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Freelances : les nouveaux punks du travail

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Société

En anglais, on a tendance à dire « when things don’t go right, go left ». Autrement dit, si les choses ne vont pas dans votre sens, prenez la direction opposée. Les temps sont durs sur le marché du travail, et ce quel que soit l’âge, alors une nouvelle mode se dessine. Celle des freelances. À la recherche d’une embellie. 

Tereza a travaillé dans des entreprises de relations publiques pendant près de 20 ans avant de démissionner et de devenir indépendante voilà trois ans. Des regrets, elle n’en a aucun. Aujourd’hui, cette tendance, celle de personnes abandonnant leur travail pour devenir auto-entrepreneur, se confirme. Les conditions de travail défavorables rendent la décision nettement plus facile à prendre. « Ce n’est plus un choix, mais une conséquence inévitable de la crise », nous explique Tereza. « Le manque d’emploi à temps plein (et même à temps partiel) pousse les gens à se lancer en tant que freelances, car il n’y a pas suffisamment de créations d’emploi au niveau mondial pour répondre aux demandeurs toujours plus nombreux sur le marché du travail. »

Et c’est on ne peut plus vrai. Dans des pays comme la Grèce et l’Espagne, où le chômage a atteint des sommets, les gens ont été contraints de reconsidérer leurs besoins, leurs priorités et leurs habitudes. Le chômage a ainsi incité de nombreuses personnes à devenir indépendantes puisqu’il leur était impossible de trouver un emploi au sein d’une entreprise. Le revers de la médaille : ces personnes ne seront probablement pas assurées et elles ne gagneront de l’argent que si elles trouvent un client qui les paie. Aujourd’hui, il n’est plus question d’épargner mais de disposer de suffisamment d’argent pour vivre.

« Lorsque l’on est freelance, nous ne sommes jamais sûrs de quand nous aurons une nouvelle demande. Par ailleurs, le freelance ne bénéficie ni d’une assurance maladie ni des autres avantages sociaux », déclare Tereza. En revanche, ce statut a ses avantages : des horaires de travail flexibles, la possibilité de choisir avec qui travailler et sur quel type de projet. Et puis, il n’est pas nécessaire d’être physiquement présent dans un bureau.

Faire le grand saut

Nick a connu un parcours similaire. Il a travaillé pendant dix ans dans une entreprise énergétique privée avant que celle-ci ne soit vendue. Croulant sous la bureaucratie et n’ayant que des perspectives de carrière limitées, Nick a décidé de se lancer comme freelance et faire bon usage du réseau qu’il s’était créé par le passé. Désormais, il travaille en fonction des projets qui lui sont proposés mais il est plus heureux ainsi. Il peut choisir ses horaires de travail et, surtout, il peut choisir ses clients. « C’est plus gratifiant de travailler pour soi, mais c’est aussi plus difficile », témoigne Nick.

Les choses ne sont pas aussi faciles pour les jeunes diplômés qui commencent leur carrière comme indépendants. C’est par exemple le cas de Tina : une jeune conceptrice qui débarque sur le marché du travail avec pour seule expérience quelques stages. Tina fait tout pour trouver des projets indépendants pour lesquels travailler, mais, en l’absence de contact pour faire son nid, elle lutte toujours pour qu'on lui donne sa chance.

Besoin de s’épanouir

Les gens ressentent aussi le besoin de changer de carrière pour trouver un emploi dans lequel ils s’épanouissent, tout en gagnant assez d'argent pour vivre correctement.

Après avoir travaillé pendant plus de sept ans dans la communication, Dominic a décidé de tout reprendre à zéro. Il a repris des études en architecture, « ce qu’il a toujours voulu faire, ce qui lui plairait et ce qu’il ferait bien ». Mais, la crainte de ne pas trouver un emploi plus tard l’a découragé. « Qu’est-ce que cela change au final ? », se demande-t-il maintenant que le chômage touche tous les secteurs du marché du travail.

Mais qu’est-ce qui pousse quelqu’un à bouleverser son quotidien ? « J’étais fatigué des heures de travail, de la charge de travail, des délais impossibles, du manque de temps libre, du contexte politique, de l’absence de changement concret. Vis-à-vis de ma santé, je ne pouvais plus supporter ce rythme », explique Dominic. « J’ai donc décidé qu’il fallait que ça change. Il fallait ralentir la cadence, faire quelque chose de plus créatif, faire quelque chose qui n’engendre plus de pression de la part d’une grande entreprise. Je voulais aussi gagner en flexibilité et en temps libre pour moi et mon entourage. J’ai envisagé de travailler à mon compte et non plus pour une société. De toute façon, personne ne semblait embaucher. »

Carrière nomade pour toujours ? 

Nous sommes devenus des amateurs de carrière nomade. Nous suivons le mouvement en espérant trouver un travail qui nous assure un certain salaire, quel qu’il soit. 

« Peut-être qu’à l’avenir, je ferai quelque chose de radicalement différent. Je ne sais pas. Mais je sais que lorsque je ne serai plus heureux dans ce que je fais et que j’aurai la possibilité de changer, alors je tenterai le coup », annonce Dominic excité par une telle possibilité.

Les gens sont inquiets essentiellement pour les raisons suivantes : ils doivent payer les taxes qui leur sont imposées et manger à leur faim. Bref, il leur faut joindre les deux bouts. Finalement, les questions de retraite sont loin d’être une préoccupation majeure, du moins pour les jeunes. Le sentiment qui domine aujourd’hui, c’est l’incertitude, l’impression d’insécurité. Toutefois, il reste une once d’optimisme et de persévérance pour continuer de se battre afin de trouver quelque chose de mieux. « Ce que je veux, c’est mener une vie qui me comble, me rend heureux et serein », nous dit Dominic. Mais peut-être que changer de profession n’est plus suffisant. Les mentalités aussi doivent changer. Que ce soit en tant qu’individus, nationaux, ou Européens. À ce moment seulement, nous serons en mesure de changer notre société en une société meilleure, avec à la clé un avenir auquel nous aspirons.

Translated from Career Nomads and Freelancers: Striving to Create a Future