"I have eaten at you a fool" (J'ai mangé à toi un fou) : comprendra qui pourra !
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Julien RochardLa qualité de la traduction automatique (TA) laisse à désirer. Malgré des résultats douteux, l'Union européenne a mis en place le service gratuit de traduction automatique MT@EC. La traduction automatique dans une Europe polyglotte a-t-elle vraiment sa place ? Mais la TA n'est d'aucune aide d'un point de vue de la politique linguistique.
Comment dit-on „Er hat an dir den Narren gefressen” (Il est fou de toi) en anglais ? Selon Google Traduction, on devrait dire : "I have eaten a fool at you!" (J'ai mangé à toi un fou). La phrase prête évidemment à sourire.
Est-ce que Google n'en fait pas trop lorsqu'il nous dit qu'il peut traduire des mots, des textes ou des pages internet en 90 langues ? Ou bien est-ce que les internautes n'en demanderaient pas trop à la machine ?
C'est un peu les deux, car tout ce dont Google Traduction est capable, c'est de reconnaître les langues et de classer des mots isolés. Autrement dit : l'application est utile pour traduire des menus, mais ne suffit pas pour des traductions de textes plus techniques.
De grossières traductions avec les thèmes de l'UE
Les traductions automatiques sont certainement efficaces dans la vie quotidienne lorsque l'on veut raconter n'importe quoi. Il est toutefois possible, sous certaines conditions, de les utiliser pour le travail. Pour prendre un exemple, la direction générale de la traduction de la Commission européenne, laquelle a mis en place le service gratuit de traduction automatique MT@EC, s'est montrée prête à faire des compromis. Ce service ne doit fonctionner qu'avec des textes sur les thèmes de l'Union européenne. Mais l'UE fait clairement savoir sur la page internet du service que son utilisateur ne doit s'attendre qu'à des traductions approximatives du texte original.
Les connaissances linguistiques comme enjeu politique de l'UE : a-t-on besoin de TA ?
Quand on se dit qu'un des objectifs de l'UE est que chacun de ses citoyens et citoyennes doit parler en plus de sa langue maternelle deux langues étrangères (ce qui était l'objectif de Barcelone en 2002), alors on peut se poser la question quant à l'intérêt d'utiliser des machines de traduction qui ne proposent que des textes grossiers et vides de sens.
Un des derniers sondages du baromètre européen de 2012 (Baromètre européen : Maîtrise des langues étrangères-2012) m'amène à penser que, au pire, l'UE nécessite de développer des cours linguistiques ciblés (également en ce qui concerne des langues moins parlées ou moins connues) afin de pouvoir atteindre au mieux l'objectif fixé.
En effet, selon une étude, 77 % avouent que le développement des connaissances linguistiques devrait être une priorité politique. En 2012, le pourcentage d'élèves qui se sentait véritablement à l'aise dans leur première langue étrangère, se situait entre 82 % à Malte et en Suède (où l'anglais est la première langue étrangère) et était seulement de 14 % en France (anglais) et de 9 % en Angleterre (français).
Il est ressorti également du sondage que le nombre d'Européens et d'Européennes qui utilise régulièrement les langues étrangères sur Internet ou sur les réseaux sociaux, représentait 36 % d'entre eux.
S'ils en font bon usage ou pas, c'est autre chose. Ce qui est sûr, c'est que l'utilisation abusive de Google et des traductions automatiques permet d'aller vite mais ne constitue en aucun cas une aide pour améliorer les connaissances en langues et pour se rapprocher de l'objectif de Barcelone.
Translated from „I have eaten at you a fool“: Die Macken der Übersetzer