G8 : des architectes britanniques en Russie
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Anthony petitLe sommet du G8 qui se tiendra au Japon du 7 au 9 juillet sera l’occasion pour le Premier ministre britannique Gordon Brown et le Président russe Medvedev de se rencontrer pour la première fois. Au-delà de la politique, comment s’exprime le renouveau des relations entre ces deux pays ?
Pierre le grand avait demandé à des architectes italiens de dessiner des plans pour reconstruire la Russie au 18e siècle. Aujourd’hui, après les Italiens puis les Allemands, ce sont les Britanniques qui sont sollicités. Ces derniers temps, on peut dire qu’il y avait de l’eau dans le gaz entre les deux pays. Après une décennie d’incidents diplomatiques et d’accusations d’espionnage, la situation s’est envenimée en janvier 2008 avec la fermeture de deux des trois consulats britanniques situés en dehors de Moscou, l’empoisonnement de l’ancien espion russe Alexander Litvinenko à Londres, et le refus des visas russes de 42 employés internationaux travaillant pour le conglomérat des compagnies pétrolières TNK-BP. L’œuvre des architectes britanniques, financée grâce à l’argent du pétrole et imprégnée de la rivalité entre Moscou et Saint-Pétersbourg, sera l’emblème de la toute nouvelle puissance du pays.
L’île de cristal, Moscou
Les deux tours géantes et futuristes qui se construisent en ce moment à Moscou et Saint-Pétersbourg sont devenues des projets urbains démesurés. La Russia Tower de Moscou, conçue par Foster & Partners, et qui aura un usage multiple, deviendra l’édifice le plus haut d’Europe lorsqu’elle sera achevée en 2012. Mais même ce projet sera aussitôt éclipsé par le «Cristal Island Project», autre projet proposé par Foster. Cette nouvelle construction devrait être le bâtiment le plus haut du monde, avec une superficie quatre fois égale à celle du Pentagone (603 870m2 ).
Okhta Centre , Saint-Pétersbourg
Pendant que Foster redéfinit l’horizon moscovite, les architectes du cabinet britannique RMJM provoquent un tollé à Saint-Pétersbourg . L’Okhta Centre est sur le point de devenir le siège de l’immense compagnie russe Gazprom, premier exploitant de gaz au monde. Ce nouveau bâtiment sera surmonté d’une flèche en forme de flamme inspirée du logo de la compagnie. Le gratte-ciel, haut de 396 m, surplombera le centre historique de la ville, ignorant les restrictions de hauteur fixé par la ville et rompant ainsi avec l’harmonie de son patrimoine historique. Le projet est loin de faire l’unanimité et les sondages montrent que près de 90% des habitants s’opposent à la construction de cette tour. Quoi qu’il en soit, le revenu fiscal de Gazprom a été plus que suffisant pour que la companie s’allie le soutien du gouverneur de la ville, Valentina Matvienko.
Musée Pushkin, Moscou
Le prestige des bâtiments officiels est monnaie courante en Russie. Moscou est la ville du superlatif, avec un Kremlin qui se vante d’avoir la plus grosse cloche et le plus gros canon du monde. Non loi de là, L’hôtel Rossiya était à une certaine époque le plus grand hôtel au monde. Par contre, la nouveauté réside dans la modestie du «projet Zaryadye», remplaçant le Rossiya, qui a opté pour une façade basse et tente de se mêler aux bâtiments environnants. Vous l’aurez compris, c’est un autre projet britannique qui refuse le principe du « tout ce qui est grand est beau » de Foster & Partners. Le musée des beaux-arts Pushkin de Moscou est paré à une réinvention du style du Louvre, lui permettant ainsi de regagner un rang raisonnable parmi les plus aux musées d’art sur le continent. Les entrepôts délabrés et les canaux de l’île de la nouvelle Hollande à Saint-Pétersbourg vont être transformés en une grande salle de concert. Les plans de Nicholas Grimshaw pour l’aéroport Pulkovo, dans la même veine, suivront la voie du bon goût et du raffinement.
A travers ses aéroports, ses centres commerciaux, ses salles de concerts et ses gratte-ciels, la nouvelle Russie a choisi le langage international de l’acier et du verre. Le style varié de Moscou est un terrain de jeu parfait, là où l’héritage architectural n’est pas un facteur déterminant et où les projets ne sont pas limités par la paperasserie. Les critiques, tel Grigory Revzin, qui pense que « l’architecture russe est en train de disparaître sous nos yeux », ont peut-être raison. Mais l’esprit créatif de ce renouveau architectural est le bienvenu en ce climat politique tendu et pourrait être un réel signe de collaboration entre les deux nations.
Translated from G8 summit: whilst Brown meets Medvedev, the British build Russia