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Guy Verhofstadt : « J'ai toujours voulu être un acteur »

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Julien Rochard

Politique

Avant de devenir premier ministre de la Belgique, Guy Verhofstadt rêvait de faire du cinéma. Aujourd'hui, le membre de l'ALDE (Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe) monte sur les planches d'une toute autre scène : le Parlement européen. Nous l'avons rencontré pour parler avec lui de sa vision de l'Europe, de son vélo chéri et du message qu'il a à délivrer à la jeunesse.

cafébabel : Le monde peut-être complexe. Comme décrirez-vous ce que vous faites à un enfant ?

Guy Verhofstadt : Imaginez une classe de 28 élèves. Chacun d'entre eux a ses propres idées, ses points forts et ses faiblesses. L'idée, c'est que tous travaillent ensemble et créent une union qui soutient et renforce ses membres. Il n'y a qu'en collaborant qu'ils optimiseront le temps qu'ils passent à apprendre. Dans cette classe, mon rôle serait de proposer des mesures et des systèmes afin d'améliorer et de booster continuellement cette union. De m'assurer qu'elle demeure sans risque, qu'elle a un avenir et que chacun peut s'améliorer pour faire face aux défis qu'il faudra relever.

cafébabel : On peut tous être des héros, juste pour un jour. Qu’est-ce que vous avez toujours rêvé de faire ?

Guy Verhofstadt : J'ai toujours voulu devenir acteur. Mais mes parents ont pensé qu'il serait plus judicieux d'apprendre d'abord le droit. Alors, c'est ce que j'ai fait et je suis devenu politicien.

cafébabel : Pour plein de gens, l’Europe peut être un truc très chiant. Alors, comment la rendre plus sexy ?

Guy Verhofstadt : Je ne vois pas pourquoi l'on dénigre le fait de pouvoir voyager où bon nous semble, d'étudier ou de travailler à l'étranger, de créer une entreprise dans un autre pays et de savoir que l'on est protégé par un système judirique similaire à celui de notre pays. Clairement, ce qui ne séduit pas, c'est le manque de liberté d'expression, la fermeture des frontières, les violations de nos libertés civiles et de nos droits fondamentaux...

cafébabel : Qu’est-ce qui vous indigne le plus dans le monde d’aujourd’hui ?

Guy Verhofstadt : La manière dont l'Europe gère la crise des réfugiés. Le manque de volonté politique de mettre en oeuvre une solution européenne, et également l'absence d'humanité. C'est affligeant de constater à quel point certains dirigeants ont tendance à oublier que deux terribles guerres ont dévasté l'Europe et que de nombreux Européens se sont exilés. Il n'y a pas si longtemps, beaucoup d'entre eux étaient eux-mêmes des réfugiés. 

Il est temps que l'Europe prenne ses responsabilités face à ses problèmes, au lieu d'essayer constamment d'externaliser la crise à des pays tiers. La seule façon de changer cela est de prendre des décisions concrètes  - comme accélérer l'installation d'une frontière européenne et d'un coprs de garde-côtes. Les conditions de vie dans les centres pour réfugiés en Turquie et en Europe doivent être améliorées, et nous devrions également regarder au-delà de la situation d'urgence et s'attaquer à la racine du problème.

cafébabel : Ce monde ne semble tolérer rien d’autre que la perfection. Mais vous, quelle est la faiblesse qui vous inspire le plus d’indulgence ?

Guy Verhofstadt : L'impatience. En politique, bien souvent, les choses ne vont pas assez vite. L'impatience nous aide à aller de l'avant, par conséquent il serait opportun de l'utiliser dans notre profession.

cafébabel : Il paraît qu’Internet sait tout. Testons-le en révélant ce que Google ne sait pas de vous.

Guy Verhofstadt : Internet sait probablement que je suis un inconditionnel du vélo. Ce qu'il ne sait pas, c'est que je fais du bicross en hiver, peu importe les conditions météo...

cafébabel : Imaginez qu’un jour vous devenez le représentant de la jeunesse du monde entier. Quel serait votre principal message ?

Guy Verhofstadt : « Engagez-vous ». De nos jours, je constate que les jeunes veulent s'exprimer sur tout et c'est de cette manière que les choses devraient se faire. Nous sommes tous influencés par un tas de choses qui arrivent, à des niveaux différents. C'est particulièrement vrai pour les jeunes, qui auront ce monde en héritage. Dans une certaine mesure, tout dépend d'eux. Ils devraient s'engager.

cafébabel : Quelle est la première chose que vous faites le matin, quoiqu'il arrive?

Guy Verhofstadt : Le monde ne dort jamais, alors dès que je me lève, je vérifie mon téléphone pour voir ce que j'ai manqué et ce qui est prévu durant la journée.

cafébabel : Si vous pouviez inventer un truc qui n'existe pas encore, ce serait quoi ?

Guy Verhofstadt : La télétransportation. Ou un vélo qui vole, pour éviter la circulation.

cafébabel : Quel message adresseriez-vous à la jeune génération après les attentats de Bruxelles ?

Guy Verhofstadt : Tout d'abord, je souhaite exprimer toute ma peine face aux attaques terroristes et à ces actes lâches qui ont eu lieu la semaine dernière dans la capitale. Mes pensées vont aux victimes et à leur familles. Le terrorisme ne doit jamais vaincre. 

Mon message à la jeunesse européenne serait le suivant : « Il est temps que l'Europe s'unisse ». Nous ne devrions pas vivre dans la peur, mais travailler ensemble et s'unir afin de combattre le terrorisme. Il est clair qu'il s'agit d'un véritable défi européen. Si nous voulons gagner contre ceux qui veulent nous détruire, il nous faut plus que des rassemblements et des appels à la solidarité – une action européenne commune est nécessaire pour une meilleure sécurité.

Un des piliers de cette action européenne devrait être l'échange systématique de l'intelligence opérationnelle. En fait, je crois qu'il devrait y avoir un service d'intelligence européen qui collecte les données et gère les opérations dans la totalité des 28 États membres. Notre jeunesse est très pro-européenne – beaucoup plus qu'un grand nombre de nos dirigeants. Ils doivent m'aider à convaincre les politiques de l'UE que leur réticence à apporter des solutions européennes doit cesser. Le déclin du terrorisme ne sera possible que si l'on travaille ensemble.

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Pas mal de Big Fish nagent dans le grand bassin européen et certains méritent de sortir la tête de l'eau. Avec sa nouvelle série d'interviews, cafébabel vous promet d'aller pêcher plus profondément dans la vie de plusieurs grands noms du continent.

Story by

Matthieu Amaré

Je viens du sud de la France. J'aime les traditions. Mon père a été traumatisé par Séville 82 contre les Allemands au foot. J'ai du mal avec les Anglais au rugby. J'adore le jambon-beurre. Je n'ai jamais fait Erasmus. Autant vous dire que c'était mal barré. Et pourtant, je suis rédacteur en chef du meilleur magazine sur l'Europe du monde.

Translated from Guy Verhofstadt: "I always wanted to become an actor"