réussit, la société aussi.
Les chefs d'état européens ont d'abord consenti à l'Agenda de Lisbonne en 2000, il y a presque 5 ans. Le but était clair : créer l'économie la plus compétitive au monde et fondée sur une connaissance dynamique d'ici 2010. Pourquoi, alors, dans la cinquième année de ce programme, est-ce que près de 45% du budget européen continue d'alimenter les subventions agricoles tandis que nos dépenses par étudiant au niveau universitaire sont près de 40% inférieures à celles des USA ? (1) Nous demandons aux dirigeants européens et à José Manuel Barroso, président à venir de la Commission, de mettre fin maintenant à cette ridicule parodie et de commencer à investir dans notre futur. Nous pouvons, et nous devrions, dépenser chaque centime d'euro disponible au profit de notre système éducatif, offrant ainsi à nos enfants la chance de poursuivre leurs rêves, et à nos adultes la possibilité de la formation et de l'éducation tout au long de leur vie professionnelle. Si M.Barroso est sérieux vis-à-vis de la promotion de l'Agenda de Lisbonne, il pourrait commencer par une révision ambitieuse des priorités budgétaires européennes. En faisant cela, il se pourrait qu'il se réveille et découvre qu'il a à gagner le soutien du groupe d'intérêt le plus important de tous : le peuple.
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1) Chiffres extraits du rapport Sapir.
Translated from Invest in education, not farm subsidies