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[fre] Alors que le LARI s’offre un relooking, retour sur son histoire

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Camille Roch

La Banque nationale de Géorgie a récemment désigné le gagnant du concours de conception d’un nouveau symbole monétaire national, réalisé par l’artiste Malkhaz Shvelidze. Visuellement, le symbole évoque la lettre géorgienne « L » et ressemble à un signe euro inversé. Le président de la Banque nationale de Géorgie, Giorgi Kadagidze, a expliqué que ce nouveau symbole aiderait à populariser le lari - la monnaie géorgienne - à l’étranger ainsi qu’à le rendre plus facilement identifiable.

Le lari fut introduit en Géorgie en 1995 suite à la tumultueuse expérience de son prédécesseur, le coupon. Le pays adopta le coupon au lendemain de la chute de l’URSS en avril 1993, avant d’être touché par un taux d’inflation parmi les plus élevés de l’ancien bloc soviétique. Au cours d’un épisode d’hyperinflation en 1994, le taux du pays atteignit le sommet ahurissant de 15’607%. La mise en place d’un programme de stabilisation par la Banque nationale de Géorgie résolut néanmoins relativement rapidement le problème. En 1995, l’inflation chuta dans un premier temps à 163%, avant de se replier vers un taux à un seul chiffre en 1997.

Ces événements demeurent très présents dans la plupart des esprits géorgiens et le degré de confiance dans la devise nationale reste faible. À son introduction, le lari fut officieusement lié au dollar américain dans le but de renforcer sa crédibilité et d’encourager son utilisation. Une politique souvent pratiquée par les banques centrales lors de l’adoption d’une nouvelle monnaie. Toutefois, les devises rattachées au dollar s’avèrent difficiles à maintenir sur le long terme.

Vers la fin 98, les pressions s’accumulaient sur le lari et la Banque nationale de Géorgie vit ses réserves considérablement épuisées. Sa tentative d’ancrage monétaire se révéla insoutenable. Le 7 décembre 1998, la monnaie fut finalement autorisée à flotter, ce qui entraîna une dévaluation immédiate du lari de 20%, ainsi qu’une hausse du taux d’inflation à 12%.

Suite à cette crise, la dollarisation de l’économie augmenta drastiquement. A la fin de l’année 98, elle approcha 83%, pour atteindre 86% en 1999. La demande pour le lari était extrêmement faible tandis que la majeure partie des acteurs économiques préférait commercer en devises étrangères. 

Dans le but de contrer ces développements, la Banque nationale de Géorgie mena différentes politiques, y compris une intervention sur le marché des changes. Ces efforts se soldèrent fin 2001 par une appréciation progressive de la devise. Depuis lors, selon le document Modeling Inflation in Georgia publié par le FMI, le lari est resté relativement stable, le taux d’inflation bas et le degré de confiance de la population dans la devise nationale continue de remonter.

Malgré les progrès réalisés dans l’effort visant à faire reculer la dollarisation de l’économie géorgienne, plus de la moitié de la population préfère toujours détenir son épargne (environ 55% en 2013) et avoir ses prêts (environ 60% en 2013) libellés en devises étrangères. Il est également courant de payer en dollars des cours privés, son loyer ou même pour un achat d’automobile si le paiement ne doit pas être effectué via une entreprise autorisée. Une des priorités de la Banque nationale de Géorgie est d’accroître la confiance dans le lari et de faciliter le processus de « larisation » de l’économie.

En maintenant une inflation basse, des taux prévisibles et des prix stables, la Banque nationale cherche à renforcer la confiance sur le long terme. Une des méthodes employées pour atteindre ce but consiste à communiquer de façon transparente ses objectifs de politique. La soi-disante politique de « ciblage de l’inflation » fut utilisée pour la première fois en Nouvelle-Zélande dans les années 70, puis par différents pays, afin de répondre aux attentes des industriels et des consommateurs quant à l’orientation de la politique monétaire. La Géorgie est passée à un ciblage de l’inflation il y a quelques années seulement, en 2009.

Selon son site internet, la Banque nationale de Géorgie vise sur le long terme à atteindre une inflation de 3% et à parvenir à une plus grande convergence avec les pays développés. Sur le court terme, l’objectif d’inflation se veut de 6% en 2014, et de 5% en 2015. Le lari célèbrera d'ailleurs son 20ème anniversaire en 2015, ce qui indique que la Banque nationale a réussi à implanter une politique monétaire résiliente en dépit des difficultés rencontrées par le lari lors de son introduction.

Translated from As the lari gets a makeover, a look back on its history