Internet, son espace, sa récup’, ses rebelles
Published on
Translation by:
Doğan dbasicPar Aris Kokkinos Le web a profondément transformé la société, et se transforme lui-même. Entre récupération commerciale et réappropriation citoyenne, quel sera son avenir ? Le festival des libertés s’est penché sur le sujet. Ce festival bruxellois annuel organisait samedi 27 octobre le débat «Internet, un espace récupéré ou à se réapproprier ?».
Trois orateurs faisaient le point sur la question : Yohan Boniface (Libération), Michel Cleempoel (Constant) et Pierre Bochner (Respire). Tous trois ont brossé un large tableau du web et de son évolution, pour aboutir à un même constat.
L’espace c’est de l’argent
Initié comme un travail d’équipe, avec une structure ouverte et décentralisée, internet évolue de plus en plus comme une structure capitalistique géante, n’en déplaise à Richard Stallman, le père du logiciel libre. Les enjeux économiques sont devenus gigantesques, la publicité a investi cet espace. Enjeux politiques aussi : le contrôle d’internet est une question sensible, des lois comme Acta suscitant la polémique. En quelques années l’évolution est sidérante. Pour le seul Facebook, on peut citer le rôle clef dans l’élection de Barack Obama (2008), la caisse de résonance dans les printemps arabes (2011), l’introduction en bourse, le projet prisme de contrôle des données, le cap du milliard d’utilisateurs franchi (2012)… Evolution identique pour les autres grandes firmes, à l’exception notable de Mozilla, qui reste open source. Mais qui est en partie financé par Google.
Alternatives électroniques
Pour Boniface, une réappropriation passe par une consomm’action. L’internaute doit choisir ses propres filières, pour fuir les sites prédateurs et préserver la biodiversité du net. Cleempoel a quant à lui développé le jeu Yoogle, pour éveiller les usagers aux joies et dangers du web 2.0. Enfin Bochner a dévoilé le fonctionnement de la pub sur internet, et a cité quelques plugins immunitaires en la matière (Adblock, Noscript, Ghostery). Ces bons conseils ont pourtant un côté candide. Une vraie réappropriation du web passe par des programmes à grande échelle, notamment dans l’usage des moteurs de recherche. La Russie a Yandex, la Chine a Baidu, en Europe Quaero est à la traîne. S’agissant de la presse française, Google redirige quatre milliards de clics par mois vers les éditeurs français. Ceux-ci demandent l’instauration d’une taxe que Google leur verserait, le site profitant de ses algorithmes alors que le journalisme est en crise. Mais Eric Schmidt, patron de Google, menace de ne plus référencer les journaux français si cette taxe devait voir le jour. Le débat continue…
Translated from Internet: The Web, Data Recovery and the Rebels