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Festival de Cannes : trois petits films et puis s'en va

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Helene Bienvenu

Culture

Le marathon cinématographique européen le plus glamour a roulé le tapis le 23 mai 2010 jusqu’à l’année prochaine, la palme d’or revenant pour la première fois à la Thaïlande. Hormis Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, voici trois découvertes du cinéma européen à Cannes.  De quoi vous faire squatter les salles obscures, même en été.

Le réalisateur Thaï Apichatpong Weerasethakul ne s’est pas contenté de compliquer la vie des journalistes au moment où ils ont dû prononcer son nom, il a de surcroît été le seul réalisateur d’une compétition marquée du sceau de la banalité à proposer une nouvelle approche artistique du cinéma. Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, raconte l’histoire d’un homme au seuil de la mort, s’appuyant sur des scènes tirées du fantastique, souvent drôles. Le président du jury Tim Burton, créateur de films comme Alice aux pays des merveilles (2010), Big Fish (2003), ou Sleepy Hollow (1999) a sans aucun doute apprécié les singes fantômes de l’univers de Weerasethakul, sorte de race hybride issue d’un croisement entre Les Chewbaca wookie de la guerre des étoiles et les Morlocks de la machine à remonter le temps de H.G. Wells.

L’association que Weerasetakul fait de la nature et du surnaturel, de la vie et de la mort, de l’ordinaire et du métaphysique produit un résultat émouvant. Croisons les doigts pour que l’opus soit diffusé dans au moins quelques cinémas d’art et d’essai. Cela dit, après la séance, les avis étaient pour le moins partagés. James un étudiant en cinéma de Boston a quitté la salle, pour la première fois dans sa vie, après avoir regardé quarante minute de d’oncle Boonme. « C’est vraiment le pire film que j’ai jamais vu » dit-il. « Trop des longueurs et aucune trame, comme si les spectateurs n’avaient pas besoin de chercher à suivre l’histoire. Je n’arrive pas à croire qu’on ait pu le faire gagner ».

Blue Valentine de Derek Cianfrance : comme une odeur de fleurs brisées.

Pour ceux qui apprécient les drames au cours narratif plus conventionnel, je propose le sublime Blue Valentine du réalisateur américain prometteur : Derek Cianfrance. Tout ceux qui ont vécu une rupture sentimentale connaissent le scénario : on commence par se bouder puis on se dispute sans cesse pour finir en bagarre. Comment un couple aussi idyllique peut–il tomber dans la déliquescence la plus complète ? C’est justement à ce moment là que Cianfrance introduit sa camera et montre Cindy (Michelle Williams, ex-petite amie de Heath Ledger) et Dean (Ryan Gosling) qui tentent de sauver leur mariage de la faillite pour les beaux yeux de leur petite fille de six ans. Une nuit dans un hôtel futuriste aurait dû faire l’affaire… Mais à l’image de cette lumière bleue qui éclaire froidement leur chambre trop étroite, leur relation est envahie par l’angoisse et la désillusion. Ces scènes, ces plans rapprochés, pour la plupart presque irritants, sont tellement intenses qu’on sent presque la répulsion suinter entre les deux personnages. Les flash-backs de leur passé heureux, enregistrés sur une cassette, sont intercalés avec la narration. Avec Cianfrance le spectateur traverse une montagne de larmes, de joie et d’incroyables dialogues. Williams et Gosling forment un couple tellement parfait que même la croisette s’est demandée s’ils ne seraient pas effectivement ensemble…

 Rubber de Quentin Dupieux: le Tarantino français.

Si vous êtes plutôt du genre à préférer les planchers grinçants et les films qui éclaboussent, il vous faudra regarder en direction de Rubber. C’est de loin le scénario le plus loufoque que Cannes ait connu depuis longtemps : un pneu, engagé dans une mission de meurtre à grande échelle extermine tout le monde à la ronde en plein désert californien. Cet étrange film d’horreur, qui n’est pas sans rappeler les débuts de Tarantino, nous vient du réalisateur français Quentin Dupieux, également musicien composant sous le pseudonyme de Mr Oizo et auteur de la publicité pour Levis’ (flat eric). Bien sûr Dupieux a signé la musique de son film. Quant au pneu, il a eu droit à son propre fauteuil lors de l’avant première cannoise et on l’a même surpris en train de faire bronzette sur la plage.

Pieds nus sur les limaces : aux confins du soleil estival et du libertinage.

Enfin, « last but not least », le film de Fabienne Berthaud, Pieds nus sur les limaces, ne fait pas mentir l’adage. L’actrice allemande Diane Kruger et la française Ludivine Sagnier y jouent les sœurs que tout oppose et que de malheureuses circonstances obligent à la vie commune dans une maison de campagne provençale.

Ce film à la fois hilarant et déchirant qui évoque une femme en proie à des troubles de la personnalité a été ovationné pendant près de dix minutes suite à sa projection en avant-première, clôturant ainsi le festival. Le film a reçu le prix du meilleur film de la Quinzaine des réalisateurs. Sa sortie dans les salles françaises est prévue en novembre, en espérant que d’autres pays suivront.

Photo: ©Blue Valentine/ imdb.com; Vidéos: 'Uncle Boonmee Who Can Recall His Past Lives' ©houdinistudio;  'Blue Valentine' ' ©stereolullaby;  'Pieds nus sur les limaces' ©wunderschonDiane/ toutes courtesy de Youtube

Translated from Cannes film festival: three flicks and arty Palme to look out for